Tout le monde commémore Jean Jaurès. De Mélenchon à Steeve
Briois. Déjà, l’homme était vénéré aussi bien par Léon Blum que par l’ex.
intellectuel du parti socialiste, Marcel Déat, passé avec beaucoup d’autres
après 1940 à la collaboration, qui voyaient en Jaurès un modèle pour une
véritable Révolution nationale… (et socialiste) plus vigoureuse que celle du
Maréchal Pétain.
Chacun,
il est vrai, peut trouver quelque chose qui lui convient dans l’immense
production de Jaurès et la diversité de ses positions. Jaurès est ainsi depuis
longtemps laïquement canonisé et panthéonisé.
Ce
pauvre Hollande a donc cru bon de faire un nouveau pèlerinage à Carmaux pour
implorer les mânes de Jaurès, dans l’espérance du miracle qui seul pourrait
sauver désormais le rafiot socialiste et lui avec, pauvre capitaine de plus en
plus hébété.
Las,
la population carmausine, que je connais bien, n’apprécie plus ce genre de
pèlerin. Elle ne peut plus chanter aujourd’hui comme jadis avec un Jaurès aviné et rougeaud,
dansant sur la table, une carmagnole appelant à aller chercher du pain chez la
voisine.
Le
pain, il est vrai, à l’époque c’était tout de même la grande famille des
industriels de Carmaux et d’Albi, les Solages, qui le leur avait apporté. J’ai
rappelé cela dans mon « Jaurès : le mythe et la réalité ».
(1)
Hollande,
lui, ils le savent, ne peut rien leur apporter sinon de sa confiture de bredouillis.
Il n’a pas intérêt à revenir. Jaurès ne peut être un bon intercesseur pour le
sauver de la lanterne carmausine où ils le pendraient volontiers. D’ailleurs où
est le panthéiste Jaurès aujourd’hui ? Lui qui ne croyait après la mort
qu’à la dispersion des esprits dans le vague « grand tout » des
gnostiques.
1) : cf. « Jean Jaurès : le mythe et la réalité » de Bernard Antony, à commander au Centre Charlier, 70 boulevard Saint-Germain, 75005 PARIS, 30 € franco de port.