BERNARD ANTONY
raconte : nos combats de résistance catholique et française sur
l’entre-deux siècles – entretien avec Cécile Montmirail – Paris – Godefroy de Bouillon –
avril 2013 – 274 p. – 27€
Né le 28 novembre 1944, à Tarbes, et bien enraciné dans sa
Bigorre natale, incarnant ce que déteste le plus la bien-pensance politiquement
correcte : l’attachement à la patrie française et à l’Église catholique, mais
hostile à l’idée d’un “parti catholique” ou d’un “national-catholicisme”,
distinguant bien ce qui est dû à César de ce qui est dû à Dieu, Bernard Antony fut député européen Front National de 1984 à 1999. Toujours dans l’opposition, jamais au pouvoir, il ne
traine derrière lui aucune casserole, notamment financière, et ses adversaires
n’ont pas réussi à le déshonorer, ce qui permet de préjuger de son intégrité et
de la sincérité des témoignages qu’il a confiés à sa collaboratrice, la
journaliste Cécile Montmirail.
Alors qu’il était encore “dans les entrailles de [sa]
mère, le Seigneur a fait de [sa] bouche une épée tranchante”. Le militantisme
politique est chez lui une véritable vocation et une vocation précoce,
nullement encouragée par son père, qui travaille pour l’armée dans l’industrie
de l’armement, et finit sa carrière avec le grade de colonel. Dès l’âge de dix
ans, il pleure à la chute de Dien Bien Phu et, à son institutrice qui s’en
réjouit, tient tête en qualifiant ses propos de “trahison”. Défenseur passionné
des causes qu’il estime justes, il sera toute sa vie, par la plume et par la
parole, un débateur redoutable et un homme d’action, adhérant , toujours dans la même ligne, au cours des années, à
diverses organisations, et fondant lui-même
ses propres institutions notamment le Centre Charlier qui édite la revue Reconquête, organise des “universités d’été” et fut à l’origine du pèlerinage étudiant
Paris-Chartres, le journal Présent , d’abord mensuel puis
quotidien, et l’AGRIF “Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l'
Identité Française et chrétienne” qui, dans la mesure de ses moyens financiers,
et en s’appuyant sur la législation existante,
poursuit en justice les personnes les plus significativement coupables
de “racisme” anti-français et antichrétien.
Quoique ce livre
commence par les années de jeunesse de BA, et se termine en 2013, il ne constitue pas une biographie continue.
Sans respecter une chronologie stricte, Cécile ne l’interroge que sur ses actions et prises de position majeures :
L’Algérie française et l’OAS, ses
relations avec les syndicats, mai 68 (analyse excellente de la situation
politique d’alors) , tout ce qu’il a entrepris pour révéler et faire juger les
atrocités communistes, avec focalisation, dès qu’il l’a apprise, sur la
trahison de Georges Boudarel. Les sujets proprement religieux ne sont pas
traités à propos du Concile Vatican II (1962-1965), mais en 1988, au moment du
sacre de quatre évêques par Mgr Lefebvre, dont il avait jusque-là été proche.
Son choix “murement raisonné” fut de s’en séparer et de rester fidèle à Rome ,
ce qui ne fut pas sans répercussions sur la marche du Centre Charlier et du
pèlerinage Paris-Chartres dont il avait
été, onze ans auparavant, l’un des fondateurs. On le suivra dans les visites
courageuses qu’il fit aux “Contras” du
Nicaragua, aux Cambodgiens ruinés par Pol Pot, aux Croates en guerre, à qui il
apporta un réconfort et une aide non négligeables. Dans ce livre fourmillant d’anecdotes
où apparaît une foule de personnages plus ou moins illustres, on apprend des
choses bien intéressantes sur Charles Pasqua. BA admira Jean-Paul II et Benoit
XVI, tout en critiquant leur attitude complaisante à l’égard de l’islam. Le
Pape François aura, à son avis deux défis principaux à relever : celui de
la nouvelle conquête islamique à visée planétaire et celui de la personne et des fondements de la société (où il inclut
le statut de la famille et ce qu’il appelle le “génocide français” par
avortement). Il attend de voir pour se faire une opinion… Arrivé à l’âge
de 68 ans, toujours aussi combattif, il n’est nullement découragé par l’échec
de son action sur le plan politique, mais plutôt encouragé par la pénétration
de ses idées et de l’esprit de son combat
dans bon nombre d’ âmes et d’ esprits bien disposés.
On ne saurait
trop conseiller la lecture de ce livre
à des jeunes, trop ignorants de
cette histoire récente dont ils vivent les conséquences. Au moment où le Pape
fait aux catholiques un devoir de s’impliquer en politique et de ne pas craindre
d’aller à contre-courant, ils verront ce que c’est qu’une vie de militant.
Peut-être certains y trouveront-ils un
exemple à suivre.
Recension de Jacqueline Picoche, que nous remercions, parue sur le site "Librairie catholique".
A commander à l'AGRIF, 30 € franco de port.
Recension de Jacqueline Picoche, que nous remercions, parue sur le site "Librairie catholique".
A commander à l'AGRIF, 30 € franco de port.