lundi 6 avril 2009

Quelles suites après le G20 ?

À l’issue du G 20 du 2 avril 2009 les commentaires ont été dithyrambiques dans les médias et cette réunion des responsables politiques des pays les plus riches nous aurait offert un "Accord mondial pour un nouveau capitalisme". Si nous ne nions pas que le G 20 ait entériné une nouvelle situation comme la fin de l’unilatéralisme américain ou qu’il ait réussi à éviter de sombrer dans le protectionnisme qui avait aggravé la crise de 1929, nous restons dubitatif sur les mesures prises.
Le fait de prendre l’engagement politique de restaurer la confiance et de réparer le système financier en réformant les institutions financières internationales est une promesse que les chefs d’État du G 20 pouvaient difficilement ne pas tenir. La volonté de réformer les institutions financières reste ainsi du domaine des bonnes intentions mais les faits concrets n’emportent pas notre enthousiasme.
D’abord nous constatons qu’aucun plan de relance économique n’a été annoncé. Nous ne voyons pas non plus pourquoi le nouveau Conseil de stabilité financière créé afin de remédier aux dysfonctionnements du système financier réussirait là où le Forum de stabilité financière a échoué, même avec un mandat renforcé. À chaque fois qu’un système de contrôle est mis en place, les marchés financiers s’évertuent à créer de nouveaux dispositifs afin de le contourner. La mesure phare annoncée a été le renforcement des institutions financières internationales, le F.M.I. et les banques de développement, avec une allocation de ressources se montant au total à 1.100 milliards $. Mais comment cette manne sera-t-elle répartie et selon quels critères ? Comme le F.M.I. est la dernière bouée de secours des États en cessation de paiement, cela veut dire que le G 20 s’attend à de grandes difficultés pour les États voire à des faillites dues aux déficits budgétaires abyssaux que la relance de type keynésien va entraîner.
A priori ce sont les pays émergents qui devraient bénéficier de ces fonds puisqu’il est prévu que le F.M.I. vende une partie de ses réserves en or afin de soutenir les pays les plus pauvres. Lorsque le G 20 assure que la relance doit être "équitable et verte", il fait une confusion entre le social, l’écologie et la finance internationale. Aider les pays les plus pauvres n’est probablement pas la plus subtile politique, s’il y a une aggravation de la crise, ce que nous redoutons, elle ne se produira pas par l’effondrement de la demande des pays émergents qui est, par définition, limitée, mais par celle des pays développés entraînant dans la récession les pays émergents.
Le G 20 a émis des promesses et prévu des mesures pour éviter qu’une crise du type que nous connaissons actuellement ne se reproduise. Mais chaque crise à ses particularités et la prochaine ne sera certainement pas la même que celle d’aujourd’hui. Un des problèmes principaux de la finance et du commerce international est celui du dollar et le G 20 n’a pas suivi la Russie et la Chine sur ce sujet brûlant. Mais la création d’une véritable monnaie de réserve et d’échanges internationaux est plus que jamais d’actualité. Quant aux mesures concernant les paradis fiscaux, nous attendons là encore des faits concrets qui nous paraissent plus que douteux, beaucoup trop de monde en bénéficie, nous ne citerons qu’un exemple : celui de la B.N.P. qui détient pas moins de 189 filiales dans ces paradis fiscaux.
En fait, la nouvelle donne du système capitaliste a été créée par la crise elle-même, elle se caractérisera par une croissance économique internationale molle puisque c’était l’endettement des foyers américains qui dopait la croissance. Or dorénavant, l’avenir proche est au désendettement et par conséquent à une baisse de la consommation. Reste le problème principal : qui va fournir les 1.100 milliards de $ d’augmentation des ressources des institutions financières internationales ? Ce sont évidemment les pays adhérents qui connaîtront une nouvelle augmentation de leurs déficits. Ainsi, ces mesures prises par le G 20 participeront à gonfler un peu plus la bulle des déficits budgétaires étatiques, si jamais celle-ci éclatait, nous serions en présence d’une catastrophe sans précédent.

Louis CHAGNON