jeudi 14 juin 2012


A méditer !
La lutte et le dévouement

Le spectacle d’un mal toujours combattu et toujours renaissant ne doit pas nous donner l’impression d’un piétinement stérile de l’humanité sur les chemins de la vertu. À quoi bon la lutte et le dévouement, pouvez-vous soupirer, on se bat contre un ennemi invincible.

Je vous répondrai qu’on doit d’autant plus se battre que la lutte n’a pas de fin. Au fond, le monde ressemble à un navire qui fait eau. Les hommes de bonne volonté, conjuguant leurs efforts, rejettent sans cesse l’eau à la mer, et l’on s’afflige de constater que le niveau de l’eau reste toujours à peu près le même dans les cales, mais, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que, sans cet effort continu, le navire aurait sombré depuis longtemps. 

Ainsi aucune vertu, aucun courage ne réalisera le meilleur, car le meilleur, le « royaume de Dieu », n’est pas de ce monde, mais au moins, grâce à ces efforts, on évite le pire. On ne fera jamais de la terre un paradis, mais c’est déjà quelque chose d’empêcher qu’elle devienne un enfer – quelque chose qui peut et qui doit nous insuffler l’espoir et la force d’y parvenir.

Gustave Thibon