Le Premier
Ministre Manuel Valls s’est vu
reprocher, sur l’antenne de RMC, l’attribution de la Légion d’Honneur au prince
héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz Al Saoud. Le
menton indigné, il rétorqua qu’il fallait « arrêter
les hypocrisies », puisque « nous
avons une relation stratégique avec l’Arabie Saoudite, il faut l’assumer ».
Si l’on
s’arrêtait là, l’on pourrait comprendre que Valls ne fait qu’honorer ses grands
ancêtres, Jules Ferry en particulier, dans leurs pratiques diplomatiques
ultramarines, usant souvent de la distribution de verroterie aux « rois nègres » pour faciliter les
accords. Du « lubrifiant pour les
engrenages », disait un protagoniste de l’affaire Elf… Rien de nouveau
sous le Soleil de la République, penserez-vous, mais il faut attendre la suite
du propos : « Est-ce pour
autant que nous partageons la nature du régime, son action ? Non, bien
évidemment ».
L’Etat français conteste donc l’action et
jusqu’à la nature du régime saoudien, c’est dire si l’opposition a l’air grave
et profonde, mais décore quand même ben
Nayef… Le royaume est donc contestable, son prince héritier est
incontestable ! Gageons que sa princière signature est supposée tout aussi
incontestable sur le royal carnet de chèque. « C’est une tradition que d’honorer les dirigeants, sinon nous ne
discutons avec personne, nous n’avons aucune relation ».
Revoilà la
verroterie, ça le reprend ! Et le Premier Ministre de rappeler que les
représentants iraniens, pays adversaire de l’Arabie Saoudite, avaient été reçus
quelques semaines auparavant. On ne sache pourtant pas qu’Hassan Rohani ait
reçu le précieux colifichet républicain, c’eût été pourtant bien cocasse !
La seule hyprocrisie que Valls a donc abandonnée, c’est celle qui consiste à
prétendre qu’il n’est pas hypocrite sur tout le reste !
Pierre Henri