vendredi 17 février 2012


L’Institut du Pays Libre et les  élections présidentielles.

La liste des candidats étant maintenant à peu près fixée, l’Institut du Pays Libre procèdera dans les derniers jours de février à leur notation sur six critères fondamentaux de l’action politique. Les notes iront de 0 à 5 dans chaque critère et donc de 0 à 30 pour la note globale.

Le livre de Marine Le Pen : « Pour que vive la France ».

Marine Le Pen étant la candidate qui, a priori, pour le camp de la droite de conviction pourrait obtenir la meilleure ou la moins mauvaise note, je me devais de lire attentivement son livre qui est l’expression réfléchie de son projet politique.

J’en ai donc écrit un important commentaire à paraître dans le prochain numéro de la revue Reconquête. J’y analyse sa longue plaidoirie contre le capitalisme libéral et mondialiste qui occupe plus des deux-tiers de son texte. Je dis mon accord sur bien des points. Je manifeste mon étonnement, voire ma stupéfaction, devant certains surprenants jugements historiques et quelques hasardeuses analogies politico-religieuses (Bossuet – Pascal Lamy !).

Inutile de dire que je désapprouve ses stupéfiants encensements de la gauche qui, selon elle, « a mené constamment d’immenses combats de libération » (sic !) et encore « des combats pour la liberté, pour les libertés » et sa curieuse interprétation positive de Marx.

Tout autant, je constate et regrette une véritable « gaullolâtrie » sans restriction ni nuance exprimée à onze reprises, le Général de Gaulle étant quasiment le personnage historique paré par Marine Le Pen de toutes les vertus politiques et de tous les honneurs.

Marine n’a pas cru bon d’assortir cela de la moindre allusion à l’abomination du largage de l’Algérie il y a cinquante ans dans les pires conditions de déshonneur, dans l’horreur de la non-assistance à populations en danger que son héros, que son modèle aurait pu sauver en quelques mots d’ordre de secours. Sans doute pense-t-elle que les Pieds-Noirs et les harkis ne lisent pas.

Ayant lancé bien avant qu’elle n’arrive en politique le slogan « Sortons de cette Europe-là ! », j’approuve bien sûr son hostilité à l’Union Européenne.  Mais j’explique pourquoi je ne partage pas du tout son affirmation d’une « Europe qui n’a, selon elle, aucune réalité charnelle, et qui ne suscite aucun attachement ». Or, s’opposer au bidule bruxellois est une chose, refuser toute construction européenne en est une autre. Je crois en effet que plus que jamais les Européens doivent se souvenir de ce qu’ils n’ont échappé à l’islamisation ottomane que parce que l’esprit d’unité avait prévalu, malgré la triste politique des rois de France en la matière.

Ce fut la victoire de Lépante en 1571, à l’appel du grand pape saint Pie V et celle de Vienne en 1683 grâce à Charles de Lorraine et Jean III Sobieski.

Marine Le Pen préfère exalter le modèle de l’alliance de François I° avec Soliman dit le Magnifique qui le conduisit à livrer Toulon au chef barbaresque Barberousse après l’horrible occupation de la ville basse de Nice dont la forteresse résista, ce dernier put ainsi trouver pour lui-même et ses 30 000 mercenaires une bonne place pour piller, violer, massacrer et déporter femmes et enfants vers les harems d’Alger, de Tunis et de Constantinople.

Ce n’est évidemment pas pour nous une des pages les plus glorieuses de notre histoire, anticipant hélas bien d’autres abandons de populations par nos républiques.

Marine Le Pen consacre fort peu de pages à la politique étrangère qu’elle voudrait mener. Ce serait prioritairement avec la Russie et les puissances arabes. Mais qu’entend-elle au juste par là ?

Sans doute est-ce dans cette volonté qu’elle ne traite pas du tout de la question de l’islam. À peine, en moins de trois lignes, exprime-t-elle que « l’irruption soudaine dans notre paysage de signes prosélytes tels que les mosquées-cathédrales ou les minarets ne sont pas nécessairement souhaitables ».  

Certains de mes lecteurs et auditeurs devineront sans mal la ligne des commentaires affligés que je vais formuler sur ces lignes très révélatrices.

Enfin, pour manifester l’importance qu’elle donne à la question de l’école, Marine Le Pen y consacre la troisième et dernière partie de son livre. On sera d’accord avec elle sur les maux dont celles-ci est accablée (effondrement de l’autorité des maîtres, insécurité, aberrations pédagogiques, etc…) et sur certains remèdes qu’elle préconise pour « refonder » l’école de la République qui lui est chère, car elle est le « pivot de la nation ». Selon elle, cette dernière « devrait former des citoyens libres et éclairés ». Phrase qui appelle aussi quelques réflexions que l’on trouvera dans mon commentaire. Parle-t-elle de la liberté du choix de l’école par les parents pour leurs enfants et aussi de l’égalité fiscale pour son financement (chèque scolaire) ? Non !

En résumé, et je crois vraiment en toute objectivité que son livre est un manifeste gaullo-chevènementiste. Jean-Pierre Chevènement a eu donc raison d’abandonner sa candidature. Marine Le Pen, plus jeune, plus combattive et qui ne manque ni de talent ni de culot, représente bien ses idées, souvent proches aussi de celles de Mélenchon.

Donc si sur certains points on la notera sans doute mieux que Bayrou, Hollande ou Sarkozy, sur d’autres ce sera vraiment difficile. Un dernier point : lorsqu’elle évoque l’antiracisme, Marine Le Pen avec raison dénonce SOS Racisme, la LICRA ou le MRAP.

Mais elle ne semble pas savoir que l’AGRIF existe. Ou peut-être est-elle très négligeable à ses yeux, à moins qu’elle n’en apprécie pas l’orientation.

Aussi, lorsqu’elle s’en prend avec raison au concept de « discrimination positive » tel que défendu par Mr Agon de L’Oréal, elle ne fait aucune allusion au procès intenté par l’AGRIF à ce dernier avec Me François Wagner.

Il est vrai, à sa décharge, qu’il ne faut certainement pas compter sur le duo de ses attachés de presse pour l’informer des combats contre le racisme et pour l’identité française et chrétienne.