On apprend que ce pape pressé
viendra, en un temps record de moins de quatre heures, parler au Parlement
Européen puis au Conseil de l’Europe le 25 novembre prochain, en quelque sorte
sans aucun contact avec le pays où son avion se posera.
Le déplacera-t-on d’ailleurs en
voiture ou en hélicoptère ? Dans ce cas, avec un tapis bien nettoyé entre
l’aéronef et l’hélico, cela lui éviterait de devoir poser ses bottines sur le
sol alsacien.
Certains trouveront peut-être que
cette visite éclair au « pays légal » européen ne témoigne pas d’un
grand intérêt pour le pays réel. Il est vrai que François veut peut-être se
démarquer du style très enraciné de son émérite voisin au Vatican, le pape
Benoît XVI.
Car ce dernier, bien que grand
et lumineux intellectuel ( ce que lui, François, n’est guère), aimait
volontiers vider un grand bock de bière bavaroise à la manière des gens de son
pays, sans craindre de se faire photographier avec son bon et doux sourire tout
à la joie d’une bonne lampée dans la moussante cervoise.
Nul doute qu’en visite en la
splendide ville de Strasbourg il eut bien sûr exprimé le vœu d’aller contempler
et prier dans la cathédrale, ce joyau universel de l’art gothique en Alsace.
Et peut-être aurait-il été
ensuite fort heureux de pouvoir se désaltérer et grignoter une saucisse dans la
splendide maison Kammerzel (XV° siècle) qui la jouxte.
François, lui, se nourrira dans
l’avion d’un plateau-repas bien conditionné. Sa mystique, nous dit-on, n’est
pas en effet particulièrement celle des noces de Canaa.
Certes, il est bien qu’un pape ne
fasse pas la noce ! Mais tout de même pour quelqu’un qui veut aller aux
peuples et même aux périphéries, pourquoi ne pas se risquer à aller boire un
petit verre de rouge d’Otrott, dans une de ces dernières winstubs, précisément
à la périphérie de ces quartiers d’où l’on a expulsé la vieille Alsace. Pour
cause de charia triomphante en application certes des textes de paix et d’amour
du Coran selon « la religion authentique »…
Oui, cher François, puisque tu ne
cesses de nous demander de parler simple et franc, de ne pas hésiter à
protester, nous t’obéissons et te disons que tu nous chagrines un peu.
Modifie donc un peu le programme.
Et viens voir comme l’Alsace de sainte Odile est belle !
PS : Un de mes
meilleurs amis bretons, à ses heures un brin bougon, me faisait, il y a peu,
gentiment le reproche d’être tombé moi aussi, une fois, dans le travers de
parler de moi (ou plutôt de ma famille) sur mon blog.
Or, je ne crois pas que ce que
j’écris doive être toujours totalement déconnecté de ma vie personnelle et
familiale. Pour autant, sans aucun étalage de complaisance.
Comment, en effet, ne
parlerais-je pas de mon pays réel à moi ?
Dans la même veine, ce matin, un
autre de mes amis, défenseur vigilant de l’institution de la papauté,
s’étonnait de ce que je lui exprimais sur l’annonce du voyage de François en
« euroland ». Un brin jacobin, un peu dédaigneux de la France des
clochers et des terroirs, il s’étonnait de découvrir chez moi une fibre
alsacienne.
Je lui ai répondu quelle joie
avait été la mienne, quinze ans durant, lors des journées de session au
Parlement Européen, de me retrouver quelquefois, pour y passer la nuit, au
monastère du Mont Sainte-Odile qui est le haut lieu de l’Alsace.
J’ai en effet en mon cœur une
forte fibre de fidélité alsacienne : celle que me donna ma grand-mère
paternelle Marie-Henriette Antony issue d’une famille de fervents patriotes
alsaciens catholiques et français, n’ayant pas accepté en 1870 l’occupation
allemande.
Ma pauvre grand-mère, si pieuse,
n’aurait pas été contente de voir s’installer d’autres occupants, pas du tout
chrétiens ceux-là, sur sa terre natale rendue à la France.
Et qu’aurait-elle dit
aujourd’hui, elle si papiste, à la nouvelle de ce que le successeur de Saint
Pierre venant en sa chère Alsace n’aurait même pas prévu une petite paire
d’heures pour aller prier dans sa chère cathédrale et marcher un peu dans la
« Petite France » qui est peut-être le plus beau quartier de nos
capitales provinciales que je connaisse ?
Prions donc pour que François
change un peu son programme.