Ce dernier samedi, le camarade Mélenchon,
après un entretien téléphonique avec Benoît Hamon venait de déclarer qu’il n’était
pas d’humeur à s’accrocher au corbillard du parti socialiste.
Le camarade-frère Hamon réagit
alors à cette sarcastique offense en proclament qu’il était l’architecte et le
maçon de la reconstruction de la gauche.
Il n’est pas besoin d’être un
grand expert en maçonnologie ni en décodage du langage des « frères »
pour comprendre ce que cela signifiait. « Architecte », « maçon »,
avec ces deux mots à la suite, il faudrait vraiment ne rien savoir du langage
de la connivence maçonnique pour ne pas saisir !
Il s’agissait évidemment pour
Hamon de signifier sa ferveur dans l’idéal maçonnique et d’en appeler à la
mobilisation autour de lui des « frères » politiquement de gauche.
À peine aurait-il pu être un peu
plus maçonniquement explicite en lançant le cri d’appel à l’aide des frères aux
abois : « À moi les enfants de la Veuve ! ». (1) Et en
accompagnant bien sûr ces mots du célèbre « signe de détresse » explicite
qui va avec, consistant à placer les mains jointes au-dessus de la tête et se
rejoignant selon une figure un peu compliquée à décrire.
L’histoire maçonnique offre des
anecdotes de l’efficacité salvatrice en quelques circonstances de pareils cris
et gestes dans des contextes de guerre ou d’affrontements parlementaires. J’ai
jadis pensé à cela en visitant aux États-Unis le champ de bataille de
Gettysburg en Pennsylvanie où les trois premiers jours de juillet 1863 s’affrontèrent
les armées nordistes et sudistes. La bataille qui fit environ quatre mille
morts de part et d’autre et beaucoup plus encore de blessés fut déterminante en
ceci que les sudistes en sortirent très affaiblis pour pouvoir continuer longtemps
la guerre.
Sur les lieux sont de nombreux
monuments commémoratifs tant sudistes que nordistes, mais beaucoup étant aussi
des monuments érigés par les nombreuses loges maçonniques qu’avaient fréquentées
des combattants des deux camps. On comprend que le signe de détresse ait pu
peut-être dans ce contexte être quelquefois salvateur.
Rappelons au passage qu’il n’y a
que des ignorants ou des désinformés pour croire que la franc-maçonnerie
américaine aurait été globalement pour la cause des Yankees et contre l’esclavage.
D’ailleurs le franc-maçon le plus honoré des loges d’outre-Atlantique, dont la
statue à Washington à été érigée en 1901, et figure éminente de la maçonnerie
universelle, n’est-il pas Albert Pike ?
Nous avons consacré quelques
pages à ce personnage dans notre ouvrage « Vérités sur la franc-maçonnerie ».
Contentons-nous de rappeler ici que Pike, après avoir été général de brigade
dans l’armée sudiste, fut ensuite un des sept fondateurs du Ku Klux Klan.
Mais il semblerait surtout qu’il
ait été pour la maçonnerie un grand ésotériste auteur de rituels pour tous les
grades et qu’il ait accordé dans ses rites initiatiques une grande place au « porteur
de lumière », en latin « Lucifer ».
Bien sûr, bien sûr, les frères
interrogés sur ce point s’emploient à argumenter plus ou moins bien que ce Lucifer
n’est pas le Satan des Écritures…
Notre conviction, après étude,
est qu’ils ne sont pas convaincants et les condamnations de l’Église catholique
ne sont nullement sans fondements !
Pour revenir à Hamon l’architecte
et maçon de la gauche, nul doute qu’il ait besoin du soutien du plus grand
nombre possible de « frangins » (c’est ainsi que les « frères »
s’appellent dans le jargon maçonnique). Et certes, les frangins sont nombreux
au parti socialiste et n’ont pas manqué dans les gouvernements de Hollande
(Valls, Peilhon, Taubira, Le Drian, Cazeneuve, etc, etc…).
Mais en politique, comme dans les
médias et les affaires, la maçonnerie peut dire « je suis partout ».
Une de ses devises n’est-elle pas : « Ne pas nous voir mais nous
sentir partout ». Aussi, même à gauche, tous ne sont pas aujourd’hui chez
Hamon.
Peut-être ne sont-ils toujours
pas, selon l’ancienne hostilité réciproque (22° condition de Moscou), en grand
nombre au parti communiste ?
Peut-être Mélenchon n’en est-il
pas ? Il n’a pas selon nous un tempérament à supporter les fastidieuses
réunions de loges ou d’ateliers où il faut longuement écouter « plancher »
de débiles frangins. C’était d’ailleurs le cas de Jaurès ; ce dernier n’évoqua-t-ils
pas à propos du philosophe allemand Lessing, qui lui était cher, que celui-ci « ne tarda pas à être rebuté par la puérilité
et la stérilité des recherches de magies, des jeux de microcosmes et des
spéculations sur l’embrasement universel auxquels se livraient les loges
envahies d’illuminisme et d’occultisme » ?
Nous ne savons pas si c’était en
pareils lieux que le banquier Macron aurait puisé à notre époque de quoi professer
ses monstrueuses allégations historiques contre l’œuvre colonisatrice de la France.
Toujours est-il que néanmoins nombre de frangins tels Gérard Collomb, le maire
de Lyon, du Grand-Orient, l’ont rallié.
Certains de ces derniers ayant un
peu de mémoire maçonnique doivent pourtant se demander s’ils vont plus longtemps
demeurer en cette « franc-macronnerie ». Comment en effet ce
narcissique illuminé au regard inquiétant a-t-il pu oublier que ce qui fut sans
doute le plus regrettable dans l’entreprise colonisatrice de la France – qui n’était
pas un crime contre l’humanité – fut le fait des gouvernements de la gauche
radicale-socialiste ou socialiste avec leurs mesures inspirées par leur
idéologie jacobine et leur appétit affairiste ?
Contentons-nous d’évoquer ici
pour mémoire cette fripouille de Jules Ferry surnommé « Ferry-Tonkin »
ou encore le laïcard colon d’Algérie René Viviani, qui, ministre du travail,
concocta le célèbre discours incantatoire affiché en 1906 dans toutes les écoles
publiques, où ce misérable, se targuant d’avoir participé à la grande œuvre « d’irreligion » de la troisième
République, concluait par cette grandiloquente insanité : « Ensemble et d’un geste magnifique, nous
avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus ! ».
Et c’est ainsi que si la
colonisation française, qui arracha les populations d’Algérie à l’abomination
de la colonisation ottomane et barbaresque, ne fut pas un crime contre l’humanité,
on peut dire que du fait des gouvernements maçonniques, elle fut républicainement
« un crime contre la divinité ».
Mais le frère Hamon, « architecte
et maçon », ne ralliera pas non plus à son tablier blanc les frangins qui,
comme au meilleur temps de la chiraquie maçonnoïde sous la houlette des grands maîtres
Pierre Simon et Michel Baroin, soutiennent François Fillon avec Gérard Larcher
et François Baroin, le fils du précédent. Quitte s’il le faut à ce que ce soit ce
Baroin-là qui succède à un Fillon qui deviendrait insoutenable. C’est que la
maçonnerie ne met jamais tous les enfants de la Veuve dans le même panier électoral.
Quoi qu’il en soit, la filière
écolo socialiste maçonnique ne suffira pas à rallier toute la gauche à Hamon.
Reste aussi qu’il y a semble-t-il
aussi de plus en plus de frangins attirés par la pitance du Front National. Au train
où vont les décompositions du régime et hélas de la société, et celles de la
gauche et celle des Républicains, on peut en effet penser que Marine Le Pen
pourrait être à l’Élysée au mois de mai. Et après les frères Richard Sultzer
(conseiller régional) et le député Gilbert Collard (GLNF), d’autres ont été
chaleureusement accueillis par l’équipe directrice du parti.
Mais aussi, nous dit-on, des
cadres plus anciens ont volontiers « frappé à la porte du Temple » et
été bien reçus par les deux premiers pour cheminer dans les sentiers de l’initiation.
Et c’est ainsi que si Marine est
peut-être selon certains d'entre nous la candidate du « moindre mal » pour la France,
nous sommes sans naïves illusions sur ce que pourrait être son gouvernement. C’est
ce que nous exprimerons sans doute la semaine prochaine lors de notre
conférence de presse sous l’égide de l’Institut du Pays Libre (au centre
Charlier).
(1)
Les « enfants
de la Veuve », c’est ainsi que s’appellent les frangins dans le symbolisme
maçonnique où l’affaire du meurtre d’Hiram, censé ici être l’architecte du
temple de Jérusalem, joue un grand rôle. Rien d’historique bien sûr dans ce
falbala ! L’histoire ne rapporte rien de quelque veuve que ce soit de
quelque Hiram que ce soit.