lundi 3 avril 2017

Communisme : virus mutant



  • Le cahier oublié.

Hier matin, ma stupéfaction : sur France-Inter, je reconnais une voix « rouleuse de galets » que les moins de soixante –dix ans ne peuvent reconnaître : celle de Jacques Duclos, que je ne qualifierai pas de « compatriote » nonobstant le fait que non seulement il était bigourdan comme moi mais qu’il était né à Louey, petit village entre Tarbes et Lourdes, dans une maison jouxtant celle de mes arrière-grands-parents Antony.

Mon père me disait qu’avant de devenir apprenti patissier, le futur dirigeant « stalinolâtre » du parti communiste français aurait gardé avec mon grand-père Romain les oies et les cochons de notre petite ferme.

Hier, l’émission portait sur l’analogie de situation entre celle du parti socialiste aujourd’hui et celle de sa débâcle lors de l’élection présidentielle de 1969. Lui, Duclos, avec près de cinq millions de voix et plus de 21 % des suffrages, il avait obtenu un score remarquable pour le parti communiste dit français qu’avait pourtant décisivement affaibli la révolution de mai 1968. Néanmoins il n’était pas en lice pour le second tour où allaient s’affronter le gaulliste Georges Pompidou et le centriste Alain Poher. Beaucoup de socialistes rejoignaient ce dernier dans une dynamique « ni de droite ni de gauche » rappelant celle d’Emmanuel Macron aujourd’hui.

Duclos, lui, avait qualifié les deux adversaires de « bonnet blanc et blanc bonnet ». 

En fait, Moscou, et donc ipso facto le parti communiste, préféraient alors le gaulliste Pompidou à l’atlantiste Poher. Mais ce n’est pas sur ce point que je m’attarderai mais sur la réplique que nécessite, même si elle n’est hélas pas au niveau d’audience de France-Inter, l’extraordinaire louange historique adressée hier à Duclos.

Au moins il aura été écrit quelque part l’infamie que constituait hier un tel éloge à celui qui fut le plus haut placé des crapules collabo-staliniennes en France. Car Duclos fut longtemps en apparence le numéro 2 du parti derrière le n° 1 Thorez, en 1940  traître et déserteur. En fait, Duclos était le responsable de la « commission des cadres », c’est-à-dire « l’œil de Moscou » au sein du bureau politique du parti. Il en était donc le véritable patron, directement rattaché au Politburo de Staline.

En 1940, agent inconditionnel de la stratégie du dictateur, il fut le plus actif défenseur du pacte hitléro-stalinien. Il fut amené à négocier avec les autorités d’occupation la reparution légale de l’Humanité clandestine qui appelait alors « les travailleurs français à collaborer avec leurs camarades allemands »…

Dans la même veine de trahison, Duclos s’illustra aussi  pendant la guerre d’Indochine au plus haut niveau dans le soutien au chef du Viet-Minh, Ho-Chi-Minh et dans l’orchestration de tous les sabotages de nos armements, et agressions contre nos soldats.

Lorsqu’on prend connaissance de sa notice biographique sur wikipedia, on mesure combien cette soi-disant encyclopédie peut servir de vecteur aux désinformations d’extrême-gauche et du négationnisme des crimes contre l’humanité du communisme. Ainsi y est-il douceureusement fait allusion à ce que l’historiographie bolchévique sur Duclos désigne comme « le temps des pigeons ». 

Il y est redit la célèbre fable des pigeons voyageurs lancée par Duclos lui-même et dont voici le récit véridique ci-après.

Le 28 mai 1952 les troupes du parti et de la CGT manifestaient violemment contre la venue en France du général américain Ridgway aux cris de « Ridgway go home ! ». Le célèbre bataillon de Corée de l’armée française, où était notamment notre ami Fernand Teboul, au côté des forces du monde libre, se battait alors héroïquement là-bas contre les innombrables forces nord-coréennes, chinoises et soviétiques. 

Le premier devoir du chef communiste, selon Lénine, étant de ne pas s’exposer, Duclos avait trouvé judicieux de se tenir ostensiblement à l’écart des violences de ses troupes en faisant, pépère, quelques emplettes sur un marché. 

La police du grand ministre de l’intérieur à l’époque, le socialiste patriote et très anticommuniste Jules Moch, à laquelle la France doit beaucoup, n’en trouva pas moins cela fort suspect et fit embarquer le camarade Duclos, qui avait acheté des pigeons.

Or, si ce dernier orchestra la farce selon laquelle on lui avait saisi des pigeons suspectés d’être voyageurs pour correspondre avec Moscou, il se garda bien d’avouer une imprudence majeure. Car la police lui avait surtout pris un cahier d’écolier aux pages noircies de son écriture : les notes qu’il prenait pendant les réunions du bureau politique ! C’était le célèbre « cahier de Jacques Duclos » évoqué par tous les historiens non communistes du PCF.

À peine saisi, sa lecture fit la délectation de Jules Moch. Duclos en parfait tchékiste notait soigneusement les attitudes et réflexions des participants : de quoi alimenter de futures purges. On peut y lire aussi la grave difficulté qui constituait pour l’action révolutionnaire des salaires ouvriers trop élevés. Ainsi ces mots sur les industries maritimes : « heures supplémentaires, corruption de la classe ouvrière ».

J’ai relu cela ce matin, Jean Madiran m’ayant jadis donné une copie du cahier original.

On est là devant une parfaite continuité de stratégie léniniste contre tout ce qui pourrait affaiblir l’esprit révolutionnaire. 

Sauf l’accent local différent, on retrouve aujourd’hui dans Mélenchon un successeur de Jacques Duclos, et dans une totale adhésion à la culture de mort de notre époque.

Non, n’en déplaise à certains, le communisme n’est hélas pas mort. Le virus en est mutant. 

Avec Marx, les marxistes d’hier pensaient qu’il était le résultat inéluctable du développement dialectique de l’histoire.

Mais avec la chute du Mur et l’effondrement politique de l’URSS l’opinion commune fut qu’au contraire il était condamné, qu’il était mort. En fait les deux opinions étaient fausses.


  •      Igor Chafarevitch et « le phénomène socialiste ».

Il y a quelques semaines est mort ce très grand mathématicien et penseur russe, grand ami de Soljenitsyne, auteur du livre magistral  « le phénomène socialiste». À l’opposé de Marx, Chafarevitch y montre comment, depuis la plus haute antiquité, les grandes constructions politiques de l’ancienne Chine ou de l’Orient ancien, et aussi celles des sociétés amérindiennes, avaient pu se muer en empires totalitaires donnant à leurs sociétés des fonctionnements de fourmilières communistes. 

Ainsi, Mao-Tsé-Toung exaltait-il le modèle de gouvernement de l’empereur Tsin-Che-Houang-Ti, qui régnait par la terreur avec d’hallucinants raffinements de cruauté sur un peuple totalement collectivisé. 

Or, d’âge en âge, l’utopie communiste se reforme. Il n’est que d’entendre Tout Ank Hamon et ses délires polpotiens de revenu universel pour le vérifier.

Et c’est aussi, avec plus de talents de bateleur, le fond des discours de Mélenchon, le sans-culotte bolchévique voulant aller encore plus loin que ses concurrents jacobins de droite ou de gauche dans la domination de la culture de mort.

Est-il besoin de préciser ceci : comme nous l’avons déjà développé, Emmanuel Macron dans ses délires nihilistes et dans sa soumission à l’idéologie antiraciste nous paraît à court terme, électoralement, le plus dangereux pour une possible accession à l’Élysée. 

Mais évidemment Mélenchon, s’il continuait, comme il le semble, à progresser en popularité dans l’opinion de nos malheureux concitoyens, ne constituerait pas un moindre pire. Car, après un siècle de crimes communistes contre l’humanité, un siècle d’exterminations lénino-staliniennes, maoïstes et autres, est-il possible qu’un mouvement mélenchonien néo-communiste puisse encore réunir chez nous des foules et atteindre peut-être bien plus de 10 % des suffrages ?

Ne serait-il pas temps de consacrer dans la culture et les medias autant de temps et d’argent pour faire mémoire des abominations du communisme, d’autant qu’il n’est pas mort, que pour celles du nazisme qui fort heureusement n’est plus ?