vendredi 7 mars 2014

Présent : Jeanne Smits « remerciée ». Des chiffres et des lettres et de « l’esprit » : là sont les questions.

 

Ce mercredi dernier, 5 mars, à la une de Présent, l’information de ce que Jeanne Smits, directrice-gérante, a été « remerciée » de son poste.

Papier signé de M. Raphaël Dubrule, personne que je ne connais guère, ne l’ayant rencontré qu’une seule fois, à Toulon, au hasard d’un hôtel, pour des propos cordiaux de simple politesse.

Voilà bien longtemps que si je m’intéresse toujours à la lettre de Présent, c’est-à-dire aux articles, je ne sais rien ou pas grand’chose de ses chiffres, c’est-à-dire de ses ventes, abonnements et état financier. Seulement la lecture régulière de ce qu’il manquait beaucoup d’abonnements pour assurer la survie.

J’ai appris ces jours derniers que l’essentiel des parts de la SARL de gestion était détenue par une « structure » appelée « Présent militants ». Pour ma part, il y a bien longtemps, au siècle dernier, j’avais cédé mes parts à la SARL, ayant déchiré le chèque de leur montant dont j’ai - je ne sais pourquoi, sentimentalement sans doute - conservé les deux morceaux.

À l’évidence, la structure « Présent militants » était plus une dénomination financière qu’une association véritablement d’action militante… Je n’ai en effet jamais eu vent de ses actions.

Sur les chiffres.
Je n’ai strictement aucune raison, aucune autorité, ni mission ni information pour commenter la situation financière de la SARL Présent présentée par M. Dubrule comme « à nouveau dégradée » malgré les décisions de novembre 2013, écrit-il en substance. Dégradation donc en quelques trois mois. C’est là, lisons-nous, la raison du « remerciement » de Jeanne Smits ?

Il n’appartient naturellement qu’à cette dernière de réagir ou non à cette décision.

Sur les « lettres ».
En revanche, je crois de mon devoir non seulement d’ami de Jeanne Smits mais aussi d’ami (et plus que cela !…) du journal Présent d’exprimer ce que je pense sur la forme d’annonce de cette mesure. Tout simplement elle me choque, elle me navre. Elle ne se présente que comme un minimum syndical de politesse formelle. C’est la manière d’un congédiement patronal brutal dans les entreprises peu regardantes sur les relations humaines ou alors que l’on signifie ainsi pour de très graves motifs.

Cela est triste dans un journal qui naquit dans le Centre Charlier autour de l’idée d’Amitié Française. Rappelons ici que cette idée que j’ai sans cesse mise en acte ne signifie pas le rassemblement de courants contraires mais la rencontre, par-delà leurs différences secondaires, d’hommes ou d’organisations en accord sur les valeurs fondamentales de la civilisation française et chrétienne, celles du Décalogue, c’est-à-dire du respect de la vie, de la famille, de la piété filiale, donc de la patrie, sans aucune complaisance pour les totalitarismes ou racismes d’hier ou d’aujourd’hui. Ni pour la franc-maçonnerie, fût-elle dite de droite.

L’amitié que j’ai pour Jeanne Smits et la considération a priori que j’ai pour lui m’imposent d’exprimer ici à M. Dubrule ma consternation devant le manque d’élégance dans l’expression de ce congédiement de Jeanne Smits décidé par la SARL. Non, ce n’est pas ainsi que l’on peut annoncer publiquement l’éviction de sa direction d’une journaliste aussi talentueuse (la meilleure de Présent selon moi) aussi travailleuse et aussi honnête que Jeanne Smits.

Quid de Présent ? 
Ô certes, j’ai toujours été sur une position de bienveillance à l’égard de Présent. Heureux d’y retrouver fréquemment, outre ceux de Jeanne Smits, les articles des trois ou quatre bonnes plumes régulières de ce journal et aussi de quelques brillants collaborateurs épisodiques. Je n’étais certes pas enthousiasmé par d’autres écrits, les uns besogneux, les autres superficiels voire quelquefois déontologiquement contestables, d’autres encore sympathiques mais à la longue un peu fastidieux car par trop enkystés dans la constante d’une euphorie meringuée dédaigneuse des analyses de la réalité.

Après le décès de Jean Madiran, une page de l’histoire de Présent me semble se fermer. Nous verrons la suite. La dernière fois que je vis Jean Madiran, c’était lors de sa dernière retraite pour la semaine sainte, au monastère Sainte-Marie de Lagarde fondé par les moines du Barroux près d’Agen. À la sortie de l’office du Vendredi Saint, il prononça les derniers mots que j’entendis de lui, avec mon épouse et quelques membres de ma famille. En me donnant l’accolade bénédictine, il exprima à mon endroit les propos d’amitié et d’accord avec mes idées et mes orientations, ce qu’il disait d’ailleurs fréquemment à Jeanne.

Mais surtout il me demanda de continuer à la soutenir. Ce à quoi je crois n’avoir pas manqué.

 Et je continuerai autant que je le puis. Et je continuerai à soutenir en effet Présent s’il demeure dans l’esprit catholique de sa fondation méditée lors des universités d’été du Centre Charlier à Fanjeaux et au Mesnil-Saint-Loup, et chez moi aussi avec Jean Madiran dont j’ai évidemment conservé une sorte de lettre résumant notre « feuille de route » qu’il m’envoya alors.


Je n’imagine donc pas Présent sans que Jeanne Smits n’y conserve toute la place que mérite son talent et la fidélité à l’esprit de sa fondation qu’exprimait déjà avant sa naissance Itinéraires et le mensuel Présent.