Suite à ma réaction sur le positionnement archéo-jacobin du Front National modèle 2011 que j’aurais pu qualifier de « déroulèdien » (cf. Général Déroulède), certains me font remarquer que je n’ai pas commenté l’appel marinien, qu’ils ont noté, à un parti de rassemblement aussi bien des « homos » que des « hétéros ».
Je leur réponds simplement qu’on ne peut pas tout commenter en un seul communiqué et que je ne doutais pas d’avoir l’occasion de traiter de cela ultérieurement. J’avais bien sûr déjà observé des déclarations semblables sur ce point de la nouvelle direction du parti lepénien et notamment celle de Louis Aliot déclarant que ceux qui n’y acceptaient ni les Juifs ni les « homos » n’y avaient pas leur place.
J’avais trouvé cela quelque peu incongru et même biscornu et deux ou trois de mes amis juifs m’avaient exprimé d’ailleurs leur exaspération à l’égard de cette déclaration somme toute d’identification analogique de deux appartenances n’ayant vraiment aucun rapport conceptuel. L’un d’eux, courroucé, car tenant fortement à la doctrine du judaïsme sur l’homosexualité telle que très fermement rappelée par les grands rabbins successifs, bien plus durs que la hiérarchie catholique, me dit même avec des mots très crus combien il trouvait cette déclaration insupportable.
Pour ma part, on le sait, fondateur au moment de l’odieuse affaire de Carpentras avec Serge de Beketch, Jean-Pierre Cohen, Judith Cabaud, Fernand Teboul, Jean-Baptiste Biaggi et bien d’autres du Cercle d’Amitié Française Juive et chrétienne, et auteur d’un petit opuscule « Ni raciste ni antisémite, le Front National », j’œuvrais de mon mieux pour que le FN ne soit pas taxé d’antisémitisme. Or, à l’exception de quelques marginaux « nazbrocks » comme nous les appelions, il n’était pas antisémite malgré la haine et la désinformation d’un certain nombre de juifs de gauche le voulant tel pour les besoins de leur dialectique trotskarde.
Il y avait par ailleurs, dans un tout autre ordre d’appartenance que religieuse, ethnique ou culturelle, des responsables du FN homosexuels. Ils ne cherchaient ni à dissimuler leur disposition affective préférentielle ni à la brandir prosélytement comme on le fait dans l’exhibitionnisme de la Gay-Pride avec ses sommets de mauvais goût et d’obscénité, ni même à en faire comme un réseau de connivence.
C’est en vérité Le Choc du Mois que je viens de recevoir et de parcourir qui m’amène à écrire sur ce sujet. Car on m’interroge aussi sur le long dossier intitulé « Voyage dans la planète gay » et dans lequel on peut lire notamment dans l’article « Quand les homos basculent à droite, très à droite », les lignes que voici : « Bien aveugle celui qui n’aura pas noté autour de Marine Le Pen l’omniprésence de jeunes hommes dont les hommages au beau sexe ne sont pas la préoccupation principale. La nouvelle présidente du Front National se montre d’ailleurs d’une grande discrétion quant à ses positions sur le « mariage » gay ou l’adoption par des couples homosexuels. »
Alors comme on me demande ce que je pense de cette question, je ne me déroberai pas. Ma position est simple : elle est celle de la claire doctrine catholique moins dure que la judaïque orthodoxe ou que l’islamique.
On y exprime bien que l’homosexualité, qui n’est certes pas moralement acceptable, peut être chez certains le fait en quelque sorte d’une disposition de nature et on ne saurait évidemment avoir de l’aversion pour ceux qui naissent ainsi déterminés.
Aussi on ne peut qu’admirer ceux qui dominent leur penchant à l’inversion sexuelle et pour le moins ne pas mépriser ceux qui n’en font pas comme un modèle socialo-culturel, fondement du réseau de connivence que j’évoquais ci-dessus.
Car, comme le disait Jacques Bainville sur le phénomène politique et social des minorités : « Une minorité, c’est un réseau ». Et le grand historien protestant Pierre Chaunu écrivait pour sa part sans complexe l’assertion suivante : « Hier la majorité persécutait les minorités, aujourd’hui ce sont les minorités qui persécutent la majorité ».
Or, n’est-ce pas un peu à un tel phénomène que l’on a pu assister avec ce que partout l’on présente comme le « lobby gay », instaurant en certains milieux médiatiques ou culturels une réalité de domination et de discrimination et exprimant surtout l’extravagante prétention d’un nouvel ordre social et familial au nom de l’idéologie du « genre » , celle du GLBT (Gay – Lesbien – Bi – Trans, etc, etc…)
Et n’est-il pas insupportable de voir s’exprimer la revendication, l’exigence, que les combinaisons, les "paires " voire les « triades » de ces genres puissent adopter des enfants alors que leur particularité sexuelle en interdit la fécondation et donc la naissance et dénie le fait que le principe naturel de la transmission sociale est que, sauf accident tragique, l’enfant soit élevé par son père et sa mère ?
Je ne crois pas, du moins j’espère que Marine Le Pen n’ira pas jusqu’à conformer son laïcisme révolutionnaire jusqu’à cette idéologie soixante-huitarde individualiste et nihiliste du « genre ».
Mais je suis néanmoins très stupéfait de voir apparaître chez elle, sans doute sous prétexte de « vivre avec son temps », la dialectique de la classification du genre humain entre « zomos » et « zétéros ». Ça, en effet, c’est nouveau ! Je confie sans difficulté que jusqu’à très tard dans ma vie je n’avais pas pris conscience d’appartenir à la tribu des zétéros ! Pour moi, l’humanité était merveilleusement faite d’hommes et de femmes pouvant constituer des couples et donner naissance à des enfants.
Marine qui, bien plus que moi, louange la mémoire du Général De Gaulle, imagine-t-elle ce dernier appelant sous son képi, avec les accents de son éloquence, au rassemblement des zomos et des zétéros ? Nul doute que ce dernier, très cru à ses heures, eût en privé traité de la question avec tout le raffinement particulier des corps de garde.
Il me revient en mémoire qu’un de mes amis, devenu un très actif lieutenant de Marine et qui n’est pas de la tribu des zomos m’avait un jour, lors d’un repas arrosé de vin de Loire, prôné l’idée de la constitution d’un « lobby » des zétéros. Il parlait néanmoins sérieusement comme fier d’une géniale trouvaille.
« Ô mamma mia ! Dans quel monde vivons-nous ? », me demandais-je. Je lui répondis en substance charitablement mais gaillardement que j’avais la même considération pour la nouvelle configuration sociale de distinction des zomos et des zétéros que celle que j’ai pour la mémoire de Jean-Paul Sartre. Mais je ne saurais décemment ici reprendre l’intégralité de mes propos.
Certes je crois comprendre que Marine Le Pen, en manifestant son ouverture au lobby des « zomos » a pu espérer et obtenir un meilleur traitement médiatique que son père qui pourtant lui aussi, quoique moins explicitement, lui accordait toute sa compréhension. Mais, on le sait, Le Pen suscitait des oppositions pour d’autres raisons. Marine pense sans doute depuis longtemps que dans sa politique de dédiabolisation, de lissage et de blanchiment du FN le lobby homo lave plus blanc…
Je ne jette pas la pierre à ceux qui, faute de mieux, placent leur espérance en elle. Mais ce que je sais, c’est que moi, je ne reviendrai pas dans un Front National désormais nationalistement archaïque et modernistement si tristement conformiste dans l’idéologie de la décomposition sociale.
Je crois en effet que, nonobstant les encore trop nombreux évêques et clercs rancis dans toutes les démagogies, abdications et collaborations avec les idéologies et les modes antichrétiennes, le non-conformisme aujourd’hui comme hier, et aussi la saine insolence, la véritable liberté, et la liberté de la vérité sont dans l'Évangile du Christ et de l’Église catholique.
À temps et à contre temps, nous devons le rappeler dans la certitude que la culture de mort si décisivement ainsi nommée par Jean-Paul II ne l’emportera pas.