vendredi 30 mai 2008

IL N’Y A PAS QUE LE PROCES FOURNIRET.

La remise en liberté de certains tueurs en série, pourtant déclarés irrécupérables, au bout de leur peine pourrait enfin être remise en cause par la loi de rétention de sûreté.
Le verdict du procès Fourniret vient de tomber. Michel Fourniret finira sa vie en prison et sa femme, Monique Olivier, est condamnée à 28 ans de sûreté.

On salue à cette occasion les nouvelles mesures prises par la justice au sujet d’une perpétuité réelle : c’est un soulagement, et ce doit être bien plus que cela pour les familles des victimes.
Mais ce soulagement s’accompagne d’une inquiétude au sujet d’autres tueurs en série dont la condamnation à perpétuité est fictive. Patrick Tissier, par exemple, ne fera que 30 ans si la justice décide à ce moment-là de le remettre en liberté.

L’on est obligé de constater que les erreurs d’appréciation et de discernement de certains juges et psychiatres ont permis par le passé des atrocités qui auraient pu et dû être évitées. Ainsi, l’une des victimes de Patrick Tissier clame haut et fort qu’il recommencera forcément : il a été reconnu irrécupérable. Cependant les deux psychiatres interrogés lors d’un reportage à son sujet tenaient les mêmes propos stupéfiants : « Intellectuellement parlant, il n’est pas satisfaisant qu’il fasse 30 ans de prison… On ne sait pas le traiter…On ne voit pas d’autre solution que la prison à vie mais, humainement parlant, on ne peut pas s’en satisfaire…. » Que voudraient donc ces psychiatres ? Par leur comportement certains hommes ne perdent-ils pas tout droit à être traités comme les autres hommes ? Ce sont bien des monstres et non de simples minables ignominieux. Ce sont des êtres habités par un esprit non seulement dérangé mais maléfique.

Face à eux, la dignité des familles des victimes est à louer et à méditer. Ne vient-elle pas de ce qu’elles témoignent du caractère sacré de toute vie humaine innocente ? Elles ont imaginé et continueront d'imaginer l’indicible dans l’horreur vécue par un être cher, jour après jour, jusqu’à leur mort… Une torture qui ne finit pas, portée avec des vertus qui sont chrétiennes, qu’on en ait conscience ou non : la dignité, le dépassement de la haine, le courage de se battre contre le désespoir, l’amour transfiguré au-delà de la mort…

Sans doute le rôle du juge est-il de plus en plus complexe et difficile à tenir, sans repères normatifs explicites, sans recours possible à une vérité universellement reconnue.
La loi de rétention de sûreté apporterait un peu d’air frais et de paix au sein d’une société qui cherche en vain un équilibre et des repères dans le subjectivisme.

Anne COGNAC