lundi 24 novembre 2008

Martine et Ségolène

La politique, on le sait bien, n’est pas qu’affaire d’idées et de programmes.
Les ralliements aux personnes s’y font pour des motivations qui ne sont pas toujours des raisons.
Ils s’expliquent par des phénomènes d’attraction et de répulsion relevant plus du subjectif voire de l’inconscient que de la convergence idéologique.
La division du parti socialiste est ainsi une très intéressante chose à observer et analyser.
L’affrontement idéologique n’y tient que peu ou pas de place.
Entre Martine et Ségolène, ce n’est en réalité, au stade où elles en sont, qu’affaire de mots et de slogans. Nul d’ailleurs ne s’avise de considérer que, l’une dans la région Poitou, l’autre dans la ville de Lille, elles ne s’écartent pas d’une terne application des programmes concoctés par les fonctionnaires socialistes.
Elles pratiquent ainsi les mêmes politiques de la Ville et de subvention aux mêmes ou semblables associations.
Mais elles sont l’une et l’autre mues par une même et dévorante volonté d’occuper les sommets de la carrière politique.
Alors il faut bien justifier leur rivalité par des divergences de stratégie comme si, par exemple, une éventuelle alliance ou non avec un Bayrou signifierait des choix réellement différents pour l’avenir de la France.
Ce sont donc des choix esthétiques qui divisent la militance socialiste. Les uns se reconnaissent en Martine Aubry. Elle l’emporte à l’évidence sur Ségolène par son naturel populacier. Elle a la robustesse, du moins apparente, de ces femmes des grandes invasions vandales ou mongoles qui aidaient les chevaux à désembourber les chariots. Elle a d'ailleurs les pommettes mongoloïdes de son père Jacques Delors dont le regard calculateur et froid évoquait pour moi au Parlement européen les steppes de l'Asie Centrale.
Sa chevelure, comme sa peau, est grasse, lubrifiée comme avec la graisse des frites et des saucisses. Elle en mélange les effluves avec ceux des moules, excellentes au demeurant dans les Flandres, mais dont les remugles sont tenaces si l'on ne prend pas soin de les vaincre autrement que par un simple essuiement.
Martine est l'archétype de ces militantes des congrès socialistes aux poings levés, au verbe haut, à la lippe audacieuse et vulgaire et même un brin cannibale.
Disons-le tout net, elle est presque la perfection dans l'identitaire de gauche.
Ségolène, elle, ne court pas avec une égalité de chance. Elle cumule les handicaps. Et d'abord celui de porter un prénom et un nom si harmonieusement aristocratiques qui fleurent bon le monde de la comtesse de Ségur ou de Marcel Proust. Ségolène est faite pour cueillir des bouquets d'aubépines en fleur, le dimanche à la sortie de la messe, en aguichant les bons jeunes gens de la paroisse.
Elle a eu et elle a un charme dont je suis persuadé qu'il doit irriter un Delanoë dans ses zones d'affection ambiguës. Nul doute, j'en suis sûr, qu'il préfère une franche répulsion avec Aubry qu'une agaçante attirance pour Ségolène.
Cette dernière s'efforce tout de même de surmonter ses handicaps avec sa façon de parler. Là, le charme est rompu. Elle a cultivé la langue de bois socialiste et, sinon la langue de boa, la langue de cobra des affrontements sans pitié. Mais la douceur, l'humour en sont absents. Elle s'efforce de faire beaucoup plus de gauche que ses apparences ne le laissent supposer. Alors, elle en remet dans la logomachie socialiste.
Ne nous leurrons pas, avec un Bayrou, elle constituerait un duo politique d'autant plus laïcard qu'ils seraient ensemble dans la même psychologie de relégation de leurs racines.
Cela, il est vrai, ne nous changerait pas du tout de la situation actuelle où, avec la HALDE, se met en place doucereusement le régime non seulement le plus anti-chrétien mais le plus éradicateur qui soit de l'ordre naturel des choses.
Mais nous en reparlerons.