vendredi 19 janvier 2007

Simone Veil et la loi « non écrite » : que vienne enfin le temps de la repentance

Dans son discours d’hier aux « Justes parmi les nations » reconnus par l’Etat d’Israël pour leur action salvatrice pour les Juifs menacés pendant la guerre, Simone Veil leur a adressé l’hommage selon lequel ils avaient obéi à une loi supérieure aux lois en vigueur.

Cela était très juste. Voilà pourquoi notre amie Rolande Birgy, la légendaire « Béret bleu », (appelée comme cela en raison de son unique coiffe) qui avait été honorée comme « Juste » en Israël, expliquait que c’est à la même motivation d’obéissance à la loi morale qu’elle obéissait en s’étant engagée dans la Résistance, en sauvant des juifs pendant la guerre, en résistant désormais à la culture de mort et en essayant de sauver des enfants à naître avec les équipes de prière de l’héroïque docteur Dor.

« Béret bleu » était également une militante du Front National, une fidèle de Saint-Nicolas du Chardonnet, une assidue de toutes les initiatives de « Chrétienté-Solidarité ». Elle avait naturellement adhéré au Cercle d’Amitié Française Juive et Chrétienne présidé par Jean-Pierre Cohen et moi-même.

Il n’y avait aucune contradiction chez elle dans ses différents engagements. Ce qui l’inspirait et dirigeait sa vie, c’était la fidélité à la loi morale supérieure à toute loi civile qui la contredirait.

Etrangement Jacques Chirac professe : « il n’y a pas de loi morale au-dessus de la loi civile ». Cette affirmation est très exactement celle que revendiquent tous les athéismes totalitaires, tous les régimes révolutionnaires, jacobins, communistes ou nazis, et toute la barbarie moderne.
Au contraire, la reconnaissance de la loi morale non écrite mais inscrite dans la conscience de tout homme juste, de tout homme de bonne volonté, est fondatrice de toute civilisation intégrale, de tout système politique respectueux de la dignité humaine.
Les fondements moraux de notre civilisation s’expriment en effet dès la Grèce Antique par la voix de la petite Antigone de Sophocle. Elle préfère mourir par fidélité à la loi non écrite plutôt que d’obéir à la loi tyrannique de Créon qui viole le respect de la loi morale inscrite dans sa conscience.

Le Décalogue, la loi écrite des dix commandements, dicté par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï, l’exprime et la résume pour les juifs d’abord, à charge pour eux de la transmettre à toutes les nations. Les textes de la Bible la développent. Le « Tu ne tueras point », qui fonde le respect de la vie innocente est un des impératifs majeurs de la morale de l’Ancien et du Nouveau Testament.

La dualité contradictoire de Simone Veil a quelque chose de poignant et de mystérieux : infiniment respectable dans son œuvre de mémoire des horreurs de la culture de mort nazie, comment a-t-elle pu par ailleurs accepter de donner son nom, après ceux de Jacques Chirac et de Valéry Giscard d’Estaing, à une loi opposée à la culture de vie ?

Madame Veil, monsieur Chirac, comment de surcroît se peut-il que les lois et les polices de votre régime puissent persécuter ceux qui crient vers Dieu pour que soit effacée cette loi de César qui envoie les enfants innocents à naître dans les crématoires des hôpitaux où l’on viole l’antique et fondamental serment d’Hippocrate : « Primum, non nocere », avant tout ne pas tuer !
Ne serait-il point temps pour que, pour vous aussi qui avez incarné l’Etat français, vienne le temps de la repentance ?