J’ai
lu ces jours-ci le livre élaboré par le conseil permanent de la Conférence des
évêques de France : « Dans un monde qui change retrouver le
sens du politique ».
Je l’ai considéré avec
d’autant plus d’intérêt qu’il arrive après mes « Réflexions sur le
monde actuel ».
Le
livre de nos évêques a été d’abord principalement lancé sur deux pleines pages
du journal le Monde, le vrai journal officiel de la République pour ce qui est
de la norme idéologique à respecter et fondant le politiquement correct.
Il comporte dix
chapitres à l’évidence rédigés par des plumes différentes, inégalement
médiocres.
Qu’on
me pardonne cette immodestie mais je m’attribue un certain mérite dans le fait
d’avoir tout lu, jusqu’au bout.
Au
bout de l’ouvrage, justement, figure un questionnaire intitulé « Quelques
pistes pour échanger à partir du texte ». Dans ces seuls mots on
retrouve le vieux jargon de l’expression de la cléricature catholique depuis
les années de l’après-guerre. On y aime beaucoup l’idée de « piste »
propice aux échanges. On invite donc dans ce jeu de piste à échanger sur le
thème « qu’est ce qui vous a marqué dans ce texte » (sur
le fond et la forme) ?
Je
l’analyserai plus avant et plus longuement pour la revue Reconquête. Plus
sommairement je livre ici mes premières impressions.
Pour
ce qui est de la forme, il oscille entre le besogneux et le mauvais
traitement de la langue française.
« Ce
que l’on conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément » : ces deux vers célèbres de
Boileau jadis enseignés dans toutes les leçons d’apprentissage de notre langue
ne caractérisent pas en effet l’expression épiscopale.
Citons
par exemple ce morceau :
« Notre
société française connait une grave crise de sens. Or, le politique ne peut
échapper à cette question du sens et doit se situer à ce niveau. Non pas,
évidemment, pour dire à chacun ce qu’il faut penser et croire, mais pour se
situer sur un horizon de sens… »
Le
texte a été largement présenté, dans le Monde bien sûr, par Mgr Pontier, le
président de la Conférence des évêques. La pleine page de l’entretien qui lui
est consacrée est titrée par sa sublime et si originale réflexion : « Notre
société est devenue pluriculturelle ».
Sans
aborder le fond, on sent d’emblée l’influence de ce dernier dans la forme de
l’expression.
L’abondance
pesante des « il y a » en est révélatrice. Et aussi le procédé de
personnification des concepts.
Ainsi,
l’archevêque de Marseille déclare-t-il : « le politique ne
parvient plus à créer du consensus autour d’une direction commune » et
dans le livre de son conseil on peut lire dans la même veine : « la
politique dans notre pays ne cesse de voir son discrédit grandir ».
Un
bon instituteur aurait conseillé à l’archevêque d’écrire plutôt par
exemple : « le discrédit de
la politique ne cesse de s’amplifier »..
Quelle
pauvreté encore dans ses commentaires, tel celui sur l’assassinat du père
Hamel : « Il y a eu le
sentiment que quelque chose qui ne doit pas se faire a été fait… »
Oui
Monseigneur, merci d’avoir rappelé que l’assassinat d’un prêtre, ce n’est pas à
faire.
Je
réserverai à Reconquête de plus amples commentaires sur le fond. Mais sans plus
attendre quelques points :
-
« Défense de la dignité et de la vie humaine du début à la fin »
La
formule est ambigüe : quelle
dignité évoque-t-on ? Pourquoi ne pas écrire : « de la
conception à la mort naturelle » ?
-
Sur l’évocation « des figures éminentes et discrètes (sic) comme Robert
Schuman et Edmond Michelet ». Drôle de préposé à la béatification que
ce dernier, sans doute admirable dans sa vie en camp de concentration mais,
plus tard, prônant le rétablissement de la peine de mort pour les officiers
coupables de rébellion contre le général De Gaulle pour sa manière infâme dans
l’abandon de l’Algérie. Modèle donc pour notre épiscopat que ce Michelet, de
surcroît totalement indifférent aux crimes contre l’humanité massivement
perpétrés en Algérie en 1962, approuvant la non-assistance par notre armée à
population en danger d’exterminations et des plus atroces supplices.
-
On relèvera plus loin : « Le potentiel de dynamisme et de
solidarité patine, sans arriver à trouver le point d’appui, l’élément
catalyseur qui lui permettra de se développer et de porter tous ses
fruits ».
Un potentiel qui patine,
n’est-ce pas extraordinaire, non ?
- Et sur les jeunes
fanatiques du terrorisme islamique, on lit ceci : « Il s’agit
de jeunes déstructurés qui n’ont pas trouvé leur place dans la société et qui
pour certains avaient déjà basculé dans de la petite délinquance. Ils vont
trouver dans un discours clé en main (sic) et un engagement radical un sens à
leur existence, de la faire sortir de la médiocrité et de contester la société
dans laquelle ils n’ont pas pu s’insérer. »
En si peu de lignes, comment
peut-on émettre une si indigente analyse en trouvant le moyen de ne pas citer
le mot islam ?
Déstructurés ces
jeunes ? Au contraire, ne sont-ils pas très jihadistement structurés dans
le mimétisme du prophète à Médine tel que dans ses hadiths !
« Discours clé en
main » ? Pitoyable expression pour évoquer l’idéologie de la
théocratie totalitaire de l’islam, redisons-le, fondée par Mahomet propagateur
des centaines de versets du Coran et des hadiths d’appel à la violence contre
les non-soumis, à la lapidation, aux amputations, à la crucifixion contre les
délinquants ou criminels selon la charia.
Au total, ô certes ce
n’est plus, et c’est heureux, le discours bas-marxiste de l’épiscopat du temps
jadis où l’on bénissait les congrès de la J.O.C. où l’on chantait
l’Internationale.
Mais diable que ce texte
est tour à tour logomachique, besogneux, cauteleux, rempli de questionnement
mais avec si peu d’esquisse de solution. Et si timidement chrétien !
Mais, comme déjà dit,
nous y reviendrons pour Reconquête.