jeudi 27 juin 2013

"Bernard Antony raconte"

BERNARD ANTONY raconte : nos combats de résistance catholique et française sur l’entre-deux siècles – entretien avec Cécile Montmirail – Paris – Godefroy de Bouillon – avril 2013 – 274 p. – 27€

Né le 28 novembre 1944, à Tarbes, et bien enraciné dans sa Bigorre natale,  incarnant  ce que déteste le plus  la bien-pensance politiquement correcte : l’attachement à la patrie française et à l’Église catholique, mais hostile à l’idée d’un “parti catholique” ou d’un “national-catholicisme”, distinguant bien ce qui est dû à César de ce qui est dû  à Dieu,  Bernard Antony fut député européen Front National de 1984 à 1999. Toujours dans l’opposition, jamais au pouvoir, il ne traine derrière lui aucune casserole, notamment financière, et ses adversaires n’ont pas réussi à le déshonorer, ce qui permet de préjuger de son intégrité et de la sincérité des témoignages qu’il a confiés à sa collaboratrice, la journaliste  Cécile Montmirail. 
Alors qu’il était encore “dans les entrailles de [sa] mère, le Seigneur a fait de [sa] bouche une épée tranchante”. Le militantisme politique est chez lui une véritable vocation et une vocation précoce, nullement encouragée par son père, qui travaille pour l’armée dans l’industrie de l’armement, et finit sa carrière avec le grade de colonel. Dès l’âge de dix ans, il pleure à la chute de Dien Bien Phu et, à son institutrice qui s’en réjouit, tient tête en qualifiant ses propos de “trahison”. Défenseur passionné des causes qu’il estime justes, il sera toute sa vie, par la plume et par la parole, un débateur redoutable et un homme d’action,  adhérant , toujours dans la même ligne, au cours des années, à diverses organisations, et fondant lui-même  ses propres institutions notamment le Centre Charlier qui édite la revue Reconquête, organise des “universités d’été”  et fut à l’origine du pèlerinage étudiant Paris-Chartres, le journal  Présent , d’abord mensuel puis quotidien, et l’AGRIF “Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l' Identité Française et chrétienne” qui, dans la mesure de ses moyens financiers, et en s’appuyant sur la législation existante,  poursuit en justice les personnes les plus significativement coupables de “racisme” anti-français et antichrétien. 
Quoique ce livre commence par les années de jeunesse de BA, et se termine en 2013,  il ne constitue pas une biographie continue. Sans respecter une chronologie stricte, Cécile ne l’interroge  que sur ses actions et prises de position majeures : L’Algérie française et l’OAS,  ses relations avec les syndicats, mai 68 (analyse excellente de la situation politique d’alors) , tout ce qu’il a entrepris pour révéler et faire juger les atrocités communistes, avec focalisation, dès qu’il l’a apprise, sur la trahison de Georges Boudarel. Les sujets proprement religieux ne sont pas traités à propos du Concile Vatican II (1962-1965), mais en 1988, au moment du sacre de quatre évêques par Mgr Lefebvre, dont il avait jusque-là été proche. Son choix “murement raisonné” fut de s’en séparer et de rester fidèle à Rome , ce qui ne fut pas sans répercussions sur la marche du Centre Charlier et du pèlerinage Paris-Chartres  dont il avait été, onze ans auparavant, l’un des fondateurs. On le suivra dans les visites courageuses qu’il fit  aux “Contras” du Nicaragua, aux Cambodgiens ruinés par Pol Pot, aux Croates en guerre, à qui il apporta un réconfort et une aide non négligeables. Dans ce livre fourmillant d’anecdotes où apparaît une foule de personnages plus ou moins illustres, on apprend des choses bien intéressantes sur Charles Pasqua. BA admira Jean-Paul II et Benoit XVI, tout en critiquant leur attitude complaisante à l’égard de l’islam. Le Pape François aura, à son avis deux défis principaux à relever : celui de la nouvelle conquête islamique à visée planétaire et  celui de la personne et des fondements de la société (où il inclut le statut de la famille et ce qu’il appelle le “génocide français” par avortement). Il attend de voir pour se faire une opinion… Arrivé à l’âge de 68 ans, toujours aussi combattif, il n’est nullement découragé par l’échec de son action sur le plan politique, mais plutôt encouragé par la pénétration de ses idées et de l’esprit de son combat  dans bon nombre d’ âmes et d’ esprits bien disposés.
On ne saurait trop conseiller la lecture de ce livre  à des jeunes,  trop ignorants de cette histoire récente dont ils vivent les conséquences. Au moment où le Pape fait aux catholiques un devoir de s’impliquer en politique et de ne pas craindre d’aller à contre-courant, ils verront ce que c’est qu’une vie de militant. Peut-être certains y trouveront-ils un  exemple à suivre.

Recension de Jacqueline Picoche, que nous remercions, parue sur le site "Librairie catholique".

A commander à l'AGRIF, 30 € franco de port.