vendredi 1 juillet 2016

L’État islamique : ce cobra que les puissances ont réchauffé sur leur cœur…

La bonne nouvelle de l’efficacité des frappes aériennes contre un convoi de l’État islamique fuyant Falloudja (260 véhicules détruits, 150 tués) m’amène à revenir sur l’interrogation que j’avais formulée lors de la prise de Palmyre par cette organisation en 2015.
Comment avait-il pu se faire qu’une bien plus longue colonne, circulant pendant plusieurs jours, et évidemment très visible dans le désert de Syrie, n’ait pas été anéantie de même avant de pénétrer dans l’antique cité ?
Je n’ai à ce jour aucun élément de réponse sinon que cela ne pouvait être le fait du hasard. Mais maintenant, voilà que la Turquie désigne clairement l’État islamique comme responsable des terribles attentats-suicides dont le dernier à l’aéroport d’Istanbul. Les rapports ne sont donc plus les mêmes entre cette organisation et l’État turc qui, comme l’Arabie saoudite et le Qatar, en a permis le développement.
De remarquables reportages sur nos chaînes ont montré non seulement l’intensité il y a encore peu de leur commerce et de leur trafic d’armes mais la parfaite complicité de l’armée turque permettant aux forces du « califat » de prendre à revers par la Turquie et bombarder sur leurs arrières leurs ennemis kurdes.
La Turquie a d’évidence changé de stratégie à l’égard de l’État Islamique.
Sans doute Erdogan a-t-il évalué qu’il était désormais pour la Turquie plus bénéfique de le combattre et de ne plus poursuivre un double jeu qui à la longue aurait risqué d’indisposer même l’Angela qui a fait si souvent la bête pour ne pas froisser ses amitiés turques. Or, sur ce point, au Bundestag, de plus en plus nombreux sont ceux qui ne la suivent plus.
 Alors en risposte au revirement turc à son égard, L’État islamique lance ses hashishins se faire exploser et nuire le plus possible à l’État ottoman. On a pu remarquer que contre ces derniers, Erdogan a usé d’une menace qui a certes suscité l’ironie de quelques sombres crétins aussi incultes qu’athées de nos médias. Il a prédit l’enfer aux terroristes.
En fait, c’est désormais pour les tueurs une affaire de promesse contre promesse.
Erdogan, comme Al-Bagdadi, se réfère aux mêmes textes du Coran et des Hadîths. Jusqu’ici, il en a été des auteurs d’attentats-suicides comme des hashishins du Vieux de la Montagne au XI° siècle,  fanatisés, hallucinés, le plus souvent drogués, sans doute, persuadés qu’après s’être fait exploser ils se retrouveraient instantanément dans les délices du paradis promis dans le Coran pour « ceux qui combattent dans le chemin d’Allah » et qui jouiront des « houris aux grands yeux à la virginité éternellement renouvelée ». Mais il est d’autres versets promettant l’enfer aux ennemis d’Allah et de son prophète. Or voilà qu’Erdogan range maintenant parmi eux les terroristes de l’État islamique puisqu’ils sont devenus ses ennemis.
Cette prédiction de l’enfer qui les attendrait à la place du paradis promis en ébranlera-t-elle quelques-uns ?
Je le pense, bien des responsables de ces tueries se retrouveront en enfer avec la grande foule des plus ignobles massacreurs et tortionnaires sadiques de l’histoire.
Je ne suis pas sûr qu’Erdogan qui, lui aussi, a nombre de victimes à son actif, n’en soit pas.
Mais pour l’heure, son changement d’attitude lui a déjà valu de pouvoir renouer avec Poutine qui sait bien qu’il ne pourra avancer vers une solution en Syrie que par un accord avec Erdogan.
Les deux hommes ne sont pas politiquement des sentimentaux, ils sont, semble-t-il, très proches de tempérament, joueurs d’échecs froidement réalistes. Que seront-ils prêts à sacrifier comme pièces ?
 Si Poutine lui promet de ne pas accepter un État kurde indépendant et unifié sur les actuels territoires kurdes autonomes d’Irak et de Syrie, ni même deux États kurdes indépendants, alors Erdogan le laissera modeler la carte syrienne sur la réalité ethnico-religieuse avec comme premier impératif la survie des Alaouites sur le territoire appelé « gouvernorat alaouite » du temps du Mandat français sur la Syrie et le Levant.

Si Dieu veut, à lundi !