mardi 6 novembre 2012

L'Institut du Pays Libre communique :


Le rapport Louis Gallois : « beaucoup de bruit pour rien » !

Le rapport de Louis Gallois, brandi et évoqué avec une grandiloquente solennité proche du grotesque par le Premier Ministre Ayrault et exalté comme un sublime programme de salut public économique et social par le vaniteux ministre du redressement industriel Montebourg, mérite vraiment le titre de la comédie de Shakespeare : « Beaucoup de bruit pour rien ». Mais son indigence est telle qu’il sera beaucoup plus vite oublié que la pièce du génial dramaturge.
On y trouve encore heureusement quelques justes constats et lieux communs de bon sens sur la maladie de l’économie française tels que formulés avant lui depuis des décades par les acteurs de la vie industrielle et les militants de la Droite de conviction.
Pour dénoncer la ruineuse hypertrophie administrative de l’État et des collectivités publiques et de leurs chevauchements, on n’avait vraiment pas attendu ce « grand industriel » !
Observons que si Louis Gallois a l’honnêteté élémentaire de faire remonter « le décrochage de l’industrie française aux années 1970 », le citoyen politicien Ayrault l’impute seulement aux dix dernières années. Son rapport est ensuite constitué d’une belle compilation de souhaits dans une utilisation répétée du conditionnel sur ce qu’il vaudrait mieux que l’on fasse plutôt que de ne pas le faire.
L’affligeant c’est que monsieur Gallois ne s’avise pas du tout de remonter des effets aux causes réelles de la maladie économique qui est d’abord une maladie politique et sociale et à vrai dire une maladie morale. Pas un mot sur notre système étatisé, sclérosé, massifié, idéologisé d’éducation nationale ! Le simple constat sans la moindre esquisse de critique qu’il est « budgétairement sanctuarisé ».
Passons sur ce jargon. Mais prenant cet exemple de sanctuarisation comme modèle, Gallois, en parfait socialiste, en propose l’extension à « la recherche publique et au soutien à l’innovation ». Comme si un regard critique sur les gabegies nombreuses en ces domaines ne s’imposait pas.
Louis Gallois ne remet pas davantage en cause la stupide loi des 35 heures alors que c’est sur la base des 40 heures la souplesse sur le temps de travail qu’il faut introduire en facilitant notamment dans les accords d’entreprise la possibilité du travail à mi-temps ou à temps partiel. Mesure efficace de lute contre le chômage.
Louis Gallois n’esquisse même pas la nécessité de simplifier et diminuer, un peu sur le modèle du Japon, le nombre aberrant de nos collectivités territoriales et de leurs comités de liaison et de coordination surgissant sans cesse. Une quarantaine de « généralités » pourraient, à un moindre coût, succéder aux départements et aux régions.
Prônant essentiellement le transfert des charges sociales sur la fiscalité directe et indirecte, Louis Gallois demeure, à l’évidence par sclérose idéologique, dans un affligeant conformisme. Tout cela pour tomber sur un chiffre « convenable » de 30 millions d’économie.
Mais on ne trouve pas un mot de jugement dans son texte sur les choix si contestables, voire aberrants, de la politique française en matière européenne, de commerce international, d’écluses douanières et de flux de population.
Louis Gallois n’a pas l’envergure de caractère du Baron Louis, ce grand ministre des finances qui adjurait ainsi Louis Philippe en 1830 : « Sire, faites moi de la bonne politique et je vous ferai de bonnes finances ! ».
Il aimait rappeler aussi que « L’État doit être le plus honnête homme de France ».

 Bernard Antony.