jeudi 1 mars 2012

                                                      
    AGRIF 
                           Bernard Antony, président de l’AGRIF, communique :


SUR LA RECONNAISSANCE DES GÉNOCIDES.

Une double nécessité s'impose pour la cohérence intellectuelle et juridique de la reconnaissance des génocides par la République Française : 
- les reconnaître dans un égal respect des peuples martyrisés, 
- abolir la loi Rocard-Gayssot qui, punissant seulement la discussion et la négation des crimes du nazisme, a abouti à en faire un constant élément de propagation du négationnisme fondé sur l’argument selon lequel elle dissimulerait un tabou à ne pas enfreindre.

Proposition d’un projet de loi à soumettre à l’Assemblée Nationale.

L’Assemblée Nationale de la République Française,

« considérant l’importance dans la vie des nations défendant les principes du respect de la vie des peuples, des communautés et de la dignité de la personne humaine ; de reconnaître, sans aucune sélection ni discrimination, tous les génocides indéniablement avérés par l’évidence des témoignages, des récits, des images et des études historiques les plus sérieuses ;

« considérant qu’il ne revient à la loi de la République ni d’imposer une vérité historique ni de punir des contestataires de ces reconnaissances pouvant affirmer des convictions contraires selon le droit à la liberté de pensée et d’expression dans la limite des lois réprimant l’injure et la diffamation ;

« considérant les effets pervers, à l’exact contraire du but recherché, de la loi Rocard-Gayssot, réprimant seulement la négation des crimes contre l’humanité du seul système nazi d’extermination ;

« observant que cette loi de plus en plus perçue comme constituant la protection d’un tabou, instille le doute et  concourt ainsi à relativiser l’horreur nazie ;

« rappelant les réflexions judicieuses et prophétiques de l’écrivain et publiciste Annie Kriegel, haute personnalité de la communauté juive et militante contre le totalitarisme communiste, écrivant dans Le Figaro du 3 avril 1990 les lignes suivantes : « En confiant au pouvoir judiciaire la tâche détestable de paraître traquer le délit d’opinion et d’expression, en espérant de la concurrence entre organisations « antiracistes » une obsessionnelle chasse aux sorcières qui présente les mêmes excès que n’importe quelle chasse de cette nature, en s’abritant derrière des institutions juives inquiètes pour légitimer une insupportable police juive de la pensée, Michel Rocard devrait s’interroger en conscience s’il ne se prête pas à une assez répugnante instrumentalisation des concepts de racisme et d’antisémitisme en vue d’objectifs peu avouables » ;

« observant que l’interdiction de toute autre loi de répression de la négation de quelque autre génocide conduit à une exaspération légitime des ressortissants des autres peuples génocidés tels que les Arméniens, Cambodgiens ou ukrainiens qui ne sont pas moins dignes de compassion et de mémoire que le peuple juif ;
« entendant replacer la loi sur les génocides dans le respect des principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ;

Abolit la loi Rocard-Gayssot du 13 juillet 1990.

Proclame la reconnaissance par la République Française, et la condamnation solennelle de la conscience humaine, de tous les crimes contre l’humanité et génocides perpétrés contre des peuples par des régimes exterminationnistes pour des raisons d’appartenance à une règle ou à une classe, à un peuple, ou à une religion et notamment, dans la succession chronologique :

-          Le génocide vendéen décidé par le régime de la Terreur.

-     Le génocide des Arméniens et autres chrétiens d’Orient perpétré dans la suite des massacres de l’empire ottoman par le régime des Jeunes-Turcs et parachevé par le régime kémaliste.

-          Le génocide du peuple juif perpétré par le système nazi.

-         Les génocides de classes sociales et de peuples perpétrés par les régimes communistes, et notamment les exterminations des paysans en URSS, des Baltes et des Ukrainiens, des Cambodgiens et autres, tels que désormais recensés dans l’œuvre scientifique du Livre Noir du communisme.

Reconnaît aussi l’étendue génocidaire des crimes épouvantables perpétrés contre les « harkis » abandonnés par la République lors de l’indépendance algérienne, sans oublier ceux également perpétrés contre la population des Français d’Algérie d’origine musulmane, juive, européenne.

Laisse à la justice le rôle de sanctionner les atteintes injurieuses ou diffamatoires à la mémoire des peuples martyrisés.

Souhaite, à partir de nos académies et de nos institutions judiciaires, la création d’une institution chargée d’étudier et de procéder à la reconnaissance des crimes contre l’humanité et des génocides.