L’élection du président de la
République au suffrage universel avait été conçue et présentée comme la réforme
fondamentale de l’institution de la cinquième République pour mettre fin au
funeste « régime des partis » de la quatrième.
Elle devait reposer sur le
contrat entre le peuple et le candidat élu par lui en raison de sa personnalité
et de sa notoriété telle qu’il ne dépendait pas des tractations et combinaisons
partisanes.
Le modèle en était le père
lui-même de cette réforme, le général De gaulle.
Or, passé le mandat Pompidou,
il est évident que la défiguration des candidats se fit de plus en plus sur
fond de rapports de force et d’influence dans les partis, avec ce que cela
entraîna de coups fourrés et de coups tordus (à « droite », entre
giscardiens, chiraquiens, balladuriens…).
De plus, avec l’institution par
Chirac du mandat présidentiel ramené à cinq ans et renouvelable deux fois, il
fut évident que c’en était fini avec cette tentative de monarchie républicaine
qui était basée sur le septennat, durée minimum pour une politique de
continuité.
Aujourd’hui il est évident que
la mise en place de « primaires » a porté le coup décisif de mise à
mort de la cinquième République. C’est non seulement le retour au régime des
partis mais l’institution du jeu des sous-partis au sein des partis.
Établi sur le modèle américain
mais au mépris de ce que la France et les États-Unis sont des réalités historiques,
politiques et sociales infiniment différentes, le mode de désignation des
primaires s’avère une bombe à fragmentation pour la gauche comme pour la
droite. À l’exception du Front National où, par-delà les formes oedipiennes du « meurtre
du père », la personnalité de Le Pen a imprimé sa marque, et l’application
du principe héréditaire. La preuve en est que ni Marine ni Marion, quoique
vitupérant l’insupportable père ou grand-père, ne se sont pas risquées à ne
plus s’appeler Le Pen et à prendre le nom d’un de leurs maris passagers et
plutôt inconnus. Que deviendraient-elles si elles ne s’appelaient plus Le Pen ?
L’ironie de l’histoire fait
donc que l’esprit institutionnel de la cinquième République, doublé du principe
monarchique de l’hérédité, ne subsiste plus, par-delà ses brouilles féroces,
que par le clan Le Pen !
Mais ce n’est pas tant la mort
de cette cinquième République qui nous affligerait si ce n’était simultanément celle
de la France que j’ai désignée dès 1980 comme « le génocide français ».
PS : on me demande où je
signerai mon dernier livre « Réflexions sur le monde actuel ».
Assurément, la semaine
prochaine, tout au long de la journée (à partir de 10 h jusqu’à 18 h) du jeudi
13 octobre, sauf entre 12 h 30 et 14 h 30, pris que je serai par un déjeuner de
travail.
J’annoncerai ce lundi mes
autres dates.