lundi 29 février 2016

La vérité sur l'agriculture



Les enfants ne sont hélas pas responsables des bêtises des parents. La situation de l’agriculture française est en effet dramatique, pour les agriculteurs d’abord mais à terme pour tout le peuple français.
En effet, c’est la capacité même d’auto-approvisionnement de notre pays sur l’essentiel des produits de consommation courante qui sera menacée après la mort encore de dizaines de milliers d’exploitations ruinées par les concurrences de produits souvent de qualité inférieure ou chimiquement traités et à bas coût déversées sans les freins douaniers nécessaires par les Américains et autres Néo-Zélandais.
Or, dans la course folle à la productivité et à l’alignement sur les prix de l’étranger, avant même la création de l’Union Européenne, la politique de Bruxelles voulue par nos gouvernements et par le Parlement européen a été destructrice. Et ce, avec la collaboration active et intéressée des dirigeants des syndicats officiels (FNSEA)  tels jadis Michel Debatisse que j’entends encore débiter ses inepties à Strasbourg dans les années 1984-1990.
Je pense presque tous les jours à cela quand je marche autour de chez moi dans la plaine vauréenne sinistrée, défigurée, où les agriculteurs ont abattu toutes les haies protectrices  des sols et de la faune. Cela pour gagner quelques aller-retour de tracteur dans les labourages et les successifs déversements massifs d’engrais qui, à certains moments, blanchissent l’immense champ long de plusieurs kilomètres comme un grand aéroport.
Et c’est ainsi que l’on peut ici récolter trois ou quatre fois l’an sur des sols qui ne sont plus que des surfaces obligatoirement porteuses des productions de Monsanto. Y avait-il, me dira-t-on, d’autres possibilités ?
Assurément, oui !
Tout simplement celles de la prudence, de la juste mesure, de préservation de l’élémentaire respect écologique de notre terre. Or la productivité encouragée à outrance a eu ensuite pour contre-partie la politique des quotas obligatoires. Spirale infernale : toujours plus de productivité mais limitation de la production et donc diminution du nombre des exploitations.
La politique agricole commune (PAC) a été une affaire de dupes dans laquelle on a trompé nos paysans, parmi lesquels, seule dans le dernier quart du siècle précédent, une minorité lucide, notamment celle de la Fédération Française de l’Agriculture (FFA) de notre ami Alexis Arette voyait plus loin que le bout du moteur de leurs tracteurs. Mais il fallait bien accepter les ukases des Allemands et des Britanniques et maintenant des Américains au lieu de défendre les intérêts vitaux d’une agriculture de qualité avec une politique raisonnable des prix.
Et que l’on ne vienne pas sur ce point nous resservir l’ineptie que j’ai si souvent entendue qu’il fallait bien des sacrifices agricoles, pour pouvoir… vendre nos airbus !   
Comme si la vente des avions européens avait jamais dépendu des prix de nos céréales et de nos viandes.
On ne saurait non plus nier sur la question la responsabilité de ce que l’on appelle « la grande distribution » qui est d’ailleurs, avec sa concentration autour de trois grandes centrales d’achat, une distribution bien plus socialiste que libérale dans l’achèvement d’un processus où la concurrence effrénée a tué la concurrence.
L’erreur dans toute cette affaire, c’est que les dirigeants de la politique et de l’économie ont voulu raisonner sur notre agriculture comme si la terre de France était structurellement comparable au « middle-west » américain.
Comme le disait très justement notre cher Georges Bernanos : « Jusqu’à preuve du contraire, l’intellectuel moderne est le plus grand imbécile que la terre ait jamais porté ». En l’occurrence, l’intellectuel imbécile, ce fut et ça demeure le technocrate.