jeudi 7 avril 2011

Rivarol : du risible au pitoyable

Un ami m’envoie le numéro de Rivarol du 11 mars dernier où l’on me cite en taxant mes positions « d’americano-sionistes » ! Ce n’est pas nouveau et c’est insignifiant.
Je ne suis pas américain et tous ceux qui me lisent ou m’écoutent savent que si je n’ai rien contre le peuple américain et si j’admire même en Amérique la conservation des libertés que nous n’avons plus chez nous, j’ai fréquemment critiqué durement la politique américaine (contre la France en Indochine et en AFN ; le crime de l’éviction du Shah d’Iran et leur désastreuse invasion de l’Irak, etc , etc…)
Je ne suis pas sioniste. N’étant pas juif, je ne suis pas un nationaliste israélien. J’ai pendant quinze ans au Parlement Européen défendu le droit à la paix et à des frontières sûres pour Israël mais aussi de pareils droits pour les Palestiniens.
J’ai toujours trouvé sages les propositions de Vatican qui n’est pas non plus je crois americano-sioniste.

Je suis pour cette liberté que bordait sagement, comme aimait à le rappeler Me Georges-Paul Wagner, la loi sur la presse de 1880 réprimant l’injure et la diffamation.
J’use justement de ma liberté pour manifester combien je ne trouve qu’un mot, abjection, pour qualifier l’article dans le même numéro de monsieur Hervé Ryssen.
Voici ce qu’il écrit de la période de 1940 à 1945 : « Ce fut une époque bénie. On n’avait pas ri comme ça en France depuis bien longtemps. Sur les Juifs, les Noirs et les Arabes, on s’en donnait à cœur joie. Tout le monde laissait libre cours à son imagination : on se moquait de leurs travers, de leurs physiques ingrats : on faisait de bons mots sur leurs mœurs douteuses ».
Peut-on écrire plus bêtement, plus odieusement ?
Au mépris de la mémoire des sacrifices des soldats français parmi lesquels des Juifs, des Noirs, des Arabes, en grand nombre, dans notre armée sur le sol français et puis dans l’armée d’Afrique. Au mépris des Juifs raflés, massacrés, comme d’autres aussi, dans les camps de l’enfer nazi à l’image de l’enfer bolchévique. Qu’auraient dit, devant cette expression d’irréfutable haine raciste nos amis de jadis au sein du FN et aujourd’hui disparus, l’héroïque combattant juif de la résistance et de l’Algérie Française, Robert Hemmerdinger, l’ancien député d’Alger patriote intraitable, l’arabe Mourad Kaouah et l’ancien résistant et combattant aussi de l’Algérie Française, le grand penseur Jules Monnerot, cet antillais patriote qui aurait mieux mérité le Panthéon que le communiste Césaire.
Ah, quelle belle époque pour Ryssen où il se serait moqué ! Sauf, il est vrai, des vainqueurs et des collabos parmi lesquels bien sûr, on le sait, ne sévissaient jamais des mœurs douteuses…
On peut, sur de tels écrits, se poser des questions : quelle en est exactement la motivation ? Quel est le but exact de semblable provocation ? Œuvrer pour donner de la légitimité à l’antiracisme ? Le plaisir de salir le peuple français de 1940 – 1945 en le décrivant pire encore que ce que peignent ceux qui le détestent ?
Mais quelle est donc cette haine de l’honneur de la France, ce mépris de la mémoire de ses deuils, de ses misères et de ses grandeurs qui anime M. Ryssen ? On imagine un Péguy, un Bernanos, un Maurras lisant cela.