Aucune des initiatives que j’ai fondées, du moins tant que
je les ai présidées, n’a reçu le moindre argent en provenance d’un État
étranger (ni d’ailleurs de l’État français !). Ni argent russe, ni
américain, ni israélien, ni turc, ni iranien ou de quelque pays arabe ou
d’Afrique que ce soit, ni argent monégasque, non, aucun argent d’aucun pays, ni
même patagon dont la monnaie fictive est par le fait la plus stable.
Sur
cette question de l’argent des États étrangers, j’ai d’ailleurs quelques
souvenirs à raconter. En voici deux :
-
Dans les années 75, j’avais un bon ami, diplomate à l’ambassade d’Afrique du
Sud, que j’avais rencontré à l’occasion de rencontres sportives entre équipes
de rugby. C’était au temps de l’apartheid dont je n’étais pas du tout un
admirateur et dont je savais qu’il ne tiendrait pas. Mais, si j’étais pour
l’évolution inéluctable de ce beau et grand pays, je n’étais pas pour une
révolution et je défendais, et je défends toujours, la reconnaissance de ce que
les européens, en fait premiers occupants, y ont apporté et bâti.
Mon
ami s’appelait Glenn Bab et il devint d’ailleurs le premier ministre des
Affaires Étrangères du régime de Nelson Mandela. Cet homme affable, rieur et
qui aimait la France, ses fromages et ses vins, eut quand même, qu’il me
pardonne, le défaut de devenir aussi naïvement antiraciste qu’il avait été
naïvement raciste. Il est vrai que ce huguenot trouvait toujours dans la Bible
force citations pour justifier ses positions successives.
Il
me confia un jour son étonnement devant le fait que, dirigeant le mensuel
Présent et le groupe militant du même nom, je ne lui avais jamais demandé une
aide éventuelle. À la différence, me dit-il, des groupes nationalistes venant
sonner à la porte de l’ambassade dans l’espoir d’un peu d’appoint aux maigres
rentrées des cotisations. Je ne lui ai pas demandé ce qu’il en était ensuite de
ces sollicitations. En revanche, je lui exprimais mon principe de patriote
français de ne jamais accepter le moindre argent d’un autre pays, si
sympathique soit-il.
Il
me dit qu’il s’attendait à cette réponse, mais que je pourrais tout de même
accepter son invitation à boire avec lui et ses amis quelques bouteilles des
excellents vins du vignoble du Cap. Ce que je fis en effet sans rechigner mais
non sans inviter Glenn chez moi pour y déguster avec le professeur de droit
constitutionnel Montané de la Roque, fervent rugbyman par ailleurs,
quelques-unes de mes meilleures bouteilles de Bordeaux.
-
La seconde anecdote est celle que j’ai vécu il y a plus de trente ans à
l’ambassade d’Arabie Saoudite alors que j’étais pour quelque temps le directeur
de Présent devenu quotidien et que j’avais sollicité une rencontre. Les
présentations faites, autour d’un excellent café, mon aimable interlocuteur formula
aussitôt, très finement, l’intérêt de son ambassade pour notre estimable
journal, me suggérant une bienveillante attention de leur part si nous nous
faisions l’écho de leur sage ligne politique. Je lui manifestais donc ma
meilleure attention en tenant par courtoisie à lui exprimer tout de même
d’emblée pourquoi j’étais si heureux de cette bonne prise de contact puisque,
plus encore que le développement de Présent, le projet qui me tenait à cœur
était celui de la construction d’une cathédrale à La Mecque, pour lequel
j’attendais qu’il me facilite les premières démarches…
Sur
le choc de cette demande, l’homme qui avait de belles dents blanches n’avala
pas le dentier qu’il n’avait pas, mais sa déglutition d’évidence n’en fut pas
moins très hocqueteuse. Il se ressaisit vite pour me signifier, certes très
poliment, l’impossibilité de satisfaire
à cette inimaginable demande. Je fis semblant de m’étonner et d’être bien navré
de sa réponse.
Et
c’est ainsi que, sans désespérer, malgré notre banderole « Une cathédrale
à La Mecque », pour le moment, le dossier n’avance guère. D’autant que le
magnificent prince Bin Talal al Walid, qui a financé les salles d’art islamique
au Louvre, n’a toujours pas répondu à ma lettre où je lui demandais de m’aider
pour créer un musée d’art chrétien à Ryad, Taëf ou Djedda.
Dans
le même registre relationnel, je sais bien, je vois bien que, aujourd’hui, la
petite mère Russie n’est pas avare de gentillesses pour ceux qui l’aiment
beaucoup.
Moi,
je ne la hais pas du tout et j’en admire la culture et notamment ses grands
écrivains de dimension universelle. Mais de l’argent de l’État russe pour nous
récompenser du bien systématique que nous dirions de la politique du pays, non
merci ! L’indépendance n’a pas de prix. Et je dirais cela de la même
manière pour toute « générosité » venant pour quelque parti que ce
soit de quelque pays que ce soit. Mais évidemment, lorsqu’il s’agit de fonds
venant du Qatar, du Pakistan ou de l’Iran cher à Dieudonné et hélas quelques
autres, ça me paraît vraiment abominable. Pour ce qui est de nous, au long des
années, Chrétienté-Solidarité et Reconquête n’ont jamais reçu que l’argent des
adhérents, des abonnés et des amis. Et c’est nous qui avons inlassablement
distribué à l’étranger l’argent des généreux parrains pour les petits enfants
chrétiens des pays sinistrés par l’islam de la charia et du jihâdisme.
PS :
Demain, ce sera notre émission de la Réplique sur Radio-Courtoisie. Cécile
Montmirail, Vivien Hoch, Jérôme Triomphe, Christophe Bilek, le pasteur Saïd et
Pierre Henri en seront les animateurs avec moi pour l’une ou l’autre des deux
séquences.