Il y a bien des années, je
m’était délecté de ce que j’avais lu de cette œuvre magnifique qui, en six
volumes et quelques 1600 pages, balaye notre littérature depuis les premiers
textes en langue française jusqu’à Charles Péguy. J’avais eu tort de ne pas y
revenir. J’ai, ces temps-ci, beaucoup de mal à m’en détacher.
Paul Guth a concilié dans cette
fresque sa prodigieuse connaissance de nos écrivains, ses dons d’analyste et de
présentation des œuvres et des auteurs avec une constante allégresse de style,
des phrases délicieusement tournées, une finesse de pénétration psychologique
et de peinture des mœurs que pimente un humour toujours bellement ciselé.
Paul Guth naquit en 1910 à Ossun,
village de ma chère Bigorre entre Tarbes et Lourdes.
Il fut, en 1925, élève au lycée
Louis-le-Grand dans ce qu’il évoquait comme la « Khâgne des années
folles » avec pour condisciples notamment Georges Pompidou, Léopold Sédar
Senghgor, Aimé Césaire, Thierry Maulnier, Robert Brasillach, Maurice Bardèche,
Roger Ikor, qui se retrouveraient ensuite à Normale Sup.
Agrégé de lettres, Paul Guth fut
d’abord un professeur puis écrivain, tour à tour romancier, essayiste,
chroniqueur, mémorialiste, historien, pamphlétaire, journaliste aussi et même
animateur de radio.
Il suffit de rappeler qu’il fut président de
l’Académie des provinces françaises et qu’il anima la Société des poètes et
artistes de France pour que l’on se doute que ce grand amoureux des racines et
de l’histoire de notre peuple n’était pas du goût des zintellectuels de gôche
germanopratins et de la gauchisterie soixantuitarde.
Et d’ailleurs ce réactionnaire
assumé dénonçait sans complexe avec une grande drôlerie les cuistreries de
l’intellocratie régnante et ce qu’il considérait comme une affligeante
décadence.
Invité le 23 avril 1982 par
Philippe Bouvard à parler de la jeunesse il ne supporta guère, manifestement
épidermiquement révulsé, la présence sur le plateau d’un Cohn-Bendit vautré et
ricanant.
On comprends pourquoi l’œuvre de
Paul Guth, qui fut pourtant un modèle de professeur, n’est guère aujourd’hui
une référence dans la dite éducation si peu nationale de dame Najat
Vallaud-Belkacem. Et pourtant, quelle œuvre scintillante et quel modèle dans le
maniement de notre langue et des concepts !
L’histoire de la littérature
française de Paul Guth, achevée vers 1966, ne vieillit pas comme ont vieilli
les élucubrations des existentialistes, déconstructionnistes et autres
archéo-marxistes.
Bon, voilà ce que je voulais
simplement dire ici pour que vous ne ratiez pas l’achat des livres de Paul Guth
et surtout de l’œuvre que j’ai évoquée, si jamais, chez quelque bouquiniste, l’
occasion de les acquérir s’en présentait.
Rappel à Dieu de Michel Tournier, prix Goncourt en
1970.
Au moment de terminer ces lignes,
les medias nous apprennent la mort du grand écrivain Michel Tournier.
J’ai apprécié que, sans
commentaire venimeux, la journaliste de France-Inter chargée de l’évoquer ait
rappelé ce mardi matin sa véhémente opposition radicale à la loi Veil.
Elle a cité ses propos
d’insoumis : « Les avorteurs sont les continuateurs des
monstres d’Auschwitz … Je suis pour la condamnation à mort des avorteurs ».