Ce mercredi dernier, 5 mars, à la une de Présent,
l’information de ce que Jeanne Smits, directrice-gérante, a été
« remerciée » de son poste.
Papier signé de M. Raphaël Dubrule, personne que je ne
connais guère, ne l’ayant rencontré qu’une seule fois, à Toulon, au hasard d’un
hôtel, pour des propos cordiaux de simple politesse.
Voilà
bien longtemps que si je m’intéresse toujours à la lettre de Présent,
c’est-à-dire aux articles, je ne sais rien ou pas grand’chose de ses chiffres,
c’est-à-dire de ses ventes, abonnements et état financier. Seulement la lecture
régulière de ce qu’il manquait beaucoup d’abonnements pour assurer la survie.
J’ai
appris ces jours derniers que l’essentiel des parts de la SARL de gestion était
détenue par une « structure » appelée
« Présent militants ». Pour ma part, il y a bien longtemps, au siècle
dernier, j’avais cédé mes parts à la SARL, ayant déchiré le chèque de leur
montant dont j’ai - je ne sais pourquoi, sentimentalement sans doute - conservé
les deux morceaux.
À
l’évidence, la structure « Présent militants » était plus une dénomination
financière qu’une association véritablement d’action militante… Je n’ai en
effet jamais eu vent de ses actions.
Sur
les chiffres.
Je
n’ai strictement aucune raison, aucune autorité, ni mission ni information pour
commenter la situation financière de la SARL Présent présentée par M. Dubrule
comme « à nouveau dégradée » malgré les décisions de novembre 2013,
écrit-il en substance. Dégradation donc en quelques trois mois. C’est là,
lisons-nous, la raison du « remerciement » de Jeanne Smits ?
Il
n’appartient naturellement qu’à cette dernière de réagir ou non à cette
décision.
Sur
les « lettres ».
En revanche, je crois de mon devoir non seulement d’ami de
Jeanne Smits mais aussi d’ami (et plus que cela !…) du journal Présent
d’exprimer ce que je pense sur la forme d’annonce de cette mesure. Tout
simplement elle me choque, elle me navre. Elle ne se présente que comme un
minimum syndical de politesse formelle. C’est la manière d’un congédiement
patronal brutal dans les entreprises peu regardantes sur les relations humaines
ou alors que l’on signifie ainsi pour de très graves motifs.
Cela
est triste dans un journal qui naquit dans le Centre Charlier autour de l’idée
d’Amitié Française. Rappelons ici que cette idée que j’ai sans cesse mise en
acte ne signifie pas le rassemblement de courants contraires mais la rencontre,
par-delà leurs différences secondaires, d’hommes ou d’organisations en accord
sur les valeurs fondamentales de la civilisation française et chrétienne,
celles du Décalogue, c’est-à-dire du respect de la vie, de la famille, de la
piété filiale, donc de la patrie, sans aucune complaisance pour les
totalitarismes ou racismes d’hier ou d’aujourd’hui. Ni pour la
franc-maçonnerie, fût-elle dite de droite.
L’amitié
que j’ai pour Jeanne Smits et la considération a priori que j’ai pour lui
m’imposent d’exprimer ici à M. Dubrule ma consternation devant le manque
d’élégance dans l’expression de ce congédiement de Jeanne Smits décidé par la
SARL. Non, ce n’est pas ainsi que l’on peut annoncer publiquement l’éviction de
sa direction d’une journaliste aussi talentueuse (la meilleure de Présent selon
moi) aussi travailleuse et aussi honnête que Jeanne Smits.
Quid
de Présent ?
Ô
certes, j’ai toujours été sur une position de bienveillance à l’égard de
Présent. Heureux d’y retrouver fréquemment, outre ceux de Jeanne Smits, les
articles des trois ou quatre bonnes plumes régulières de ce journal et aussi de
quelques brillants collaborateurs épisodiques. Je n’étais certes pas
enthousiasmé par d’autres écrits, les uns besogneux, les autres superficiels
voire quelquefois déontologiquement contestables, d’autres encore sympathiques
mais à la longue un peu fastidieux car par trop enkystés dans la constante
d’une euphorie meringuée dédaigneuse des analyses de la réalité.
Après
le décès de Jean Madiran, une page de l’histoire de Présent me semble se
fermer. Nous verrons la suite. La dernière fois que je vis Jean Madiran,
c’était lors de sa dernière retraite pour la semaine sainte, au monastère
Sainte-Marie de Lagarde fondé par les moines du Barroux près d’Agen. À la
sortie de l’office du Vendredi Saint, il prononça les derniers mots que
j’entendis de lui, avec mon épouse et quelques membres de ma famille. En me
donnant l’accolade bénédictine, il exprima à mon endroit les propos d’amitié et
d’accord avec mes idées et mes orientations, ce qu’il disait d’ailleurs
fréquemment à Jeanne.
Mais
surtout il me demanda de continuer à la soutenir. Ce à quoi je crois n’avoir
pas manqué.
Et je continuerai autant que je le puis. Et
je continuerai à soutenir en effet Présent s’il demeure dans l’esprit
catholique de sa fondation méditée lors des universités d’été du Centre
Charlier à Fanjeaux et au Mesnil-Saint-Loup, et chez moi aussi avec Jean
Madiran dont j’ai évidemment conservé une sorte de lettre résumant notre
« feuille de route » qu’il m’envoya alors.
Je
n’imagine donc pas Présent sans que Jeanne Smits n’y conserve toute la place
que mérite son talent et la fidélité à l’esprit de sa fondation qu’exprimait
déjà avant sa naissance Itinéraires et le mensuel Présent.