Je le jure, j’ignorais
totalement la semaine dernière, alors que je répondais sur ce blog à
l’ex-camarade trotskiste Moscovici, que François s’exprimerait lui aussi sur la
question dans « La Croix ». Non, il ne m’en avait pas averti.
Ayant appris la chose, j’ai donc
pris aussi ce journal, avec les deux ou trois quotidiens et hebdomadaires que
j’ai à peu près pour usage d’acheter à la ville voisine chaque début de
semaine. Je suis en effet un impénitent adepte de la lecture de la
« presse papier » avec mes seconds cafés du matin. Certains me disent
que c’est « vieux-jeu ». Je m’en fiche ! Ça ne m’empêche pas du
tout après le déjeuner d’aller voir du côté de notre cher Salon beige et autres
sites d’information ni rose socialo, ni rouge coco, ni noir anarcho.
J’ai donc attentivement pris
connaissance des propos de François sur les racines chrétiennes et sur le
reste. Propos qu’il a relus avant publication précise-t-on sur « La
Croix ». Voici mes réactions.
Sur les racines.
- Il dit (on
est obligé de citer presque tout) :
« Quand j’entends parler des racines chrétiennes de
l’Europe j’en redoute parfois la tonalité qui peut être triomphaliste ou
vengeresse. Cela devient alors du colonialisme. Jean-Paul II en parlait avec
une tonalité tranquille. L’Europe, oui, a des racines chrétiennes. Le
christianisme a pour devoir de les arroser, mais dans un esprit de service
comme le lavement des pieds…. Ce ne doit pas être un apport
colonialiste ».
- Mon commentaire :
Ah bon.
Je n’avais pas envisagé la
question sous cet angle. Pour l’instant, je ne vois pas - mais je vais
réfléchir – pourquoi et comment il faut la considérer à la lumière de la
dialectique du colonialisme et de l’anticolonialisme. Peut-être François qui
fait partie du peuple ayant colonisé l’Argentine en souffre-t-il ? Pauvres
Alakalufs en effet si durement éliminés de la Terre de Feu par les
missionnaires catholiques. Lire sur
cela le roman de Jean Raspail : « Qui se souvient des
hommes ? ». Si j’en ai l’occasion, je l’offrirai à François.
Sur les migrants.
- Il dit : « Le problème initial, ce sont les
guerres au Moyen-Orient et en Afrique et le sous-développement du continent
africain. »
- Mon commentaire :
Pour ce qui est des guerres,
d’accord. Et leurs causes sont multiples. Il faudrait pour le moins ne pas
négliger les accords Sykes-Picot secrètement concoctés en 1916.
Pour ce qui est du
sous-développement en Afrique, oserai-je violer un tabou, perpétrer un
blasphème en affirmant qu’il y a aussi des causes, et pas essentiellement celle
du colonialisme, mais celles des conditions des décolonisations et de
l’incapacité des dirigeants anticolonialistes.
- Il dit encore :
« Revenons aux migrants. Le
pire accueil est de les ghettoïser alors qu’il faut au contraire les intégrer.
À Bruxelles, les terroristes étaient des Belges, enfants de migrants, mais ils
venaient d’un ghetto ».
- Mon commentaire :
François ne sait peut-être pas
bien de quoi il parle. Les immenses populations d’origine immigrée ne sont pas
ghettoïsées. Il les imagine ainsi. Pour l’essentiel, ces populations se
regroupent naturellement selon leurs cultures, langues et affinités.
Pour beaucoup, le dénominateur
commun et puissant rassembleur s’appelle « oumma ». Les ghettoïsés
à Bruxelles, ce sont souvent les
derniers Belges de vieille origine wallonne ou flamande.
Affirmer que les terroristes
venaient d’un « ghetto » relève d’une bien mauvaise analyse
psycho-sociologique.
Le hasard fait que je déjeunais
vendredi dernier à Toulouse dans l’immeuble où habitait Mohamed Merah.
Hélas, dans ce quartier comme
dans bien d’autres à Toulouse et dans bien d’autres quartiers de nos villes, il
n’y a pas de « ghetto » protecteur pour les braves gens. Merah et sa
bande y tenaient le haut du pavé.
François, quoique d’origine
lombarde, ne sait peut-être pas historiquement ce qu’était un ghetto tel qu’on
appela de ce nom à Venise le quartier où les juifs se regroupaient pour vivre
plus aisément selon leur loi. Rien à voir avec son ghetto imaginaire !
Sur l’islam.
- « Je ne crois pas
qu’il y ait aujourd’hui une peur de l’ islam en tant que tel, mais de
Daech et de sa guerre de conquête, tirée en partie de l’islam. L’idée de
conquête est inhérente à l’âme de l’islam il est vrai. Mais on pourrait
interpréter avec la même idée de conquête la fin de l’Évangile de Mathieu, où
Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations ».
Mon commentaire :
-Sur la première phrase, on
comprend ce qu’il veut dire. À part que le jihâd ce n’est pas seulement
« Daech ». Mais c’est mieux que du Monseigneur Gollnisch lorsqu’il
affirmait : « l’État islamique ce n’est pas un État et il n’est
pas islamique ».
-Pour la deuxième phrase, on ne
sait pas trop ce que signifie « l’âme de l’islam » mais peut-être
s’agit-il plutôt d’évoquer l’idéologie islamique.
Toujours est-il que François
affirme bien que l’islam est par nature conquérant. Réjouissons-nous, cela nous
change de ses affirmations antérieures selon lesquelles « les livres
sacrés de l’islam sont des livres de paix et de tolérance ».
Or, par quoi peut bien passer ce
qu’il appelle « l’âme de l’islam » sinon par le Coran et les
hadiths ?
- Sur la dernière phrase,
François nous abasourdit. Comment peut-il ainsi affirmer, et il s’est relu,
qu’il est possible d’interpréter de même les exhortations au jihâd par Allah et
Mahomet, suivies de tant de rezzous massacreurs, et les deux derniers versets
de Mathieu ! Citons-les :
19-« Allez
donc, et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit,
20- et leur apprenant à observer
toutes les choses que je vous ai commandées. Et assurez-vous que je serai
toujours avec vous jusqu’à la consommation des siècles ».
Là, vraiment, on ne peut que
demeurer pantois. Comment François peut-il penser que ces lignes puissent être
interprétées avec la même idée de conquête que celles développées explicitement
par les exhortations coraniques à la guerre sans faiblir ? Pour n’en citer
comme exemples que deux parmi des dizaines :
« Si vous ne vous lancez
pas au combat, Dieu vous châtiera… »(S-9, v-29)
« Ne faiblissez
pas !Ne faites pas appel à la paix quand vous êtes les plus
forts ! » (S-47, v-35)
Sur la familiarité avec les musulmans.
« Sur le fond, la coexistence
entre chrétiens et musulmans est possible. Je viens d’un pays où ils cohabitent
en bonne familiarité. Les musulmans y vénèrent la Vierge Marie » ….
Mon commentaire :
Les chrétiens et musulmans en
Argentine « cohabitent » donc, soit, s’il le dit. En couples, comme
« frères et sœurs », en phalanstères ? Et revoilà dans les
propos de François la récurrente admiration de chrétiens ignorants sur le fait
que les musulmans vénèrent la Vierge Marie. Bien sûr, elle est même citée 15
fois dans le Coran, tantôt comme Maryam
« sœur d’Aaron », tantôt comme fille de « Imran ».
La Vierge Marie est en effet
pour l’islam une des femmes musulmanes modèles. Elle est ainsi au paradis avec
Khadija et Aïcha. Leur rôle est d’y gérer les houris à la virginité éternelle
promises aux hommes agréés d’Allah.
Mais affirmer que la Vierge
Marie est la mère de Dieu, alors c’est pour l’islam un immense blasphème qui
vaut l’enfer. François sait-il au moins cela ?
Sur l’euthanasie ou le mariage
unisexe.
« C’est au Parlement qu’il
faut discuter, argumenter, expliquer, raisonner. Ainsi grandit une société. Une
fois que la loi est votée, l’État doit respecter les consciences. Dans chaque
structure juridique, l’objection de conscience doit être présente car c’est un
droit humain ».
Mon commentaire :
Que signifie la première
phrase ? Qu’il ne faudrait mener qu’au Parlement le combat contre les lois
de la culture de mort ? C’est pourtant ce qui est explicitement dit !
Drôle de conception alors de la démocratie ! Et ensuite, s’en tenir à
l’objection de conscience ?
D’accord pour l’objection de
conscience. Mais qu’est ce qu’une démocratie où l’on ne devrait plus vouloir
changer la loi ? Bizarre.
Je m’arrête là et je passe donc
rapidement sur ses propos si approximatifs sur l’évangélisation de la Corée. Le
père chinois Jacques Hu, premier prêtre évangélisateur après le laïque Pierre
Lee, en effet, contrairement à ce que dit François, ne revint pas en Chine. Il mourut martyrisé en Corée.