vendredi 17 février 2017

Islamophobie, christianophobie et autres phobies selon le Figaro Magazine


J’avais malencontreusement égaré sous une pile de documents un excellent texte de mon très cher ami marseillais Paul Gard, qui fut un grand magistrat et un grand majoral du Félibrige.

Aujourd’hui admirablement centenaire et toujours aussi pétillant dans l’art de la réplique il continue à envoyer à ses amis des réflexions très pertinentes et souvent délicieusement impertinentes aussi.

Il avait tenu à renforcer mon argumentation de réticence par rapport à l’utilisation du concept de « phobie », fût-ce pour le retourner dialectiquement. Je comprends certes cela d’autant que j’ai, avec l’AGRIF, retourné, mais à l’endroit tout de même, la dialectique du racisme et de l’antiracisme.

Je suis néanmoins évidemment en parfaite complicité avec ceux de mes amis qui, après l’apparition des campagnes contre « l’homophobie » et « l’islamophobie », ont placé courageusement leur combat sous la bannière de l’anti « christianophobie ». 

Contrairement d’ailleurs à ce qu’ils évoquent souvent, le créateur  de ce terme n’est pas l’excellent écrivain et journaliste du Figaro Magazine, Michel de Jaeghere. Pour ma part, je vis en effet apparaître ce terme dans un grand article sur une page entière de l’hebdomadaire royaliste « Aspects de la France » daté du 15 juin 1978, de François Léger, très brillant écrivain : « Les idées de M. de Benoist ».

Le seul sous-titre dans ce texte était le suivant : « Christianophobie galopante ». (1)

Je compris bien l’utilisation de ce concept mais sans m’y rallier. Par exemple, dans mon travail « Le génocide français » paru dans Itinéraires en novembre 1980, je préférais écrire plus simplement sur la haine anti-chrétienne et quelques années plus tard, créant l’AGRIF, je mis plutôt en avant la notion de racisme anti-chrétien.

On le sait aussi, c’est avec consternation que je vis tomber l’excellente Manif pour tous dans le panneau de l’utilisation du langage et des symboles de l’ennemi. L’égérie de cette Manif, remarquable agitatrice mais tête de linotte, au pseudonyme de Frigide Barjot, réussissait non seulement à faire défiler de charmantes jeunes filles avec leurs têtes légères sous bonnet phrygiens mais évidemment dans une macronienne (2) ignorance de ce que symbolisait d’horreur ce bonnet jacobin que portaient notamment, sous la Révolution, les sanguinaires brandisseurs de têtes coupées de la « section des piques ». Mais quoique aristocrate, même la sympathique Ludovine de la Rochère, succédant à Frigide, ne savait pas cela et semble l’avoir à nouveau oublié. 

Frigide, elle, non contente de faire bêler à son innombrable gentil troupeau « non à l’homophobie », y alla ensuite, bien plus indignement encore, de son couplet « non à l’islamophobie » devant le congrès de l’UOIF, c’est-à-dire des Frères musulmans ! 

Je suis très heureux aujourd’hui qu’avec une grande clarté de raisonnement et de style, Ingrid Riocreu, professeur d’université, ait magistralement analysé cela dans son livre « La langue des médias ». Elle y développe qu’en adoptant d’emblée le référentiel idéologique de l’ennemi et en le rejoignant sur la condamnation de la dite « homophobie », le combat de la Manif pour tous était quasiment perdu d’avance.

Je n’ai cessé de dire et d’écrire cela aussi sur le concept « d’islamophobie ». Rappelant, comme mon ami Paul Gard, que « phobie » est un mot du vocabulaire médical dans l’ordre de la psychiatrie et qu’il faut l’y laisser.

Car son premier détournement fut le fait de la police de la pensée soviétique dans l’époque post-stalinienne qui peuplait des hôpitaux dits psychiatriques d’opposants désignés comme malades pour des idées et comportements taxés de « soviétophobie ».

  Je me réjouis, même si cela vient longtemps après nous, mais avec la force d’influence du Figaro Magazine, que cet hebdomadaire ait consacré sous la signature de Vincent Trémolet de Villers un grand dossier à l’essai d’un écrivain, Pascal Bruckner, titré « Un racisme imaginaire ».
Ce dernier y dénonce l’accusation d’islamophobie que nous avons été quelques-uns à qualifier depuis longtemps comme étant à finalité sidérante et terrorisante, dans une parfaite continuité soviétoïde !

Sur le fond, Bruckner n’ajoute donc pas grand-chose à nos écrits mais il est très heureux que les siens soient si bien répercutés figaresquement. En revanche, je ne puis pas taire mon indignation sur ceci : on évoque dans ce dossier le cas d’Anne Lauvergeon, alors patronne d’Areva, qui en 2010 se targua sur France 2 de proscrire « à compétence égale » le recrutement de « mâles blancs » et qui fut relaxée du délit de provocation à la discrimination raciale. Or c’est l’AGRIF qui poursuivit cette dernière, avec pour avocat Me François Wagner.  Pourquoi occulter cela ? En quoi citer l’AGRIF, seule organisation combattant depuis 1990 dans le cadre légal le détournement raciste de l’antiracisme, serait-il inconvenant pour le Fig Mag ? 

L’AGRIF, avec toutes ses batailles, pas toujours perdues, tant s’en faut ! 

L’AGRIF, étudiée dans des volumes entiers de la Gazette du Palais.

L’AGRIF, seule association bataillant en justice contre le racisme islamo-gauchiste de madame Houria Bouteldja ou les appels à la haine anti-chrétienne de Caroline Fourest. 

On aimerait bien que M. Vincent Trémolet de Villers, dont nous avons il y a peu encore cité ici le remarquable entretien avec Fabrice Lucchini, nous dise le pourquoi de cette occultation. Et de même pour deux ou trois autres grandes plumes de cet hebdo qui, pourtant, je l’espère, ne sauraient avoir l’indécence de ne pas nous trouver assez religieusement ou politiquement corrects selon leurs critères. 

(1) François Léger disait tout ce qu’il appréciait dans le livre « Vu de droite » d’Alain de Benoist, mais jugeait regrettable son anti-christianisme. Nous pensons pouvoir dire aujourd’hui qu’Alain de Benoist a tout de même un peu nuancé ses positions.

(2) Niant qu’il existe depuis des siècles une « culture française », magnifique  ensemble nourricier de la culture universelle, M. Macron mérite que soit également qualifiée par l’adjectif de « macronienne » une abyssale ignorance !