La campagne pour les élections
présidentielles sera sans doute encore très fertile en rebondissements.
Mais voilà qu’avec la
présentation demain à Lyon du programme du Front National on rentrera enfin
dans le débat sur les idées et propositions. Et naturellement, nous les
étudierons et les commenterons.
Pour ce que nous en savons d’ores
et déjà, pour ce qui est de la question majeure de l’arrêt de l’immigration, le
texte, sur ce point, nous satisfait. Pas du tout en revanche, sur la question de
l’organisation administrative du territoire sur laquelle s’exprime largement,
avec sa très grande compétence pour le prochain numéro de Reconquête, le
journaliste Mathieu Lenoir.
Contre l’imbécile grossissement
actuel des régions, le FN, dans la continuité sur ce plan-là de Marine avec son
père, retourne à la sclérose départementaliste archéo-jacobine. Nous, nous avons toujours préconisé une
réforme fondée sur la création, dans le respect des réalités géo-historiques et
économiques de notre pays, d’un peu moins d’une quarantaine de « généralités ».
Nous commenterons aussi, bien
sûr, après lecture attentive, ce qui a trait à ce que l’on appelle les lois
sociétales. Sans doute, beaucoup de nos amis se détermineront sur cela pour
opter entre l’abstention et un vote pour Marine.
Comme je l’ai déjà écrit
précédemment, alors que l’affaire Fillon n’était pas encore déclenchée, celle-ci
peut en effet être élue et désormais la « pénélopade » joue en sa
faveur.
N’étant pas de ceux qui tirent
sur les ambulances, je n’ai pas trop envie désormais de dénigrer Fillon et
encore moins sa Pénélope. La malheureuse file depuis des jours du bien mauvais
coton alors qu’il me paraît évident qu’elle n’a fait que se soumettre à une mauvaise manière de son mari pour
améliorer leurs revenus, plaidant sans doute qu’il n’était pas payé à la hauteur
de son travail et de son talent.
Mais ce dernier, pour l’heure, est
encore candidat et n’ayant pas attendu l’éclatement de la saga pénélopienne pour
exprimer mon affliction quant à sa contradiction sur l’IVG, sur laquelle je
reviendrai un instant, je crois devoir encore manifester mon irritation sur sa
référence au général de Gaulle car elle est désormais un lieu commun incantatoirement
repris de la gauche chevènementiste au Front National marino-philippotard.
M. Fillon, rappelons-le, a d’abord
manifesté d’une manière très sotte son opposition à l’IVG, à titre personnel,
mais combien il ne remettrait jamais en cause le droit et la pratique.
Au lieu de dire pour le moins qu’il
était partisan de favoriser les mesures alternatives à un acte de mise à mort et
pour favoriser l’accueil de la vie. Et sur ce point, il n’est pas nécessaire d’être
chrétien pour dire non à la loi Veil mais simplement partisan du respect de la
vie innocente, ce qui est le fondement de toute écologie authentique.
Il a été bien maladroit aussi
dans sa manière d’invoquer son christianisme sur la question de la sécurité
sociale. Il eût été en effet plus intelligent de rappeler que l’institution de
la Sécurité Sociale avait pour origine
la pensée et l’œuvre des catholiques sociaux sur les XIX° ET XX° siècles et non
des socialistes qui ne formulaient alors que des utopies ou des désirs
révolutionnaires de grand soir, façon Lénine.
Mais aujourd’hui, ce n’est pas
parce qu’on est chrétien que l’on doit affirmer vouloir ou ne pas vouloir
toucher à notre système de sécurité sociale largement sclérosé et plus encore,
détourné de sa finalité.
Mais, ras-le-bol aussi de tous
les nains politiciens qui ne cessent de caqueter « de Gaulle, de Gaulle »,
érigé en grand modèle de vertu républicaine. Ce pauvre Fillon jeta en effet
avec l’expression d’un perfide dédain à ses concurrents Sarkozy et Juppé que l’on
n’aurait pas imaginé un de Gaulle mis en examen.
Ces derniers rigolent aujourd’hui.
Mais il est vrai que de Gaulle n’était
pas du genre à se faire pincer pour des prélèvements contestables de fonds
publics. Non, c’est sur bien autre chose et sur bien plus grave que ce général,
auréolé de son rôle en 1940- 1945, aurait dû s’expliquer ;
Car oui ou non importa-t-il à l’armée
française victorieuse et puissante de ne pas intervenir alors qu’à Oran en
juillet 1962 étaient perpétrés les crimes contre l’humanité les plus atroces à
l’égard de nos compatriotes de toutes origines ?
Et oui ou non, alors que les
massacres des harkis dans d’infernales cruautés prenaient une dimension génocidaire,
persista-t-il toujours non seulement dans des directives gouvernementales de
non-assistance à populations menacées des pires crimes contre l’humanité mais dans
l’interdiction faite à nos officiers, et heureusement pas toujours suivie, d’en
exfiltrer vers la France ?
Alors la conformiste invocation
sans cesse réitérée de de Gaulle, modèle de chef d’État et de vertu
républicaine, a-t-elle quelque chose d’insupportable, que ce soit chez Fillon,
Sarkozy, Juppé, Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Philippot et les autres.
Et sur ce point aussi, je n’approuve
pas tout des évocations diversement admiratives d’un Villiers, d’un Zemmour, d’un
Buisson. Ce dernier, certes, après maintes et maintes pages d’exaltation de la
politique nationaliste gaullienne, a eu pour mérite de consacrer un chapitre à
son abomination dans la manière d’abandonner l’Algérie et les populations liées
à notre patrie.
Mais je ne partage pas non plus ce
constant retour passéiste à de Gaulle alors que, quand on considère les actes
par ailleurs de son gouvernement, il y eut encore bien des aspects négatifs.
Citons rapidement ici la détestable
politique culturelle, avec ses dites « maisons de la culture », du grandiloquent
mythomane André Malraux, et encore le désastre d’un Edgar Faure à l’Éducation
Nationale. Et il me faudra aussi rappeler à l’occasion que la politique
européenne du général ne fut pas, tant s’en faut, celle qu’idéalisent nos
ramasseurs de mythes.
Certes, je n’aime pas les paroles
de l’Internationale, et particulièrement pas : « du passé faisons
table rase ». Mais il ne faut pas confondre ce qui doit demeurer du passé,
qu’il faut aimer et la beauté de l’héritage à cultiver, avec le passéisme
idéologique, qu’il soit communiste, socialiste, jacobin, fasciste, gaulliste,
ou mixture de tout cela.
Comme le répétait le grand
Richelieu, « la politique est l’art
de rendre possible ce qui est nécessaire ». C’est à ce que nous
croirons percevoir de sa conception du nécessaire – selon ses « dits »
et ses « non-dits » - que nous dirons notre choix pour l’échéance du
mois d’avril.