mercredi 16 novembre 2011

Le prix Dolores Ibarruri

Il a donc été décerné comme prévu, sous le signe de l’ironie sans méchanceté en réprimande de la haine venimeuse de l’un à l’égard de Jérôme Triomphe, l’avocat de l’AGRIF, et de la stupidité de l’autre, toujours contre l’AGRIF. L’un et l’autre faisant obsessionnellement profession de foi antifranquiste (en 2011 !), nous les avons qualifiés « d’héroïques militants de la résistance à Franco ». Et comme ils confondent leurs fantasmagories antifranquistes avec la haine de l’AGRIF, nous leur avons décerné le prix Dolorès Ibarruri, du nom de cette femme appelée la « pasionaria » qui déclencha la guerre civile espagnole et se rendit célèbre par l’habitude qu’elle avait de mordre dans le cœur extirpé du cadavre de ses ennemis.

Avant de leur offrir leur prix, Bernard Antony a procédé à quelques nécessaires répliques historiques sur ce qui motiva, après de longues hésitations, le très légaliste et républicain général Franco à s’engager depuis les Canaries dans son action salvatrice.

En 1936, après les incendies d’églises par milliers, les assassinats par centaines, les viols et massacres de religieuses, une double terreur s’abattait sur l’Espagne :
-       - La noire, celle des anarchistes de la FAI et autres mouvements dans la ligne du « catéchisme du révolutionnaire » de Bakounine, celle de la culture de la cruauté.
-          -     La rouge, celle de l’Internationale communiste dirigée depuis Moscou et qui allait l’emporter sur la noire dans la systématisation de la terreur planifiée.

Aux deux récipiendaires qui n’ont pas eu la sportivité de venir débattre de leurs positions sur hier et aujourd’hui, il a été offert deux pièces de cet « art contemporain » où, selon ses dogmes, « tout est art ».
Au père de La Morandais était destiné un beau tube de harissa du Cap-Bon, l’indispensable sauce pimentée accompagnatrice des couscous, brochettes et autres délices de la cuisine méditerranéenne.

Le tube en a été magnifiquement modelé. On peut l’admirer, réfléchir sur sa forme et sa matière. Le jaillissement de l’harissa à laquelle pourrait procéder M. de la Morandais est d’un grand intérêt symbolique. Normalement, l’harissa s’ingère par la bouche, mais on peut penser aussi qu’elle pourrait être moins dangereuse, quoique aussi digne de réflexion, pour « l’acteur » du sublime Castelluci qui, dans la prière « genesi » s’enfonce des débris de verre dans le fondement.

Pour Jacques de Guillebon, c’est une magnifique boîte de pois chiches qui l’attendait, délicatement bosselée.
On a pu réfléchir ainsi sur la famine qu’entretint pendant des dizaines d’années l’atroce régime franquiste que visitaient néanmoins chaque année douze millions d’ignobles touristes européens et autres, collabos cyniques du régime affameur. Mais l’art contemporain, nourri de la kabbale chère à Castelluci, est toujours riche de plusieurs lectures symboliques possibles. Le pois chiche est ainsi souvent le symbole de la réduction du cerveau. On connaît l’expression « il a un pois chiche à la place du cerveau ».

De la boîte, que l’on peut vider et qui sera toujours très digne, une fois ouverte et dans l’expression d’une attente de plénitude, d’être admise à Beaubourg, Monsieur de Guillebon pourra extraire douze fois douze pois chiches qui, « tous ensemble, tous ensemble, oui, oui, oui » pourraient se rassembler en un beau cerveau révolutionnaire.

Au sujet du cerveau de Jacques de Guillebon, on en lira une belle expression de culture historique et d’élan révolutionnaire dans le dernier numéro de Permanences, revue d’une officine catholique jusqu’ici plutôt positionnée dans un registre ne relevant pas de la théologie de la libération et des grands élans socialistes.

Avec sa hardiesse continue, Guillebon y pourfend Montalembert et Veuillot « qui s’unirent en 1848 pour que décidément les cris du peuple ne pénètrent plus dans la nef des églises ».

Cela, dans une revue de la continuité de Jean Ousset, il fallait oser l’écrire !

Guillebon écrit encore : «  Mais peut-être les catholiques croient-ils que le combat du jour soit la défense de la liberté d’enseignement ?  

Pour moi, je n’y crois pas. Ou plutôt, je croirai à la grandeur de l ‘école catholique libre le jour où elle passera aux barbares à son tour, où elle aura commencé d’aller enseigner aux sauvageons des quartiers abandonnés, où elle ne sera plus la mère nourricière de la bourgeoisie, catholique ou athée d’ailleurs, peu importe.

Rompons, rompons définitivement avec tout libéralisme, ce piège suprême qui nous aura enlevé et la religion et la liberté. L’histoire le prouve assez, si même l’on ne croit pas à la démonstration en raison.
Définitivement, notre christ est celui des barricades. »

Oui, vraiment, du grand élan ! C’est pas de la gnognote incantatoire ! Au diable donc la liberté d’enseignement à la gomme, selon le catholicisme bourgeois. Au diable Anne Coffinier et les petites institutrices des écoles non subventionnées qui s’occupent des enfants durant beaucoup plus que 35 heures hebdomadaires pour à peine le SMIG ! Avec Guillebon, nous entonnerons le célèbre chant anarchiste espagnol célèbre sur l’air de La Varsovienne « A las barricadas !». Et dans un grand frémissement guerrier, nous planterons le vrai visage du Christ sur les barricades où viendra se briser la soldatesque versaillaise.

Certains trouveront peut-être curieux et même très contradictoire cet élan anarchiste avec la défense véhémente de l’État par laquelle débute l’article de Guillebon. Ces esprits chagrins ne sont vraiment pas à la hauteur de sa dialectique transcendantale.

Jacques de Guillebon, admirable héros futur qui, faute de pouvoir « mourir à Madrid » ou, tel Byron, à Missolonghi, pourrait peut-être aller chercher la gloire dans tant d’endroits d’oppression que nous pourrions lui indiquer, du Nigéria à la Corée du Nord.

Pour l’instant, notre héros semble préférer demeurer à Paris. C’est mieux en effet pour chanter les barricades qu’à Pyongyang, à Pékin ou à Islamabad…