mercredi 24 juin 2015

Les Druzes et Israël.

À la fois peuple et religion comme il en est beaucoup en Orient, et notamment leurs « cousins » Alaouites issus eux aussi de dérivations du chiisme, les Druzes reviennent au premier plan de l’actualité conflictuelle du Proche-Orient.
Voici en effet que les Druzes d’Israël manifestent avec vigueur sur le Golan qu’ils n’accepteront pas le massacre de leurs frères en Syrie.

Ce petit peuple qui ne peut guère être défini comme musulman (pas de Coran, pas de mosquées, pas de polygamie, pas de prosélytisme) est façonné totalement par une religion à deux niveaux, ésotérique, syncrétique, gnostique dont seuls des sortes de parfaits, comme jadis chez les cathares, connaissent la plénitude des secrets initiatiques.
Les Druzes ne sont pas nombreux, et ne veulent pas l’être (l’enfant chez eux est rare). Comme toutes les minorités, menacées dans le monde islamique, ils se sont établis de préférence dans des zones montagneuses où ils peuvent se défendre. Ils ont cultivé séculairement des grandes qualités guerrières et aussi de cruauté et d’atrocités telles qu’au Liban lors de leurs massacres de maronites en 1860 et dans les années 1980.

Pour survivre ils s’allient traditionnellement aux puissances dominantes, fussent-elles en guerre. Ainsi sont-ils presque toujours assurés d’être dans le camp des vainqueurs. Ce fut le cas lors de la bataille des Pyramides en 1798. Ils y avait des Druzes avec Bonaparte, d’autres avec les mamelouks. Lorsque le vent de la victoire souffla pour le premier, les Druzes des mamelouks rejoignirent leurs frères dans le camp français.
Les Druzes vivent aujourd’hui essentiellement en Syrie (700 000), au Liban (120 000), en Israël (136 000).
En Syrie, ils sont globalement avec le régime selon la logique d’alliance des minorités face à la majorité sunnite.
En Israël, ils constituent une minorité précieuse pour l’État qui y recrute nombre de policiers et de militaires, et même des officiers supérieurs et aussi un ministre.
Mais, quoique de part et d’autre d’une frontière et appartenant à des États officiellement en guerre (Syrie-Israël) et même à leurs armées adverses, les Druzes affirment leur solidarité trans-étatique et trans-frontalière. Ceux d’Israël n’admettent pas que leurs frères de Syrie soient livrés au massacre. Ils exigent donc qu’Israël les défende. Cela manifeste combien la guerre de conquête de l’État islamique et autres forces jihâdistes est désormais arrivée aux frontières d’Israël (comme du Liban).
Or, jusqu’à présent Israël avait comme principal ennemi sur sa frontière nord le Hezbollah chiite encadré et financé par l’Iran et allié du régime syrien.
La menace jihâdiste sur les Druzes de Syrie modifie fortement la donne.

Pouvait-il d’ailleurs durablement en être autrement ? Pouvait-on penser sérieusement que l’État islamique ne viendrait pas tôt ou tard, inéluctablement, se heurter à Israël, l’ennemi absolu ? Avec pour objectif de se rallier ainsi beaucoup de sympathies parmi les masses musulmanes qui rêvent de la libération de Jérusalem et de toute la Palestine.

Le calife Abu-Bakr al Bagdadi a tué ou chassé les chrétiens de toutes les terres de ses conquêtes. Son but est d’en faire autant avec les Juifs. Ce sera certes une affaire autrement difficile et périlleuse pour le calife fou. Mais Israël ne pourra faire l’économie de cette guerre.