mardi 28 juillet 2009

Encyclique Caritas in veritate

Des amis me demandent ce que je pense de la dernière encyclique Caritas in veritate de Benoit XVI. Je l’ai lue attentivement mais je souhaite encore en peser certains passages.
Sur bien des points, je la trouve excellente et pourquoi tairais-je ma satisfaction de voir ainsi magistralement légitimé la doctrine sociale solidariste qui a motivé des engagements de jeunesse que je n’ai jamais reniés.
En revanche, je suis assez hésitant et circonspect sur les passages ayant trait à la « gouvernance polyarchique de la mondialisation », à « l’autorité politique mondiale » avec sa « faculté de faire respecter ses décisions ». Le respect avec lequel un catholique doit accueillir les textes pontificaux, et surtout les encycliques, ne dispense pas de la liberté de réflexion et de jugement. Ce ne sont point paroles d’Evangile ni définitions dogmatiques. Nous revendiquions cette liberté catholique sous les pontificats précédents.
Je lis et je relirai avec attention les articles par lesquels mes amis Jeanne Smits, Yves Daoudal et Jean Madiran lui-même, emploient tous leurs grands talents d’analystes et de commentateurs à argumenter fortement qu’il ne faut surtout pas interpréter le texte de l’encyclique dans un sens de légitimation catholique d’un gouvernement mondial.
Mais s’ils portent tant leur effort sur ce point, n’est ce pas parce que, tout de même, ils en auraient senti la nécessité, que c’était là que le bât blessait ? Je m’interroge.
N’en déplaise à une amicale observation de jadis de Jean Madiran dans Présent selon laquelle je réagissais trop souvent au quart de tour (il s’agissait de la manifestation de mon désarroi face aux sacres de quatre évêques par Mgr Lefebvre), je ne réagis rapidement que dans les péripéties de l’action et des nécessaires répliques.
Aussi pour ce qui est de quelques passages un peu nébuleux à mes yeux de cette encyclique, je me donne le temps d’y réfléchir ; de peser comment les concepts peuvent se concrétiser ; comment une autorité peut bien être à la fois « subsidiaire et polyarchique ».
J’avais en effet défendu jusqu’à ce jour la distinction du principe d’autorité et du principe de subsidiarité appliqué aux travaux subordonnés selon, somme toute, l’adage maurassien « En haut l’autorité, en bas les libertés… ». Quoi qu’il en soit hélas, la polyarchie éventuelle impliquera, je le crains, beaucoup moins le Vatican que la Chine, l’Inde, les USA, les nations islamistes.
Il faudra sans doute beaucoup de diplomatie pour construire une idéale et subsidiaire gouvernance polyarchique non gouvernementale…
Bernard Antony