mardi 24 juin 2008
Messe de Paul VI, forme ordinaire du rite romain, de quoi parle-t-on ?
Réflexions libres d’un simple fidèle qui ne prétend pas être liturgiste.
Il est beaucoup question, ces derniers temps, de la reconnaissance de la messe de Paul VI (dite forme ordinaire du missel romain) par tous les catholiques attachés au rite tridentin. Aux prêtres, on demande même quelquefois de participer, avec l’ordinaire du lieu, à la concélébration de la messe chrismale dans ce rite voire, dans certains cas, d’accepter un bi-ritualisme épisodique ou permanent.
La reconnaissance de la forme ordinaire du rite romain ne fait que reprendre l’esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum et le texte de sa lettre d’accompagnement destinée aux évêques. Le Pape travaille là à reformer l’unité de l’Eglise par la liturgie, la subtile distinction entre le forme ordinaire et le forme extraordinaire du missel romain va dans ce sens.
Une expérience récente, à l’occasion d’une messe paroissiale dans la forme ordinaire, m’amène cependant à formuler quelques remarques sur l’objet même du "contrat" que l’on propose aux fidèles et aux prêtres attachés au rite traditionnel.
Lors de cette messe dominicale (j’hésite à mettre messe entre guillemets) d’une importante paroisse de la région lyonnaise, noyée dans les chants de Taizé, les fidèles attendront la bénédiction finale (« le rite de l’envoi ») pour que le prêtre se signe et pour se signer eux-mêmes, avant cela pas un seul signe de croix ! La consécration est dite à la vitesse grand V (mais ce n’est pas là, l’apanage des seules paroisses où se dit la nouvelle messe…), sans que personne ne s’agenouille à l’élévation. Une consultation du missel mis à disposition n’aide en rien à suivre la célébration. Impossible de retrouver le texte correspondant. Le caractère sacrificiel de la messe étant totalement absent des commentaires du même missel qui fait la part belle au creux verbiage si caractéristique des tristes années 70-80, évoquant exclusivement l’aspect mémoriel de la messe. Enfin, la communion est distribuée par les 3 prêtres présents (pénurie de prêtres ???) aidés d’un laïc, quasi exclusivement dans la main et sans agenouillement cela va de soi. J’avais oublié le caractère simpliste, l’absence de profondeur spirituelle, de transcendance et la niaiserie de telles cérémonies. Hélas, ce n’est pas un cas isolé.
Impossible de dire de quel rite ou de quelle version du missel il s’agit.
Comment alors demander aux fidèles et aux prêtres attachés au à la forme extraordinaire du missel romain d’accepter un "contrat" dont l’objet mouvant n’est pas clairement défini ? Accepter la forme ordinaire du canon romain ou donner son adhésion sans discernement et sans connaissance précise de ce qui est accepté puisque qu’il y a foison de célébrations, issues de l’imagination des prêtres ou des laïcs ? C’est la question que l’on doit poser.
Si pour l’unité de l’Eglise, les catholiques attachés à la liturgie traditionnelle ne doivent plus faire une mauvaise guerre à la messe de Paul VI dans son canon romain, on ne peut tout de même pas exiger d’eux qu’ils cautionnent des célébrations où ce qui se passe est en complète opposition avec ce que demande et affirme le Saint Père, sur la Présence réelle et la communion par exemple.
« La liturgie ne nous appartient pas : c'est le trésor de l'Eglise. » a-t-il encore rappelé ce dimanche, dans le même temps où se déroulait cette célébration, et d’autres, avec leurs très personnelles mises en scène.
Avant de demander aux prêtres et aux fidèles attachés au rite tridentin de se prononcer sur la forme ordinaire du rite romain, il faut au préalable régler cette question.
Et avant de s'adresser aux traditionnalistes, peut-être faudrait-il aussi demander aux non traditionnalistes d’accepter le canon romain selon la forme ordinaire (celui que dit le Pape) qui, s’il était dit et connu passerait dans nombre de paroisses pour un « retour en arrière », une atteinte à la liberté des équipes liturgiques et entraînerait de nombreux remous dans les conseils paroissiaux.
Yann Baly