Je viens d’entendre à 13 h sur la radio citoyenne de
Patrick Cohen les commentaires sur les sujets proposés ce matin pour le bac (on
ne dit plus « baccalauréat, d’abord c’est trop long et puis, surtout, les
élèves d’origine portugaise croient que ça désigne l’art d’accommoder la
morue, « baccalao » en lusitanien»).Un des sujets proposés a été
« la vérité en politique ».
Le
commentateur n’a pas franchement pris parti pour l’exigence de vérité. Très
franchement plutôt, si l’on peut dire, pour le mensonge. Ainsi a-t-il
expliqué : « De Gaulle a crié en 1958 « Je vous ai
compris ! » à la foule du Forum d’Alger, c’était certes un mensonge
mais un mensonge utile ». Et il a ajouté « un mensonge qui
a sauvé l’Algérie ». (sic !)
De Gaulle, menteur ! Voilà du moins une vérité dite.
Mais « sauveur de l’Algérie », ce mensonge, il fallait tout de même
oser le proférer !
Mais
ce mensonge n’était-il pas utile pour renforcer ceux de François Hollande et de
nos ministres dans leur constante et déshonorante pratique de culpabilisation
de la France, et simultanément d’ailleurs, de la République qui leur est si
chère ?
Car,
après ses trois heures d’entretien récent, en tête à tête avec Bouteflika (il
faut le faire !), François Hollande n’a-t-il pas affirmé sérieusement que
ce dernier l’avait subjugué par la pénétration de sa pensée ?
Ainsi,
la lenteur des gestes du vieux dictateur, la fixité de son regard, l’extrême
lenteur de son débit verbal, non, ne vous y trompez pas, ça ne résulte pas d’un
AVC ! Croyez-en M. Hollande, les mots de Bouteflika sont dits lentement
parce que d’une infinie profondeur et sagesse dignes de celles des grandes
pythies.
Mais
trêve d’ironie : et si, par hasard, la vérité était qu’Hollande ne mentait
pas ? Et si elle était que, quoique plus agité, il était encore plus
intellectuellement diminué que son ami Bouteflika ? Au point, nous a-t-on
dit, d’avoir développé pour ce dernier les plus récentes grandes fulgurances de
prophétie géopolitique de leur ami commun Jacques Chirac.
PS :
À propos de vérité : un article dans le Figaro d’hier sur Vincent Lambert
de l’académicien Jean Clair. Ce dernier, sur le fond, n’est pas moins sévère
que moi à l’égard de Chantal Delsol et développe d’excellentes réflexions. Mais
où diable a-t-il été pêcher que « 40 000 à 45 000 malades mentaux furent
dans les hôpitaux, sous Vichy, condamnés à la mort lente par déshydratation et
dénutrition » ? Il ne donne sur cela aucune précision, aucune référence.
Dans quels hôpitaux d’inhumains médecins ont-ils pratiqué cette
abomination ?
Je
n’ai rien lu de tel dans les ouvrages d’Amouroux, de Robert Aron, d’Annie
Kriegel ou de François-Georges Dreyfus, ni dans les œuvres du Général De
Gaulle, et aucun des grands médecins résistants que j’ai connus ne m’a parlé de
cela.
La
vérité n’a pas besoin de contre-vérités en renfort de ses arguments. Je crains
que sur la question Jean Clair n’ait fait quelque fâcheuse confusion,
regrettable pour lui, avec l’élimination bien réelle, par injection, des
enfants handicapés en Allemagne nazie.