Animant l’Université du centre Charlier à Lourdes, je n’ai pu, hier au
soir, qu’exprimer avec émotion ce que l'hebdomadaire Présent a publié. Ce matin, avec
Jeanne Smits, j’ai donné une longue conférence évoquant la personne et l’œuvre
de Jean Madiran, et naturellement, nous lui consacrerons nombre de pages dans
la revue Reconquête du mois de septembre.
On trouvera ci-après
ce qu’a publié Présent, mais sans attendre, je réponds courtement aux questions
de Vivien Hoch, chargé de la communication de l’AGRIF.
***
- Que représentait
Jean Madiran pour vous ?
D’abord
près d’un demi-siècle de combats communs et de complicité, car il aimait
beaucoup employer ce mot. Il fut mon maître dans l’expression et la défense de
l’intelligence catholique française au XXème siècle. Car avant, la belle
aventure du quotidien Présent, qui continue aujourd’hui avec Jeanne Smits et
les autres, il y eu l’œuvre immense de la revue Itineraires, qui constitue
toujours un fond irremplacable de culture et de réplique à la désinformationsur
l’histoire de l’Église et de la France.
- Dans quelles
circonstances l’avez-vous rencontré ?
C’était en
1966, à Toulouse, à l’hôtel du Clocher de Rhodez. J’ai évoqué cela dans notre
causerie d’hommage ce matin 1er août à Lourdes, au cours de
l’Université d’été du Centre Charlier. Je ne puis ici, dans ce cadre, raconter
cette anectode. Simplement dire que ce fut le début d’une grande aventure.
- Quel héritage laisse-t-il
dans le monde de l’Amitié française ?
L’ « Amitié
française » était sans doute un des concepts qui lui était le plus cher,
et il fut systématiquement dans toutes les journées d’Amitié française que
j’organisais dans les années 80-90. Notre propos était de réunir, par-delà les différences,
voir les divergences, tous ceux qui ont à cœur de défendre l’âme chrétienne de
la France, sa réalité charnelle, un peuple qui ne doit pas périr.
*** La publication de Présent ***
Lourdes, 31 juillet 2013, 20 heures
J’ai appris ce soir le décès de Jean Madiran. L’annonce m’en a été faite par Jeanne
Smits au moment où nous partions pour les prières de la procession aux flambeaux,
avec tous les participants à l’université d’été du Centre Henri et André Charlier.
Après Dom Gérard et Albert Gérard, vient ainsi d’être rappelé à Dieu le dernier, ici-
bas, des trois parrains du Centre Charlier en 1979. La messe du 1er août sera dite à
son intention par l’abbé Christian Gouyaud qui, depuis des années, accompagne nos
universités.
Demeuré seul sur les terrasses de la communauté religieuse qui nous accueille,
j’entends s’élever les chants de prières à la Sainte Vierge, ceux des nôtres. Et ma priè-
re monte pour l’âme et la mémoire de Jean Madiran. Il aura mené jusqu’à son dernier
souffle, en sa 94e année, depuis ceux de sa jeunesse de lycéen militant catholique et
français, une longue vie de combats pour notre foi et notre patrie. Il avait, pour cela,
reçu les dons d’une intelligence magnifique, d’un esprit scintillant, sans cesse en quê-
te de la vérité et de sa défense, par la parole certes, mais principalement par la plume.
Demain viendra le temps d’évoquer l’écrivain, le penseur, le grand publiciste, le directeur d’Itinéraires et de Présent, le mousquetaire de la plume.
Pour l’heure, ce sont les souvenirs de tout ce que nous avons vécu et fait ensemble
dans la ferveur de l’amitié française et de l’esprit de chrétienté qui se bousculent en
moi. Avec toute l’équipe militante du Centre Charlier, je partage le deuil de celle de
Présent et exprime à Michèle, l’épouse de Jean Madiran, toute ma compassion, dans
la conviction que, comme son vieux maître Charles Maurras, il s’est « endormi, entre
les bras de l’espérance et de l’amour ».