A méditer !
La lutte et le dévouement
Le spectacle d’un mal toujours combattu et toujours
renaissant ne doit pas nous donner l’impression d’un piétinement stérile de l’humanité
sur les chemins de la vertu. À quoi bon la
lutte et le dévouement, pouvez-vous soupirer, on se bat contre un ennemi invincible.
Je vous répondrai qu’on doit d’autant plus se battre que la
lutte n’a pas de fin. Au fond, le monde ressemble à un navire qui fait eau. Les
hommes de bonne volonté, conjuguant leurs efforts, rejettent sans cesse l’eau à
la mer, et l’on s’afflige de constater que le niveau de l’eau reste toujours à
peu près le même dans les cales, mais, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que,
sans cet effort continu, le navire aurait sombré depuis longtemps.
Ainsi aucune
vertu, aucun courage ne réalisera le meilleur, car le meilleur, le « royaume
de Dieu », n’est pas de ce monde, mais au moins, grâce à ces efforts, on
évite le pire. On ne fera jamais de la terre un paradis, mais c’est déjà
quelque chose d’empêcher qu’elle devienne un enfer – quelque chose qui peut et
qui doit nous insuffler l’espoir et la force d’y parvenir.
Gustave Thibon