Communiqué de Bernard Antony, Président de l'Institut du Pays Libre.
Je me souviens de ce que, lorsque je siégeais au Parlement Européen, je commentais l’incroyable amoncellement des traités et de leurs révisions qui auraient nécessité une brouette pour les transporter.
Je me souviens de ce que, lorsque je siégeais au Parlement Européen, je commentais l’incroyable amoncellement des traités et de leurs révisions qui auraient nécessité une brouette pour les transporter.
Et voilà que le couple directionnel Merkel-Sarkozy nous annonce encore un « nouveau traité » « à marche forcée » pour « refonder » l’Europe et pour « sauver la monnaie unique ».
Ainsi, l’Union Européenne dont on vantait, il y a à peine quelques années, l’admirable construction source de paix et de prospérité est, si les mots ont un sens, en ruines puisqu’il faut la refonder.
Ainsi, cet euro créé il y a juste douze ans, en 1999, dans un immense concert de promesses de nos dirigeants et des partis gouvernementaux, est-il si malade qu’il doit être sauvé.
Se souvient-on encore des discours que tenaient les dirigeants des partis de gouvernement, du RPR aux socialistes en passant par les écologistes et les centristes, méprisant les eurosceptiques, les souverainistes, les partisans d’une Europe des patries. Il faut qu’ils soient vraiment dépourvus de vergogne aujourd’hui pour ne pas avoir au moins la décence de reconnaître qu’ils se trompaient. Il est vrai que le politicien est un animal caractérisé par une grande amnésie sur lui-même. Et au passage que l’on songe ici aux faramineux laudateurs du « printemps arabe » dégoulinant d’optimisme dans la quasi unanimité médiatique.
Le prochain traité de la « marche forcée » (mais vers où ?) sera bâclé, durcissant encore le régime de la « schlague » et du carcan eurocratique.
Mais voici que l’inénarrable Bayrou, le rougeaud des Pyrénées, jadis le plus eurolâtre des eurolâtres, histoire de faire son miel du cancer de l’Europe concoctée par le constructivisme démocrate-chrétien pas chrétien, embouche les trompettes de Déroulède pour vanter les mérites du patriotisme économique. Au train où il va, demain il nous dira les dangers de l’immigration et de l’islamisation. Sur ce deuxième point hélas, le Front National, qui n’avait que le tort d’avoir raison trop tôt, a depuis bien varié et vacillé.
Plus que jamais, je crois qu’il faut « sortir de cette Europe-là » selon le slogan que j’avais lancé il y a à peu près vingt ans dans la revue Reconquête. L’euro devait apporter puissance et prospérité à cette Europe. C’est le contraire qui s’est produit. L’alliance de l’idéologie et de la politiciennerie a menti aux peuples d’Europe ; elle a fait prospérer la bureaucratie, la gabegie, la corruption.
Et voici qu’à toute force, à « marche forcée », on veut que l’Europe s’unisse pour sauver cet euro-là ! Comme s’il n’y avait pas d’alternative à cette construction artificielle eurocratique.
Or, cette alternative existe : c’est celle des pays d’Europe intelligemment unis sans coercition totalitaire dans des pactes de solidarité et de créativité empiriquement organisés autour des réalités et de la recherche du Bien commun.
Le dogme du « Point de salut hors de l’euro ! » est une absurdité. L’euro ne doit pas être le corps mort qui plombe l’Europe vers l’abîme. Il ne faut peut-être le conserver que comme une monnaie commune. Pas comme une monnaie unique.