Toulon, le 2 novembre 2011
Monsieur le Président,
Vous avez bien voulu me solliciter à propos de l’action en justice de l’association AGRIF, que vous présidez, demandant l’interdiction du spectacle de Rodrigo Garcia intitulé « Golgota Picnic » et programmé du 16 au 20 novembre 2011 au théâtre de la Garonne à Toulouse et du 8 au 17 décembre au Théâtre du Rond Point à Paris.
Les éléments rassemblés dans l’assignation préparée par votre avocat correspondent aux informations circulant dans les médias depuis plusieurs semaines, en provenance d’Espagne notamment, à propos tant du spectacle lui-même que des déclarations de son auteur, M. Garcia.
Depuis que la programmation de ce spectacle est connue, de nombreux chrétiens de mon diocèse et d’ailleurs en France m’ont fait part de leur profonde peine, de leur incompréhension, de leur exaspération et parfois de leur colère face à une nouvelle atteinte au cœur de notre foi chrétienne et de la religion catholique. L’identité de tout fidèle catholique est en effet constituée par la personne même du Christ, et par son sacrifice sur la Croix, au Golgotha, où Il nous a rachetés de nos péchés et ouvert, dans son sang, la voie de la réconciliation avec Dieu. Porter atteinte à la personne du Christ en Croix, c’est tout à la fois porter atteinte à la religion chrétienne dans son ensemble, mais c’est aussi insulter gravement et au plus intime de sa conscience et de son cœur chaque fidèle.
Dans le cas présent, traiter le Christ en Croix de « fou », de « chien de pyromane » et « messie du sida », de « putain de diable », en faire l’égal d’un terroriste, équivaloir la multiplication des pains qui annonce le don renouvelé de Lui-même dans son Eucharistie, à chaque Messe et à chaque communion, et la Crucifixion par laquelle Il nous sauve, à des représentations enfermant les hommes dans la cruauté, tout cela dépasse de très loin la mesure de ce qu’un chrétien peut entendre sans éprouver le sentiment d’une agression très vive dans ce qu’il a de plus cher et de plus intime. Le projet de M. Garcia de prouver que la vie du Christ a créé une iconographie de la terreur va directement à l’encontre de la foi de tous ceux qui voient dans le sacrifice du Christ sur la Croix la source de toute paix et réconciliation.
Un tel spectacle ne peut que blesser violemment les consciences chrétiennes comme celles de tous les hommes de bonne volonté attachés au respect mutuel des uns par les autres. J’espère vivement que le succès de vos actions permettra à tous ceux qui ont déjà exprimé leur dégoût et leur révolte, de comprendre que la société dans laquelle nous vivons les protège dans leur identité, leur conscience, et leur volonté de dialoguer dans la paix, sans offense et sans violence, avec ceux qui ne partagent pas leur foi ou qui se posent légitimement des questions sur le Christ et sur l’Église.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma prière fidèle et de mon soutien dans votre action confiante en la justice de notre pays.
Mgr Dominique REY
Evêque de Fréjus-Toulon
Mgr Dominique REY
Evêque de Fréjus-Toulon