lundi 20 février 2017

Benoît Hamon : « À moi les enfants de la Veuve ! ».




Ce dernier samedi, le camarade Mélenchon, après un entretien téléphonique avec Benoît Hamon venait de déclarer qu’il n’était pas d’humeur à s’accrocher au corbillard du parti socialiste.

Le camarade-frère Hamon réagit alors à cette sarcastique offense en proclament qu’il était l’architecte et le maçon de la reconstruction de la gauche.

Il n’est pas besoin d’être un grand expert en maçonnologie ni en décodage du langage des « frères » pour comprendre ce que cela signifiait. « Architecte », « maçon », avec ces deux mots à la suite, il faudrait vraiment ne rien savoir du langage de la connivence maçonnique pour ne pas saisir ! 

Il s’agissait évidemment pour Hamon de signifier sa ferveur dans l’idéal maçonnique et d’en appeler à la mobilisation autour de lui des « frères » politiquement de gauche.

À peine aurait-il pu être un peu plus maçonniquement explicite en lançant le cri d’appel à l’aide des frères aux abois : « À moi les enfants de la Veuve ! ». (1) Et en accompagnant bien sûr ces mots du célèbre « signe de détresse » explicite qui va avec, consistant à placer les mains jointes au-dessus de la tête et se rejoignant selon une figure un peu compliquée à décrire.

L’histoire maçonnique offre des anecdotes de l’efficacité salvatrice en quelques circonstances de pareils cris et gestes dans des contextes de guerre ou d’affrontements parlementaires. J’ai jadis pensé à cela en visitant aux États-Unis le champ de bataille de Gettysburg en Pennsylvanie où les trois premiers jours de juillet 1863 s’affrontèrent les armées nordistes et sudistes. La bataille qui fit environ quatre mille morts de part et d’autre et beaucoup plus encore de blessés fut déterminante en ceci que les sudistes en sortirent très affaiblis pour pouvoir continuer longtemps la guerre.

Sur les lieux sont de nombreux monuments commémoratifs tant sudistes que nordistes, mais beaucoup étant aussi des monuments érigés par les nombreuses loges maçonniques qu’avaient fréquentées des combattants des deux camps. On comprend que le signe de détresse ait pu peut-être dans ce contexte être quelquefois salvateur.

Rappelons au passage qu’il n’y a que des ignorants ou des désinformés pour croire que la franc-maçonnerie américaine aurait été globalement pour la cause des Yankees et contre l’esclavage. D’ailleurs le franc-maçon le plus honoré des loges d’outre-Atlantique, dont la statue à Washington à été érigée en 1901, et figure éminente de la maçonnerie universelle, n’est-il pas Albert Pike ?

Nous avons consacré quelques pages à ce personnage dans notre ouvrage « Vérités sur la franc-maçonnerie ». Contentons-nous de rappeler ici que Pike, après avoir été général de brigade dans l’armée sudiste, fut ensuite un des sept fondateurs du Ku Klux Klan.

Mais il semblerait surtout qu’il ait été pour la maçonnerie un grand ésotériste auteur de rituels pour tous les grades et qu’il ait accordé dans ses rites initiatiques une grande place au « porteur de lumière », en latin « Lucifer ». 

Bien sûr, bien sûr, les frères interrogés sur ce point s’emploient à argumenter plus ou moins bien que ce Lucifer n’est pas le Satan des Écritures… 

Notre conviction, après étude, est qu’ils ne sont pas convaincants et les condamnations de l’Église catholique ne sont nullement sans fondements !

Pour revenir à Hamon l’architecte et maçon de la gauche, nul doute qu’il ait besoin du soutien du plus grand nombre possible de « frangins » (c’est ainsi que les « frères » s’appellent dans le jargon maçonnique). Et certes, les frangins sont nombreux au parti socialiste et n’ont pas manqué dans les gouvernements de Hollande (Valls, Peilhon, Taubira, Le Drian, Cazeneuve, etc, etc…). 

Mais en politique, comme dans les médias et les affaires, la maçonnerie peut dire « je suis partout ». Une de ses devises n’est-elle pas : « Ne pas nous voir mais nous sentir partout ». Aussi, même à gauche, tous ne sont pas aujourd’hui chez Hamon. 

Peut-être ne sont-ils toujours pas, selon l’ancienne hostilité réciproque (22° condition de Moscou), en grand nombre au parti communiste ?

Peut-être Mélenchon n’en est-il pas ? Il n’a pas selon nous un tempérament à supporter les fastidieuses réunions de loges ou d’ateliers où il faut longuement écouter « plancher » de débiles frangins. C’était d’ailleurs le cas de Jaurès ; ce dernier n’évoqua-t-ils pas à propos du philosophe allemand Lessing, qui lui était cher, que celui-ci « ne tarda pas à être rebuté par la puérilité et la stérilité des recherches de magies, des jeux de microcosmes et des spéculations sur l’embrasement universel auxquels se livraient les loges envahies d’illuminisme et d’occultisme » ?

Nous ne savons pas si c’était en pareils lieux que le banquier Macron aurait puisé à notre époque de quoi professer ses monstrueuses allégations historiques contre l’œuvre colonisatrice de la France. Toujours est-il que néanmoins nombre de frangins tels Gérard Collomb, le maire de Lyon, du Grand-Orient, l’ont rallié.

Certains de ces derniers ayant un peu de mémoire maçonnique doivent pourtant se demander s’ils vont plus longtemps demeurer en cette « franc-macronnerie ». Comment en effet ce narcissique illuminé au regard inquiétant a-t-il pu oublier que ce qui fut sans doute le plus regrettable dans l’entreprise colonisatrice de la France – qui n’était pas un crime contre l’humanité – fut le fait des gouvernements de la gauche radicale-socialiste ou socialiste avec leurs mesures inspirées par leur idéologie jacobine et leur appétit affairiste ? 

Contentons-nous d’évoquer ici pour mémoire cette fripouille de Jules Ferry surnommé « Ferry-Tonkin » ou encore le laïcard colon d’Algérie René Viviani, qui, ministre du travail, concocta le célèbre discours incantatoire affiché en 1906 dans toutes les écoles publiques, où ce misérable, se targuant d’avoir participé à la grande œuvre  « d’irreligion » de la troisième République, concluait par cette grandiloquente insanité : « Ensemble et d’un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus ! »

Et c’est ainsi que si la colonisation française, qui arracha les populations d’Algérie à l’abomination de la colonisation ottomane et barbaresque, ne fut pas un crime contre l’humanité, on peut dire que du fait des gouvernements maçonniques, elle fut républicainement « un crime contre la divinité ».

Mais le frère Hamon, « architecte et maçon », ne ralliera pas non plus à son tablier blanc les frangins qui, comme au meilleur temps de la chiraquie maçonnoïde sous la houlette des grands maîtres Pierre Simon et Michel Baroin, soutiennent François Fillon avec Gérard Larcher et François Baroin, le fils du précédent. Quitte s’il le faut à ce que ce soit ce Baroin-là qui succède à un Fillon qui deviendrait insoutenable. C’est que la maçonnerie ne met jamais tous les enfants de la Veuve dans le même panier électoral. 

Quoi qu’il en soit, la filière écolo socialiste maçonnique ne suffira pas à rallier toute la gauche à Hamon.

Reste aussi qu’il y a semble-t-il aussi de plus en plus de frangins attirés par la pitance du Front National. Au train où vont les décompositions du régime et hélas de la société, et celles de la gauche et celle des Républicains, on peut en effet penser que Marine Le Pen pourrait être à l’Élysée au mois de mai. Et après les frères Richard Sultzer (conseiller régional) et le député Gilbert Collard (GLNF), d’autres ont été chaleureusement accueillis par l’équipe directrice du parti. 

Mais aussi, nous dit-on, des cadres plus anciens ont volontiers « frappé à la porte du Temple » et été bien reçus par les deux premiers pour cheminer dans les sentiers de l’initiation. 

Et c’est ainsi que si Marine est peut-être selon certains d'entre nous la candidate du « moindre mal » pour la France, nous sommes sans naïves illusions sur ce que pourrait être son gouvernement. C’est ce que nous exprimerons sans doute la semaine prochaine lors de notre conférence de presse sous l’égide de l’Institut du Pays Libre (au centre Charlier).

(1) Les « enfants de la Veuve », c’est ainsi que s’appellent les frangins dans le symbolisme maçonnique où l’affaire du meurtre d’Hiram, censé ici être l’architecte du temple de Jérusalem, joue un grand rôle. Rien d’historique bien sûr dans ce falbala ! L’histoire ne rapporte rien de quelque veuve que ce soit de quelque Hiram que ce soit.