jeudi 19 juillet 2007

Les poursuites de l’AGRIF après les provocations dialectiquement antisémite et anti-libanaise de Georges Frêche

L’AGRIF, selon son habitude de prudence, a attendu que l’énorme provocation du maire de Montpellier, Georges Frêche, injurieuse pour les Montpelliérains en particulier et les Français en général, injurieuse et diffamatoire encore pour Nicolas Sarkozy, soit dénoncée par les porte-paroles de la présidence de la République ou du gouvernement, ou tout au moins par ceux de l’UMP.
Voici en effet ce qu’a déclaré à l’occasion de la « Journée de Jérusalem » organisée sous les auspices de la mairie et de l’agglomération de Montpellier, le dimanche 24 juin 2007 au Parc Gramont :
« Moi je me souviens être allé à Tibériade lors de la guerre des Six jours et c’est là que je me suis fait un ami, je vais vous dire qui c’est : Nicolas Sarkozy. Eh oui, car on n’est pas du même bord, mais pour Israël on est du même bord. Et je suis ravi que pour la première fois la France ait élu au suffrage universel direct, ça sera mon bonheur dans mon malheur, ait élu un juif président de la République. On avait eu Léon Blum et Mendès-France Premiers ministres, mais on n’avait jamais eu un juif élu au suffrage universel, c’est un beau succès. Et en plus avec Kouchner ministre des Affaires Etrangères, qu’est-ce que vous voulez de plus ? »
Et plus loin :
« Vous savez qu’ici nous sommes une zone libérée d’Eretz-Israël depuis trente ans ».
Et encore :
« Je sais qu’Israël est un petit Etat qui a quelques millions d’habitants au milieu de plus de deux cent millions d’Arabes qui ont toutes les terres qu’il faut pour assurer le développement. D’ailleurs, regardez, les seuls qui aient laissé les Palestiniens dans les camps, c’est les Libanais. »
D’évidence, affirmer ainsi que Nicolas Sarkozy serait un Juif totalement inconditionnel d’Israël, c’est l’injurier gravement.
Car, quelles que soient ses différentes et respectables origines familiales, il est le chef de l’Etat français. Monsieur Frêche en fait une sorte de conquérant juif de la République française.
De plus, il renforce ces lourdes allégations, en quelque sorte de complicité dans l’impérialisme israélien le plus fantasmagorique, en se targuant d’avoir fait depuis trente ans de Montpellier « une zone libérée d’Eretz-Israël ».
Même les partisans du sionisme mystique les plus acharnés à légitimer par la Bible l’extension d’Eretz-Israël du Nil à l’Euphrate n’ont pas imaginé l’étendre au Languedoc-Roussillon ! C’est à faire retourner dans sa tombe le grand fondateur d’Israël, Théodore Herzl.
Quoi qu’il en soit, monsieur Frêche étant toujours maire et président de la région, encore lucide et responsable, cela devrait entraîner des poursuites pour crime d’entreprise de sécession d’une portion du territoire français au profit d’une puissance étrangère et, sans attendre, la déchéance de la nationalité française du divagateur montpelliérain.
Ou bien alors, comme certains le pensent, et notamment des Français juifs inquiets, s’agit-il peut-être d’une lourde provocation antisémite au deuxième degré.
Mais tout le monde ne peut ou ne veut percevoir cette calamiteuse ironie. Déjà un de nos amis harkis nous a signalé que la propagande islamiste les prenant au premier degré, s’en est emparée.
Quoi qu’il en soit, ces déclarations au premier ou au second degré sont ravageuses. On s’étonne alors du silence des organisations antiracistes spécialisées dans la lutte contre l’antisémitisme. Sans doute serait-il judicieux aussi que l’ambassade d’Israël en France s’en démarque, et dans l’intérêt d’Israël et dans celui des Juifs français.
L’AGRIF pour sa part constate combien ces propos constituent une formidable incitation dialectique à la haine. Elle laisse le soin à la LICRA de peser cela. Elle laisse le soin au MRAP de poursuivre monsieur Frêche pour son apologie du mur d’apartheid en Israël condamné par les instances internationales.
Pour sa part, elle va le poursuivre pour son imputation diffamatoire à l’égard des Libanais (ainsi stigmatisés comme une communauté déterminée en raison de leur appartenance nationale) auxquels sont imposés par l’ONU, pour leur malheur, les camps de réfugiés palestiniens.