Oui, chers amis, je réponds positivement à votre demande
de continuer à exprimer ce que je pense du pape François. Je le ferai sans
aucunement m’illusionner sur l’importance
(ô combien faible) de mes commentaires, mais considérant qu’il est dans
ma vocation militante de lutter pour mes convictions et de formuler mes
réflexions.
J’ai
déjà exprimé ici, et dans Reconquête et sur Radio-Courtoisie, l’a priori de
sympathie que le militant que j’ai été de l’authentique solidarisme (celui du
NTS russe et de Solidarnosc) pouvait avoir pour ce pape venu du justicialisme
péroniste qui fut aussi, avec Évita, un sympathique populisme.
François,
qui se veut d’abord l’évêque de Rome mais surtout un évêque parmi les autres,
sans pour autant, certes, renier la primauté de dignité du Siège de Pierre, ne
veut pas de courtisanerie, récuse tout respectabilisme formel. On le sait, il
demande volontiers qu’on lui parle avec une forme de tutoiement, non pas de
majesté, mais de simplicité. Aussi, si un jour je ressens la nécessité de lui
écrire, je me conformerai sans doute volontiers à cet usage.
Pour
l’heure, je me situe plutôt dans une défense logique de François contre les
« papolâtres » exacerbés. Je désigne par là ceux qui, surtout dans
les médias, catholiques ou non, tombent en admiration, voire en pâmoison,
devant tout de même les plus papalement normaux de ses propos, ceux par exemple
invitant à ne pas jeter la pierre aux pécheurs, à accueillir les détresses, à
s’ouvrir aux autres.
Comme
si benoît XVI, Jean-Paul II et leurs prédécesseurs avaient tous été
d’intransigeants doctrinaires n’invitant pas, eux aussi, à la compassion, à
tout ce que l’on peut pour le moins attendre d’humain de la charité chrétienne.
Certes
il y a eu quelquefois des papes à vrai dire pas très évangéliques, et même
certains scandaleux. Mais il y eut dans la succession de Pierre non seulement
des saints mais tout de même une majorité d’hommes au cœur compatissant. Il
faut être aussi ignare que les journaleux des grosses Berthas médiatiques pour
exalter comme celui d’une incroyable révolution dans l’Église le fait d’un pape
appelant à aimer les pauvres et les persécutés.
Comme
si Pie XII n’avait pas risqué sa vie et celle de tant de prêtres, religieux et
religieuses pour sauver notamment le grand rabbin Zoller de Rome (devenu le
catholique Eugenio Zolli) et des milliers de juifs italiens.
Plus
réservés peut-être que François, moins à l’aise dans le bain de foule, certains
de ses prédécesseurs étaient-ils pour autant moins pasteurs, moins conducteurs
d’humanité que lui ?
Comment
alors ne pas trouver excessives, même si cela prête à sourire, des chroniques
d’encensement emphatique de François, semblables à ceux de même trempe dédiés
il n’y a pas si longtemps à l’égérie captatrice de la notoriété de Brigitte
Bardot ?
Pour
l’heure, François, très novateur sur ce plan, lance sur la famille une enquête
qui ressemble à la mise en branle d’une dynamique des groupes à l’échelle de
tout le monde catholique. Comme dans beaucoup d’opérations de dynamique des
groupes, le risque de la manipulation est grand. On connaît cela depuis
Jean-Jacques Rousseau, c’est tout l’art pervers, par la pédagogie dite
« non-directive » et son mode de reformulation, de faire dire et même
de faire penser, dans l’illusion de la liberté, ce que les
« maîtres » entendent faire accepter.
J’ai
traité de cela dans « Bernard Antony raconte » dans mes narrations
des méthodes utilisées à la JEC, notamment par des pères jésuites plus ou moins
adeptes de la théologie de la libération. On sait même que les Exercices de
Saint Ignace de Loyola peuvent donner lieu, avec des participants naïfs et des
prêcheurs bien formés, à de semblables manipulations.
Mais
on peut penser, bien qu’il se veuille d’une simplicité franciscaine, telle que
l’affirme le choix de son nom, que François, le pape jésuite, connaît bien
cela. On veut donc croire et espérer qu’il saura garder l’Église des risques de
manipulation subversive d’une dynamique des groupes planétairement orchestrée.