Pour
certains, il est inutile de dénoncer le système de théocratie totalitaire
fondée par Mahomet, il est absurde de considérer la perniciosité de
l’exemplarité de sa vie. En effet, selon eux, Mahomet n’a pas existé.
Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de perdre du temps
sur les contradictions du Coran ou sur les cruautés des Hadîths puisque ce sont
des livres qui auraient été en quelque sorte tardivement fabriqués sur un
postulat historique imaginaire.
Nous
n’avons pas les compétences historiques, archéologiques, linguistiques pour
juger de cette thèse. Mais nous avons un peu de logique pour en peser ce
qu’elle implique. Tout d’abord, s’il s’agit d’une répétition du gag selon
lequel ni Homère ni Shakespeare n’auraient
existé mais auraient été des hommes signant leurs œuvres l’un Homère et le
second Shakespeare, ce n’est évidemment pas sérieux.
Mais
si vraiment Mahomet ou l’homme évoqué par ce nom n’a pas existé, alors quid de
ses immédiats successeurs (« califes ») et notamment d’Ali et de
Moawiya ? Et du grand éclatement (chiites – sunnites) qu’a engendré leur affrontement ? Et
quid donc de la dynastie des Omeyyades ? Pour les partisans de la
non-existence, il faut évidemment expliquer comment a pu se faire une immédiate
continuité califale et historique, tout de même irréfutable, d’un Mahomet
imaginaire.
Car
c’est en moins de 20 ans après la mort, virtuelle donc, de ce Mahomet imaginé
que vont se succéder ses quatre califes qui vont mener des conquêtes vraiment
pas imaginaires. Certes si la preuve était établie de ce que Mahomet n’a pas
existé et qu’il n’a donc pas transmis le Coran, et que cela se répande de plus
en plus dans le monde islamique, cela évidemment pourrait être d’une importance
capitale.
Mais
attention ,que l’on ne s’en tire pas en nous racontant que ce que l’on veut
nous dire, c’est que Mahomet n’a pas été exactement le personnage tel que
décrit dans les Hadîths et la Sira. Ça, on s’en doute ! Et d’ailleurs il
n’y a pas qu’en islam que l’hagiographie se fait souvent légende. Non ,affirmer
que Mahomet (ou Muhammad ou Ahmed) n’a pas existé, c’est affirmer qu’il n’est
pas né, et qu’il n’est donc pas mort, que rien n’est vrai de son histoire, ni
de l’histoire de sa succession, que tout a dû commencer avec des politiques
géniaux à la fois falsificateurs et créateurs.
En
attendant, pour notre part nous considérons l’islam tel qu’il se présente
depuis plus d’un millénaire sur la base de ses textes fondateurs (Coran d’abord, Hadîths ensuite) sur lesquels
s’accordent à peu près tous les musulmans (avec certes des différences sur les
hadîths entre sunnites et chiites, dont ces derniers sont toujours de grands
inventeurs.
Ce
qui nous importe, c’est le Mahomet tel que les musulmans le connaissent, le
personnage qui depuis plus de treize siècles est pour eux à la fois le messager
d’Allah, le fondateur de l’oumma et de la charia, le modèle en toutes choses de
la vie de chacun sous le regard de tous.
Selon
nous, qui n’avons pas les preuves pour affirmer que ce Mahomet-là n’a pas
existé, le possible et le nécessaire c’est d’appeler à interpréter dans leur
contexte historico-religieux les textes qui le décrivent et à voir combien le
Coran est un texte « humain, trop humain », comme disait Nietzsche, et même inhumain …
Et
d’observer très objectivement la radicale, irréfutable et absolue différence de
nature entre Mahomet, ce politique totalitaire et législateur impitoyable, ce
guerrier cruel et massacreur, et la personne du Christ qui n’est que foi et
amour.
Hélas, pour l’heure comme dans les siècles écoulés, c’est
la véracité de la non-existence de Mahomet qui n’existe pas !
Bernard
Antony