A l’émission Ripostes de Serge Moati sur le thème « Allons, enfants de la patrie », ce dimanche 21 janvier, Marine Le Pen a plaidé selon sa ligne habituelle, celle du vieux jacobinisme, contre le régionalisme et le communautarisme extra-européen, dénonçant notamment les dangers du bilinguisme français-breton.
Je suis en grand désaccord avec elle, quant à son propos anti-régionaliste, inquiet aussi qu’elle engage sur ce plan là encore le Front National. Personne, hélas, dans ce parti ne lui réplique, en tous cas jamais hors de la sphère privée, tant on se fait mal voir puis exclure lorsqu’on exprime publiquement des divergences comme cela a été notamment mon cas. Il faudra bien un jour envisager les choses autrement.
Pour ma part, le premier petit livre que j’ai édité en 1975, était celui du père Yves Salem, fidèle mistralien, « Le défi régionaliste »[1], et je demeure aujourd’hui encore partisan d’un régionalisme bien compris qui est pour moi le contraire des autonomismes destructeurs.
Le jacobinisme issu notamment de Jean-Jacques Rousseau, considérant qu’il ne devait pas subsister de corps social intermédiaire entre l’Etat et l’individu, a été éradicateur des corporations et compagnonnages, et autres institutions protectrices, avec la loi Le Chapelier et les décrets d’Allarde de 1791. Il a causé le déboisement social révolutionnaire, « laissant l’ouvrier sans défense face à l’exploitation patronale », comme l’exprimait le syndicaliste Léon Jouhaud. Il a institué « la liberté du renard libre dans le poulailler libre » selon la célèbre formule du père Lacordaire.
Les grands totalitarismes ont procédé de lui. Lénine et Trotsky l’ont exalté comme le modèle de la révolution russe, Hitler comme celui de la révolution nazie. Gardes Rouges bolcheviques, soviétiques et maoïstes, comme SA et SS hitlériens, ont été forgés sur le modèle de ces bras armés de « l’ordre nouveau » chargés d’incarner et de faire appliquer « la volonté générale » libératrice (toujours Jean-Jacques Rousseau). Giovani Gentile, le théoricien du fascisme de gauche, admirateur encore de la « Grande Révolution » répétait que « l’individu n’existe que par l’Etat, que pour l’Etat ».
Le problème n’est pas tant que le jacobinisme soit archaïque, la question n’est pas dans l’âge des doctrines mais dans celle de leur vérité. Or le jacobinisme procède de la haine du réel, de l’enracinement, familial, professionnel, provincial, national. Simone Weil et Gustave Thibon ont développé leurs réflexions sur cela, et après eux, le très grand penseur russe proche de Soljénitsyne, Igor Chafarévitch.
La France au plus haut de sa grandeur royale pratiquait le bilinguisme. Il fallut attendre les instituteurs normalisés de la gauche maçonnique pour punir les petits bretons, catalans, basques, gascons, provençaux et autres qui s’exprimaient dans le doux parler de leurs pères. Frédéric Mistral, Théodore Botrel, Charles Maurras, défendaient la diversité des langues et des cultures régionales comme autant de belles réalités constitutives du patrimoine français, non exclusives du génie plus universel de la France et du Français.
Je pourrais aussi développer, ce sera pour une autre fois, combien l’idéologie jacobine, hélas dominante dans nos diverses républiques, a eu des conséquences mortelles pour l’Algérie française.
En fait, l’essence du jacobinisme et des constructivismes et totalitarismes qu’il a enfanté, tient en la vieille et sinistre parole de l’Internationale : « Du passé faisons table rase ». On a lu ainsi dans son « Idéologie française », Bernard-Henri Lévy hurler sa détestation du pays réel, du pays charnel français. Raymond Aron le réfuta d’une manière cinglante.
La reconnaissance de réalité régionale à harmoniser avec celle des communes et de la nation, et au-delà d’une Europe des patries, me parait donc tout simplement l’exigence d’une politique réaliste.
Le problème n’est pas tant que le jacobinisme soit archaïque, la question n’est pas dans l’âge des doctrines mais dans celle de leur vérité. Or le jacobinisme procède de la haine du réel, de l’enracinement, familial, professionnel, provincial, national. Simone Weil et Gustave Thibon ont développé leurs réflexions sur cela, et après eux, le très grand penseur russe proche de Soljénitsyne, Igor Chafarévitch.
La France au plus haut de sa grandeur royale pratiquait le bilinguisme. Il fallut attendre les instituteurs normalisés de la gauche maçonnique pour punir les petits bretons, catalans, basques, gascons, provençaux et autres qui s’exprimaient dans le doux parler de leurs pères. Frédéric Mistral, Théodore Botrel, Charles Maurras, défendaient la diversité des langues et des cultures régionales comme autant de belles réalités constitutives du patrimoine français, non exclusives du génie plus universel de la France et du Français.
Je pourrais aussi développer, ce sera pour une autre fois, combien l’idéologie jacobine, hélas dominante dans nos diverses républiques, a eu des conséquences mortelles pour l’Algérie française.
En fait, l’essence du jacobinisme et des constructivismes et totalitarismes qu’il a enfanté, tient en la vieille et sinistre parole de l’Internationale : « Du passé faisons table rase ». On a lu ainsi dans son « Idéologie française », Bernard-Henri Lévy hurler sa détestation du pays réel, du pays charnel français. Raymond Aron le réfuta d’une manière cinglante.
La reconnaissance de réalité régionale à harmoniser avec celle des communes et de la nation, et au-delà d’une Europe des patries, me parait donc tout simplement l’exigence d’une politique réaliste.
[1] On peut le commander encore pour 5 euros franco de port, au Centre Charlier, 70 Bd St-Germain, 75005 Paris.