mercredi 19 mars 2014

Après le référendum en Crimée : réflexions pour une politique de bon sens entre la France et la Russie.



1) Les « vieilles pleureuses  de la démocratie occidentale », comme les appelait Lénine, livrent à propos du retour de la Crimée à la Russie un inconséquent et illogique argumentaire de juridisme international déconnecté du réel. Dans le stupéfiant oubli en effet de ce qu’il n’y a pas si longtemps ils ont imposé la partition du Kosovo, jadis cœur historique de la nation serbe mais presque aussi majoritairement peuplée d’Albanais que la Crimée de Russes. À la différence d’ailleurs que la Crimée est à la fois séculairement russe et principalement peuplée de Russes.

On le vérifie une fois de plus, l’application des principes démocratiques et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est vraiment à géométrie variable.

2) Les gouvernements russes, pour leur part, dès lors que la sécurité de la Russie est en jeu, ne s’encombrent pas davantage d’un souci de cohérence juridique et de respect des aspirations indépendantistes de l’énorme majorité de certains peuples. Ainsi de la Tchétchénie, encore moins russe que la Crimée n’est ukrainienne, et maintenue dans la souveraineté russe dans les conditions de férocité que l’on sait.

3) Les criméens russes dansent joyeusement aujourd’hui sur des places Lénine, dominées par les statues de cet immense criminel dont la charogne siliconée est toujours entretenue sur la Place Rouge à Moscou. Au mépris de la mémoire des dizaines de millions de Russes, d’Ukrainiens, de Baltes et bien d’autres exterminés par sa tchéka et dans ses camps du goulag. On veut espérer que cela n’augure rien de mal. Et que demain les criméens ne se repentiront pas de leurs illusions « léninifiantes ». Et qu’on ne pourra pas dire comme Dostoïevski : « Crimée : châtiment !».

4) Car il faut espérer que Vladimir Poutine, qui ne semble pas fou, saura se garder d’une psychose d’entraînement dans un dangereux national-impérialisme russe et néo-soviétique.

5) Il faudrait enfin que les nations constitutives de l’actuelle Union Européenne cessent de suivre la politique provocatrice irresponsable des dirigeants de sa Commission, M. Barroso en tête, qui n’a aucun mandat pour cela. Les patriotes ukrainiens devraient se méfier autant que les Criméens du néo-soviétisme de l’eurocratie bruxelloise, qui n’est pas l’Europe mais son détournement par l’utopie mondialiste.

Il faudrait qu’ils cessent de se laisser exciter par ce dangereux personnage extrémiste, hélas habile hypnotiseur de gogos politiciens incultes, qu’est Bernard-Henri Lévy. Jadis le brillant intellectuel Raymond Aron brossa sans indulgence le portrait psychologique de ce « philosophe autoproclamé », « discoureur de café du commerce ».

Le suranné « BHL » est affecté d’une grave constante d’ultra-narcissisme, sans doute incurable, se drapant sans cesse dans des postures soigneusement filmées d’auto-héroïsation, mimétiques de modèles historico-littéraires.

Le rôle que lui laissa très largement jouer en Libye Nicolas Sarkozy fut calamiteux. La France en Afrique (et nos soldats au premier chef) n’en finit pas d’en payer les conséquences.

6) L’Institut du Pays Libre, dans la seule considération du bien commun français et européen, appelle à une politique française d’indépendance, de responsabilité et de sagesse en Europe de l’Est. Telle que d’ailleurs, madame Carrère d’Encausse ou l’ancien et talentueux ministre des affaires étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine, en dessinent les exigences.

Les invocations souvent grandiloquentes de grands principes relevant de constructions juridiques idéologiques ne servent à rien. Il faut reconnaître à la Russie toute sa place mais rien que sa place. Qu’elle reprenne totalement la Crimée où demeurait sa flotte des mers chaudes était, après l’évolution de l’Ukraine, dans la nature des choses. Mais, sans abuser de faciles considérations d’analogie historique sur le danger des appétits nationalistes de récupération territoriale, il faut mener à l’égard de la Russie une politique d’amitié et de vigilante fermeté sans gesticulation ostentatoire.

Et ce n’est pas en éliminant stupidement chez nous le bienfaisant tourisme russe que l’on peut aider les pays heureusement libérés du carcan soviétique !