J’écoute presque
toujours avec intérêt l’ancien ministre des affaires étrangères de François
Mitterrand, Hubert Védrine.
Et même le plus souvent
avec plaisir car il s’exprime avec clarté, concision et dans un agréable usage
et respect de la langue française. Du bonheur en comparaison du débile galimatias
hollandais. Ses analyses, par exemple sur la Russie, ne semblent ni sommaires
ni manichéennes, mais d’abord dictées par le réalisme plus que par des
présupposés idéologiques ou moralisateurs.
Connaisseur des
situations, il sait généralement les exposer avec la subtilité souvent
nécessaire pour en faire saisir la complexité. Il n’en est que plus décevant lorsque,
comme tout le monde, il verse dans le lieu commun d’un islam bon et gentil à l’opposé
de l’abomination de l’islamisme jihâdiste. Ainsi l’ai-je entendu hier développer
avec optimisme que même si les attentats de « Daesh » ne cesseraient
pas de sitôt, cette organisation, et l’islamisme en général étaient inéluctablement
vaincus. Ce, en raison de la fondamentale réalité pacifique de l’immense islam
sunnite auquel s’attaque en priorité l’État islamique. Mais lui aussi, il
préfère conformistement dire « Daesh »…
Oui, l’État islamique
sera sans doute, à moyen terme vaincu, en Syrie et en Irak comme déjà en
Libye, en tant qu'entité étatiquement organisée.
Mais il y a dans cette
perspective une grande part d’illusion et d’erreur témoignant d’une grande
incompréhension des réalités et de l’histoire de l’islam. D’abord parce qu’il n’y
a pas de frontière dûment établie, géographiquement et historiquement, entre l’islamisme
et l’islam.
L’islamisme est en effet
comme une continuité de courants intérieurs à l’islam formant sans cesse des
vagues et même des raz-de-marée qui gonflent, retombent puis se reforment et se
superposent d’ailleurs sans cesse. Ainsi de l’État islamique et d’al-Qaïda et
des Taliban continuant avec leurs formes modernes de terrorisme tous les
salafismes massacreurs antérieurs, tel que le wahabisme saoudien depuis le
XVIII° siècle et, bien avant encore, les déferlantes exterminationnistes d’un
Tamerlan, et aussi celles du modèle terroriste des hashishins.
Et l’on pourrait encore
notamment évoquer la conquête, avec ses massacres génocidaires, de l’Afrique du
nord berbère et ensuite, les déferlements sur le Maroc et al-Andalus des
Almoravides, berbères islamisés, et puis, sur leur amollissement, ceux des
féroces intégristes Almohades, eux-mêmes ensuite soumis au surgissement des
Mérinides…
L’histoire de l’islam
est ainsi nourrie de la succession des islamismes jihâdistes sans cesse
renouvelés pour éliminer leurs prédécesseurs devenus trop tièdes. On retrouve
sur ce point la justesse du propos du bachaga Boualem que je cite souvent sur « cet islam oscillant sans cesse entre
fatalisme et fanatisme ».
Ce que ne voit pas
Védrine, c’est ce que notre ami Mohamed-Christophe Bilek a très justement désigné
comme le mouvement dialectique d’avancée aujourd’hui de l’islam : l’islam « mains rouges »,
l’islamisme terroriste, sanguinaire, suscitant la répulsion mais légitimant par
contraste le doux islam qui sait faire « patte blanche » et qui s’installe,
et s’étend toujours plus grâce à la répétition lancinante du « pas d’amalgame ».
Bien sûr, Védrine, que « Daesh »
est minoritaire et sera vaincu !
Mais l’islamisme, n’est-ce
pas aujourd’hui surtout celui des frères musulmans et autres mouvements
analogues ou affiliés tels notre UOIF qui encadre de plus en plus l’islam en France ?
Et l’islam que l’on ne saurait le plus souvent différencier de ce que l’on
appelle l’islamisme, n’est-ce pas la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, le
Soudan, l’Afghanistan, et vingt autres pays encore, sans oublier l’Iran chiite,
pays où l’on ne peut que distinguer, difficilement, différents degrés dans une
plus ou moins fanatique application de la charia, selon des degrés dans la
terreur d’État ?
Mais, à bien vous
écouter, le règne de l’islam ne semble pas vous inquiéter, pourvu qu’il soit
tranquille, qu’il ne soit pas Daesh, comme s’il n’était pas en effet tranquille
puisque reposant certes sur une terreur d’État établie mais pour n’interdire
principalement que la liberté religieuse et d’abord celle de la libre
conversion réciproque.
Mais au fond, cela ne
vous gêne peut-être pas beaucoup. Peut-être pensez-vous qu’il vaut mieux accepter
une « douce » dhimmitude plutôt que de risquer encore les horreurs du
jihâdisme ?
Après tout, hormis les
interdits d’alcool et de viande de porc, dont la transgression n’est d’ailleurs
pas partout si difficile, pourquoi refuserait-on à grand risque l’extension du
règne d’un islam qui, une fois établi, ne sera sans doute pas si tatillon ?
Ainsi, bien sûr, il faut
vaincre « Daesh ». Mais ensuite, en quoi serait-il si triste de devoir vivre alors
demain à Paris et Marseille comme aujourd’hui à Marrakech ? Et d’ailleurs déjà,
trois de nos dames ministres, deux musulmanes et une juive, ne sont-elles pas
issues de la douce convivialité islamo-marocaine ?
Alors, grâce soit rendue
à Védrine et à tous ceux qui partagent son point de vue : après la fin
inéluctable de l’islam « mains rouges » va venir l’ère de l’islam pacifique.
Et c’est ainsi, comme aurait conclu mon maître Alexandre Vialatte, que l’islam
est grand et pacifique, comme le dit François et qu’Hubert Védrine est son
prophète.
Indéniable évidence : le problème, c’est tout
simplement l’islam !
Le terrorisme prolifère
sur le terreau de l’islamisme.
L’islamisme, c’est l’idéologie
de l’islam avec son constant appel à la conquête jihâdiste du monde selon l’enseignement
et le modèle sacralisé de Mahomet tel que transmis depuis des siècles.
L’islam est la cause
fondamentale du terrorisme islamique.
Donc il faut aider les
musulmans à se libérer du carcan islamique.
Bernard Antony