mercredi 11 février 2015

Mahomet comme Homère ou Shakespeare ?


Pour certains, il est inutile de dénoncer le système de théocratie totalitaire fondée par Mahomet, il est absurde de considérer la perniciosité de l’exemplarité de sa vie. En effet, selon eux, Mahomet n’a pas existé.

Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de perdre du temps sur les contradictions du Coran ou sur les cruautés des Hadîths puisque ce sont des livres qui auraient été en quelque sorte tardivement fabriqués sur un postulat historique imaginaire.

Nous n’avons pas les compétences historiques, archéologiques, linguistiques pour juger de cette thèse. Mais nous avons un peu de logique pour en peser ce qu’elle implique. Tout d’abord, s’il s’agit d’une répétition du gag selon lequel ni Homère ni  Shakespeare n’auraient existé mais auraient été des hommes signant leurs œuvres l’un Homère et le second Shakespeare, ce n’est évidemment pas sérieux.

Mais si vraiment Mahomet ou l’homme évoqué par ce nom n’a pas existé, alors quid de ses immédiats successeurs (« califes ») et notamment d’Ali et de Moawiya ? Et du grand éclatement (chiites – sunnites)  qu’a engendré leur affrontement ? Et quid donc de la dynastie des Omeyyades ? Pour les partisans de la non-existence, il faut évidemment expliquer comment a pu se faire une immédiate continuité califale et historique, tout de même irréfutable, d’un Mahomet imaginaire.

Car c’est en moins de 20 ans après la mort, virtuelle donc, de ce Mahomet imaginé que vont se succéder ses quatre califes qui vont mener des conquêtes vraiment pas imaginaires. Certes si la preuve était établie de ce que Mahomet n’a pas existé et qu’il n’a donc pas transmis le Coran, et que cela se répande de plus en plus dans le monde islamique, cela évidemment pourrait être d’une importance capitale.

Mais attention ,que l’on ne s’en tire pas en nous racontant que ce que l’on veut nous dire, c’est que Mahomet n’a pas été exactement le personnage tel que décrit dans les Hadîths et la Sira. Ça, on s’en doute ! Et d’ailleurs il n’y a pas qu’en islam que l’hagiographie se fait souvent légende. Non ,affirmer que Mahomet (ou Muhammad ou Ahmed) n’a pas existé, c’est affirmer qu’il n’est pas né, et qu’il n’est donc pas mort, que rien n’est vrai de son histoire, ni de l’histoire de sa succession, que tout a dû commencer avec des politiques géniaux à la fois falsificateurs et créateurs.

En attendant, pour notre part nous considérons l’islam tel qu’il se présente depuis plus d’un millénaire sur la base de ses textes fondateurs  (Coran d’abord, Hadîths ensuite) sur lesquels s’accordent à peu près tous les musulmans (avec certes des différences sur les hadîths entre sunnites et chiites, dont ces derniers sont toujours de grands inventeurs. 

Ce qui nous importe, c’est le Mahomet tel que les musulmans le connaissent, le personnage qui depuis plus de treize siècles est pour eux à la fois le messager d’Allah, le fondateur de l’oumma et de la charia, le modèle en toutes choses de la vie de chacun sous le regard de tous.

Selon nous, qui n’avons pas les preuves pour affirmer que ce Mahomet-là n’a pas existé, le possible et le nécessaire c’est d’appeler à interpréter dans leur contexte historico-religieux les textes qui le décrivent et à voir combien le Coran est un texte « humain, trop humain », comme disait Nietzsche, et même inhumain …

Et d’observer très objectivement la radicale, irréfutable et absolue différence de nature entre Mahomet, ce politique totalitaire et législateur impitoyable, ce guerrier cruel et massacreur, et la personne du Christ qui n’est que foi et amour.

Hélas, pour l’heure comme dans les siècles écoulés, c’est la véracité de la non-existence de Mahomet qui n’existe pas !


Bernard Antony