mercredi 5 octobre 2016

Bombe à fragmentation



L’élection du président de la République au suffrage universel avait été conçue et présentée comme la réforme fondamentale de l’institution de la cinquième République pour mettre fin au funeste « régime des partis » de la quatrième.
Elle devait reposer sur le contrat entre le peuple et le candidat élu par lui en raison de sa personnalité et de sa notoriété telle qu’il ne dépendait pas des tractations et combinaisons partisanes.
Le modèle en était le père lui-même de cette réforme, le général De gaulle.
Or, passé le mandat Pompidou, il est évident que la défiguration des candidats se fit de plus en plus sur fond de rapports de force et d’influence dans les partis, avec ce que cela entraîna de coups fourrés et de coups tordus (à « droite », entre giscardiens, chiraquiens, balladuriens…).
De plus, avec l’institution par Chirac du mandat présidentiel ramené à cinq ans et renouvelable deux fois, il fut évident que c’en était fini avec cette tentative de monarchie républicaine qui était basée sur le septennat, durée minimum pour une politique de continuité.
Aujourd’hui il est évident que la mise en place de « primaires » a porté le coup décisif de mise à mort de la cinquième République. C’est non seulement le retour au régime des partis mais l’institution du jeu des sous-partis au sein des partis.
Établi sur le modèle américain mais au mépris de ce que la France et les États-Unis sont des réalités historiques, politiques et sociales infiniment différentes, le mode de désignation des primaires s’avère une bombe à fragmentation pour la gauche comme pour la droite. À l’exception du Front National où, par-delà les formes oedipiennes du « meurtre du père », la personnalité de Le Pen a imprimé sa marque, et l’application du principe héréditaire. La preuve en est que ni Marine ni Marion, quoique vitupérant l’insupportable père ou grand-père, ne se sont pas risquées à ne plus s’appeler Le Pen et à prendre le nom d’un de leurs maris passagers et plutôt inconnus. Que deviendraient-elles si elles ne s’appelaient plus Le Pen ?
L’ironie de l’histoire fait donc que l’esprit institutionnel de la cinquième République, doublé du principe monarchique de l’hérédité, ne subsiste plus, par-delà ses brouilles féroces, que par le clan Le Pen !
Mais ce n’est pas tant la mort de cette cinquième République qui nous affligerait si ce n’était simultanément celle de la France que j’ai désignée dès 1980 comme « le génocide français ».
PS : on me demande où je signerai mon dernier livre « Réflexions sur le monde actuel ».
Assurément, la semaine prochaine, tout au long de la journée (à partir de 10 h jusqu’à 18 h) du jeudi 13 octobre, sauf entre 12 h 30 et 14 h 30, pris que je serai par un déjeuner de travail.
J’annoncerai ce lundi mes autres dates.