mardi 28 octobre 2014

Ni même patagon !


Aucune des initiatives que j’ai fondées, du moins tant que je les ai présidées, n’a reçu le moindre argent en provenance d’un État étranger (ni d’ailleurs de l’État français !). Ni argent russe, ni américain, ni israélien, ni turc, ni iranien ou de quelque pays arabe ou d’Afrique que ce soit, ni argent monégasque, non, aucun argent d’aucun pays, ni même patagon dont la monnaie fictive est par le fait la plus stable.

Sur cette question de l’argent des États étrangers, j’ai d’ailleurs quelques souvenirs à raconter. En voici deux :
- Dans les années 75, j’avais un bon ami, diplomate à l’ambassade d’Afrique du Sud, que j’avais rencontré à l’occasion de rencontres sportives entre équipes de rugby. C’était au temps de l’apartheid dont je n’étais pas du tout un admirateur et dont je savais qu’il ne tiendrait pas. Mais, si j’étais pour l’évolution inéluctable de ce beau et grand pays, je n’étais pas pour une révolution et je défendais, et je défends toujours, la reconnaissance de ce que les européens, en fait premiers occupants, y ont apporté et bâti.
Mon ami s’appelait Glenn Bab et il devint d’ailleurs le premier ministre des Affaires Étrangères du régime de Nelson Mandela. Cet homme affable, rieur et qui aimait la France, ses fromages et ses vins, eut quand même, qu’il me pardonne, le défaut de devenir aussi naïvement antiraciste qu’il avait été naïvement raciste. Il est vrai que ce huguenot trouvait toujours dans la Bible force citations pour justifier ses positions successives.
Il me confia un jour son étonnement devant le fait que, dirigeant le mensuel Présent et le groupe militant du même nom, je ne lui avais jamais demandé une aide éventuelle. À la différence, me dit-il, des groupes nationalistes venant sonner à la porte de l’ambassade dans l’espoir d’un peu d’appoint aux maigres rentrées des cotisations. Je ne lui ai pas demandé ce qu’il en était ensuite de ces sollicitations. En revanche, je lui exprimais mon principe de patriote français de ne jamais accepter le moindre argent d’un autre pays, si sympathique soit-il.
Il me dit qu’il s’attendait à cette réponse, mais que je pourrais tout de même accepter son invitation à boire avec lui et ses amis quelques bouteilles des excellents vins du vignoble du Cap. Ce que je fis en effet sans rechigner mais non sans inviter Glenn chez moi pour y déguster avec le professeur de droit constitutionnel Montané de la Roque, fervent rugbyman par ailleurs, quelques-unes de mes meilleures bouteilles de Bordeaux.

- La seconde anecdote est celle que j’ai vécu il y a plus de trente ans à l’ambassade d’Arabie Saoudite alors que j’étais pour quelque temps le directeur de Présent devenu quotidien et que j’avais sollicité une rencontre. Les présentations faites, autour d’un excellent café, mon aimable interlocuteur formula aussitôt, très finement, l’intérêt de son ambassade pour notre estimable journal, me suggérant une bienveillante attention de leur part si nous nous faisions l’écho de leur sage ligne politique. Je lui manifestais donc ma meilleure attention en tenant par courtoisie à lui exprimer tout de même d’emblée pourquoi j’étais si heureux de cette bonne prise de contact puisque, plus encore que le développement de Présent, le projet qui me tenait à cœur était celui de la construction d’une cathédrale à La Mecque, pour lequel j’attendais qu’il me facilite les premières démarches…
Sur le choc de cette demande, l’homme qui avait de belles dents blanches n’avala pas le dentier qu’il n’avait pas, mais sa déglutition d’évidence n’en fut pas moins très hocqueteuse. Il se ressaisit vite pour me signifier, certes très poliment,  l’impossibilité de satisfaire à cette inimaginable demande. Je fis semblant de m’étonner et d’être bien navré de sa réponse.
Et c’est ainsi que, sans désespérer, malgré notre banderole « Une cathédrale à La Mecque », pour le moment, le dossier n’avance guère. D’autant que le magnificent prince Bin Talal al Walid, qui a financé les salles d’art islamique au Louvre, n’a toujours pas répondu à ma lettre où je lui demandais de m’aider pour créer un musée d’art chrétien à Ryad, Taëf ou Djedda.
Dans le même registre relationnel, je sais bien, je vois bien que, aujourd’hui, la petite mère Russie n’est pas avare de gentillesses pour ceux qui l’aiment beaucoup.
Moi, je ne la hais pas du tout et j’en admire la culture et notamment ses grands écrivains de dimension universelle. Mais de l’argent de l’État russe pour nous récompenser du bien systématique que nous dirions de la politique du pays, non merci ! L’indépendance n’a pas de prix. Et je dirais cela de la même manière pour toute « générosité » venant pour quelque parti que ce soit de quelque pays que ce soit. Mais évidemment, lorsqu’il s’agit de fonds venant du Qatar, du Pakistan ou de l’Iran cher à Dieudonné et hélas quelques autres, ça me paraît vraiment abominable. Pour ce qui est de nous, au long des années, Chrétienté-Solidarité et Reconquête n’ont jamais reçu que l’argent des adhérents, des abonnés et des amis. Et c’est nous qui avons inlassablement distribué à l’étranger l’argent des généreux parrains pour les petits enfants chrétiens des pays sinistrés par l’islam de la charia et du jihâdisme.

PS : Demain, ce sera notre émission de la Réplique sur Radio-Courtoisie. Cécile Montmirail, Vivien Hoch, Jérôme Triomphe, Christophe Bilek, le pasteur Saïd et Pierre Henri en seront les animateurs avec moi pour l’une ou l’autre des deux séquences.