Une étudiante de classe préparatoire à l’école des Chartes
m’apprend qu’un de ses professeurs d’histoire lui enseigne qu’on ne doit plus,
selon les directives des maîtres des programmes, nommer « grandes
invasions barbares », les arrivées de peuples germaniques et autres sur notre
sol au long des siècles du haut Moyen-Âge.
Il faut désormais les désigner comme des
« migrations » ; cé ti pas plus gentil comme ça !
Fini donc cette histoire affreuse où l’on enseignait à des
petits enfants terrorisés que les Alains, les Allamans, les Burgondes, les
Wisigoths et les Ostrogoths, les Huns et les Normands étaient des envahisseurs
barbares. Ouf ! Ils n’étaient donc que des peuples « en
migration ».
Ainsi en n’utilisant pas le terme
« invasion » pour désigner des phénomènes du passé sans doute
évitera-t-on de l’utiliser pour désigner des phénomènes actuels.
N’en déplaise aux méchants polémologistes, l’homme, en
réalité, n’est pas souvent un envahisseur mais d’abord un migrateur. Somme
toute, comme les hirondelles.
Ainsi les peuples des Huns et des Vandales puis les
cavaliers d’Allah de Mahomet étaient-ils simplement des migrateurs, et
migratrices aussi les populations de Tamerlan et de Gengis Khan et autres
paisibles turcs seldjoukides, tous si diffamés par les historiens xénophobes.
Faut-il préciser qu’il y a certes eu dans l’histoire une
invasion, abominable ? Celle des croisades ! Et pour la justifier, il
y a eu jusqu’à notre époque de malhonnêtes historiens colonialistes et
désinformateurs prétendant que les Seldjoukides ou encore le calife Al Hakim
avaient été de grands massacreurs et indicibles tortionnaires ; alors que
leurs migrations n’ont apporté que toutes les douceurs de l’Orient et de
l’humanisme mahométan.
Repentons-nous donc sans cesse d’avoir été des
envahisseurs et soyons toujours prêts à recevoir les migrateurs !