mardi 7 novembre 2006

Evêque, « qu’as-tu fait de ton frère ? »

La conférence épiscopale des évêques de France a placé en exergue des ses travaux la question rapportée par la Bible que Yahvé pose à Caïn qui vient de tuer Abel (Genèse 4/11).
Comme l’a commenté justement dans Présent Jacques Trémolet de Villers, on éprouve un certain malaise devant cette instrumentalisation de la parole de Dieu. Contrairement à la Bible, on ne sait pas en effet précisément à qui s’adresse la question. C’est devenu d’ailleurs un trait commun du langage ecclésial contemporain que de poser des questions sans que l’on sache exactement à qui elle s’adresse et sans esquisser de réponse.

Peut être les évêques voient-ils en tous leurs contemporains des émules de Caïn ?
En fait, s’attribuant les palmes du courage, ils se complaisent dans ces questions sans risque par lesquelles ils sont censés « interpeller » alors qu’elles sont d’une absolue vacuité ne désignant rien ni personne, ne suscitant qu’indifférence.
On attend par exemple toujours en vain qu’ils désignent concrètement les Caïns qui ont permis ou accompli le meurtre de tant de petits Abels dans le sein de leurs mères. Un seul d’entre eux, à notre connaissance,Mgr Centène, évêque de Vannes, a eu récemment le courage public de rappeler comme Antigone à Créon, qu’il y a une loi morale au-dessus des lois des hommes. Si les lois des hommes ne se conforment pas à celle de Dieu il n’y a plus alors que la violence du tyran même si celui-ci s’appelle « opinion ».

D’après ce que nous avons lu dans les compte-rendus médiatiques des travaux de la conférence épiscopale il semblerait que les évêques ne se soient pas adressée la question à eux-mêmes. Sans doute se pensent-ils exclus par nature de toute possible caïnisation !
Ce n’est pas notre avis. A l’épiscopat français dans sa continuité, dans sa quasi parfaite unanimité, dans sa conformité, depuis des décades, à cet épiscopat que nous allons donc appeler « Evêque de France » nous retournons ainsi la question de Yahvé à Caïn.
  • Evêque de France, qu’as-tu dit, qu’as-tu fait lorsque tes frères français d’Algérie furent massacrés, enlevés, torturés par milliers, tes frères harkis au nombre de deux cents mille, selon les cas, égorgés, dépecés ou enterrés vivants , ébouillantés ?
La vérité c’est que tu n’as rien dit, rien fait
  • Evêque de France, qu’as-tu dit, qu’as-tu fait depuis Vatican II devant le communisme horizon indépassable de l’esclavagisme moderne, avec ses goulags et ses laogaïs et les immenses exterminations

    La vérité c’est que tu n’as rien dit, rien fait
  • Qu’as-tu dit, qu’as-tu fait lorsque un génocide dans des sommets encore d’une indicible cruauté, semblable à celle qui fit le martyre de l’Arménie, a anéanti le tiers de tes frères cambodgiens ?

    Rien, toujours rien
  • Qu’as-tu dit, qu’as-tu fait alors que des milliers de tes frères chrétiens du Liban furent eux aussi atrocement massacrés dans le chouf ou comme à Damour livrés au pire dans une hallucinante hystérie de viols et de tueries dans les pires tourments ?
  • Evêque de France, qu’as-tu dit, qu’as-tu réellement fait comme Jean-Paul II et Benoit XVI pour t’opposer vraiment à la culture de mort, pour refuser les lois infanticides, pour aider, accueillir au moins, fraternellement, les militants pro-vie ?
  • Qu’as-tu fait pour tant de petits Abels – il n’y a pas de Caïn chez les bébés – broyés dans le ventre de leurs mères égarées ?

    Le plus souvent, rien . Ou si peu.
  • Qu’as-tu dit, qu’as-tu fait pour laisser libre dans notre Eglise la perpétuation du rite le plus universel du Sacrifice de la messe, pour que l’on ne prive pas nos peuples de la splendeur des liturgies grégoriennes comme doivent d’ailleurs être transmises les liturgies grecques, syriaque, slavones,coptes ou arméniennes …

    Le plus souvent tu t’y es opposé, facilitant souvent en revanche tant de divagations ou pire encore, étrangement silencieux après trop de profanations.
  • Qu’as-tu fait évêque, devant les abominables caricatures, dans la presse du veau d’or, du Christ en croix ?

    Absolument rien.
  • Evêque enfin, tu ne cesses de demander, sans battre ta propre coulpe, les repentances sans fin de notre Eglise, de notre Patrie, de notre civilisation.

    Le temps ne serait-il pas venu de te poser enfin la question de ta propre repentance pour tout ce que tu as fait dans tant de collaborations implicites ou explicites avec les barbaries de notre temps et plus encore pour tout ce que tu n’as pas fait pour tes frères en détresse ?