jeudi 30 juillet 2009

Adieu Bat !

J’apprends que Jean-Baptiste Biaggi vient de quitter ce monde. Depuis plus de trente ans, il m’honorait d’une amitié sans faille, attentive et agissante dans le soutien à tous les combats de Chrétienté-Solidarité et de l’AGRIF. Je suis à la peine d’être hélas dans l’insurmontable impossibilité de l’accompagner pour ses obsèques à Cagnano, son beau village du Cap Corse où il me reçut si souvent avec ma famille.
Non sans émotion, je vois très haut au-dessus de sa demeure, la mer au loin, le magnifique tombeau corse que je connais bien, avec ses murs de marbre et sa chapelle intérieure et les lauriers roses autour, où il reposera parmi les siens à l’emplacement prévu.
Jean-Baptiste Biaggi, grand patriote français, fut en effet aussi tout au long de sa vie de fidélité un amant passionné de son île. Je relis ce jour, encadré dans mon bureau, son superbe, très poignant poème, « Anima Corsa » que l’on pourra découvrir dans le prochain numéro de Reconquête.
Tous ses amis l’appelaient du diminutif affectueux de « Bat », son nom dans les commandos de France. Bat, engagé volontaire en 1940, avait combattu et reçu une première grave blessure aux poumons. Après des mois d’hospitalisation il avait rejoins le réseau Orion de la Résistance, créé par son frère de combat Alain Griotteray et Henri d’Astier de la Vigerie. Arrêté par la Gestapo, il fut aussitôt condamné à la déportation. Quelque part en Lorraine, il réussit à décadenasser la porte du wagon de marchandise où il était enfermé avec plusieurs autres qu’il persuada de sauter avec lui, trouvant ensuite dans le village le plus proche, l’hospitalité agissante du curé qui les mit aussitôt en rapport avec un préfet protecteur efficace qui se trouvait être corse lui aussi.
Bat rejoignit alors les commandos de France formés notamment par les hommes du réseau Orion. Cela se solda pour lui par d’atroces blessures au ventre dont il garda toute sa vie, sans broncher, le handicap et les douleurs.
Bat, fut un des agents essentiels du 13 mai pour ramener le général de Gaulle au pouvoir, ce dont il ne se consola jamais et qu’il évoquait avec une ironique amertume. Pour le récompenser, disait-il ainsi, le général de Gaulle l’envoya quelque temps en prison. Jusqu’au bout, Bat fut non seulement lui-même un défenseur de l’Algérie Française mais surtout un des grands avocats des militants de l’Algérie Française avec Tixier-Vignancour ou encore son ami Georges-Paul Wagner dont il partageait la grande admiration pour Charles Maurras.
Bat participa à nombre d’université d’été du Centre Charlier et notamment à celle tenue au château du Barroux. La mairesse de ce village, en la circonstance, se discrédita en osant proférer que cela lui rappelait les années noires du régime de Vichy ! Elle eût été mieux avisé d’avoir à honneur d’offrir une réception au grand héros patriote qu’était Jean-Baptiste Biaggi. Mais Bat, lui, avait eu aussi pour honneur de défendre tous les patriotes et ceux aussi qui avaient servi la France avec le maréchal Pétain. Il exprimait toujours son dégoût pour un certain résistancialisme partisan, prospérant dans la rancune et l’esprit de division.
Farouchement adversaire de la voyoucratie indépendantiste corse, Jean-Baptiste Biaggi fut par elle condamné à mort et échappa miraculeusement, comme il en était persuadé, à un attentat où onze balles, sans l’atteindre, criblèrent sa voiture, dont il sortit intact après qu’elle ait dégringolé dans le ravin.
Profondément catholique, fervent de la Vierge Marie, il avait tenu à en placer des statues non seulement chez lui mais en maints endroits du cap Corse. Il était sûr de sa protection. Nul doute qu’elle l’ai accueilli là-haut avec une infinie tendresse.
A Dieu, Bat !

Bernard Antony

P.S. : Ce lundi, la messe de rentrée de l’université d’été du Centre Charlier sera célébrée pour le repos de l’âme de Jean-Baptiste Biaggi.