mercredi 13 août 2025

Les libres propos d’Alain Sanders : Une cathédrale retoquée « mosquée » et un terroriste étiqueté « journaliste » : la tragique dhimmitude de la « droite » médiatique » (la preuve par Le Figaro)…

Ayant cultivé une légitime (mais vigilante comme le demandait saint Thomas d’Aquin) eutrapélie en ce début du mois d’août, nous voilà de retour avec une actualité riche qui, elle, ne connaît pas de trêve, fût-elle caniculaire…

Deux événements récents – l’un accidentel, l’autre politique – viennent ajouter des preuves supplémentaires, s’il en était encore besoin, sur la soumission, nolens volens, de la « droite » médiatique – en l’occurrence Le Figaro – à une lecture d’extrême gauche de l’actualité (et de l’actualité sous toutes ses formes).

Premier sujet, l’incendie, la semaine dernière, de la cathédrale de Cordoue qui, fort heureusement, a rapidement été circonscrit par les bomberos espagnols (moins de 2% de l’édifice a été touché). Cet événement est ainsi annoncé dans Le Figaro du 12 août : « Comment la mosquée de Cordoue a été sauvé des flammes ». La « mosquée » de Cordoue ? Même les médias de gauche ont préféré parler de la « mosquée-cathédrale ». C’est encore abusif, certes, mais moins provocateur : cette ancienne mezquita n’est plus une mosquée depuis des siècles.

Rappelons qu’à l’origine, il y avait en ce lieu un temple élevé en l’honneur de Janus. Plus tard, au temps des Goths, une église sera construite sur cet emplacement, l’église Saint-Vincent (on peut en voir quelques vestiges dans la cathédrale). En 785, l’envahisseur Abd er-Rahman I rasera l’église. Pour installer une mosquée dont la construction sera achevée par son fils, Hisham I. Elle sera agrandie sous Abd er-Rahman II, Abd er-Rahaman III, Hakem II, Hisham III. Une mosquée gigantesque. Ostentatoire. Spectaculaire et, surtout, redisons-le, bâtie sur l’emplacement d’une église arasée par les musulmans.

En 1236, quand le roi Ferdinand libère enfin Cordoue, le bâtiment, placé sous l’invocation de l’Assomption de la Vierge, est purifié. En 1523, le chapitre érigea un maître-autel, un sanctuaire, une capilla mayor, au milieu du quinconce du monument islamique. 

Au moment où la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, ancienne église chrétienne du Ve siècle transformée en mosquée au XVe siècle par Mehmet II, puis en musée en 1934, est redevenue une mosquée, protégeons – et pas seulement contre les flammes – la cathédrale de Cordoue qui a effacé les heures plus sombres de l’Espagne aux liens.

Cordoue, qui a vu naître le poète Lucain, les deux Sénèque, saint Euloge, Juan de Ména, le poète Lùis de Gongora (créateur du gongorisme), les peintres Cespédes et Juan Valdès Leal, le général Gonzalve de Cordoue (le légendaire Gran Càpitan), possède une cathédrale symbole de la résistance chrétienne face aux envahisseurs mahométans, puis de la Reconquista. Elle doit le rester.

Second sujet, l’élimination par Tsahal d’un membre du Hamas, Anas al-Sharif, présenté par ailleurs comme « journaliste » d’al-Jazeera, la chaîne qatarienne islamiste. Dans Le Figaro du 12 août, cela donne : « Un journaliste d’al-Jazeera tué par Israël à Gaza ». A savoir un titre que l’on retrouve dans Libération, L’Humanité, RFI, BFMTV, France Info, etc.

« Journaliste » le jour, terroriste la nuit, ce Docteur Jeykil et Mister Hyde opportuniste… A la tête d’une des cellules de la branche armée du Hamas (il était membre de la sanglante Force Nukhba du bataillon Jabaliya Est du Hamas), il était notamment responsable des préparatifs des tirs de roquettes contre des civils israéliens et des soldats de l’État hébreu. Dans un communiqué, Tsahal rappelle : « Un terroriste avec une caméra reste un terroriste ».

Le journaliste Al-Sharif, au centre, dans les bras du tueur du Hamas Yahya Sinwar lui-même éradiqué depuis...

Des documents et de nombreuses photos (où on le voit dans les bras des plus hauts responsables du Hamas) ont été fournis à la presse internationale, à l’ONU, aux ambassades présentes en Israël, aux ONG (à plus de 90% anti-israéliennes). En vain. Le mot d’ordre (repris servilement par Le Figaro) est sans appel : « Un journaliste (sic) d’al-Jazeera  tué par Tsahal à Gaza »

Jérusalem, qui accuse al-Jazeera d’avoir « participé activement aux massacres du 7 octobre » et d’ « inciter à la violence contre Tsahal », a fermé – après les avoir perquisitionnés – les bureaux de la chaîne en Israël.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde », disait Marcel Camus. Parler de « mosquée » là où il y a cathédrale, et de « journaliste » là où il y a terroriste, c’est se plier et se soumettre à la propagande de l’ennemi.

Alain Sanders