Le Figaro annonce ce jour, à la une, « Israël et la Syrie négocient la paix », ce que je révélais sur ce blog il y a maintenant plusieurs semaines.
Patrick Saint Paul, le spécialiste des affaires du Proche-Orient pour ce journal analyse comme moi ce que j’avais présenté comme les données fondamentales de ces négociations : la restitution du Golan par les Israéliens contre l’élimination de la menace militaire du Hezbollah. Ce qui inquiétait donc ce dernier, l’amenant, comme je l’expliquais, à déclencher son opération de force, mais en sachant parfaitement où s’arrêter.
Il a donc habilement renforcé son emprise sur le Liban mais sans trop défier la Syrie. Et d’ailleurs, tout en se surveillant, les deux alliés savent bien que leur affrontement serait suicidaire. Le régime syrien est en effet conscient de ce que tout affaiblissement entraînerait la révolte de la masse des sunnites qui n’ont jamais admis la prise du pouvoir, remarquablement menée jadis sous couvert du parti Baas, par la secte alaouite d’Afez el Assad.
Les négociations n’aboutiront pas.
Le Hezbollah, qui après sa victoire dans la rue vient de renforcer politiquement son emprise sur le Liban, ne pourra évidemment pas être contraint par la Syrie à abandonner sa force militaire. Israël le sait fort bien. La Syrie aussi. Et d’ailleurs, Israël ne consentira pas de sitôt, sinon jamais, à abandonner le plateau militairement stratégique du Golan avec ses sources d’une eau là-bas aussi précieuse que le pétrole.
Les négociations n’ont donc aucune chance d’aboutir.On le sait à Damas comme à Tel-Aviv.
Pourquoi alors les mener ? Parce qu’il faut bien faire semblant, parce qu’il faut ne pas fâcher le gouvernement des U.S.A. qui doit continuer à faire croire que ses pressions en vue de la paix sont efficaces.
Cependant, voici qu’enfin le général Michel Sleimane va être élu président de la république libanaise. Ce sera avant tout le président accepté par les Syriens et sous surveillance syrienne. Il sait bien que tout chef d’Etat libanais manifestant des velléités de liberté par rapport à Damas a été assassiné, Moawad comme Bechir Gemayel, et il sait également que l’assassinat il y a quelques mois de son second, un peu trop nationaliste libanais, le général El-Hage, a été un avertissement.
A vrai dire, sa marge de manœuvre sera nulle. Le seul intérêt de son élection va être de permettre une période de trêve pendant laquelle le Hezbollah préparera ses nouveaux coups et ses adversaires les moyens, s’ils existent, de les parer.
Ce qu’il ne faut pas perdre de vue c’est que, pour le Hezbollah, la guerre contre Israël ne sert qu’à légitimer sa puissance qu’il utilisera pour continuer à grignoter le Liban et à avancer vers l’établissement de la république islamique qu’il n’a jamais cessé d’affirmer comme sa finalité. Et ceci ne sera pas sans conséquence sur l’immense phénomène d’avance générale de l’islam dans le monde. Quelques uns, il est vrai, dans une certaine extrême droite n’en ont cure.
Avec l’islam et le Hezbollah contre Israël ils croient tenir la revanche de l’affaire Dreyfus.