· La véritable Sainte Russie pleure Alexeï Navalny assassiné au Goulag. Une mort dont Poutine ne se relèvera pas !
Soigné in extremis en Allemagne, il avait réchappé, entre 2011 et 2012, à un long coma consécutif à la tentative d’empoisonnement dont il avait été victime, comme plusieurs autres que le régime de Poutine n’aimait pas.
Alexeï Navalny a été ce jour rappelé à Dieu à l’âge de 47 ans dans l’effroyable Goulag près de l’Arctique qui a été sa dernière prison. Condamné à 19 ans de détention pour le motif ubuesque « d’extrémisme » (sic !), c’était désormais en réalité une peine de détention à perpétuité qu’il devait endurer, subissant de surcroît la peine d’isolement : 297 jours pour l’année écoulée ! C’est qu’il n’avait pas voulu poursuivre son combat pour la liberté de la Russie hors de sa patrie.
Et sans doute en choisissant, après sa convalescence, de revenir à Moscou, avait-il eu un reste d’illusion sur Poutine, l’illusion peut-être qu’il pouvait y avoir encore en ce dernier l’élégance élémentaire de ne pas abuser de sa puissance pour éliminer un loyal adversaire, un homme seul.
Peut-être n’avait-il pas voulu voir que Poutine n’était qu’un cobra, un tueur impitoyable, dépourvu de toute humanité, pas du tout gêné de multiplier à l’église les signes de croix.
En retournant en Russie, Alexeï Navalny n’avait fait que signer son inéluctable arrêt de mort après des années d’enfermement. Ô bien sûr, Poutine avait tenu à ce qu’Alexeï Navalny ne soit pas dispensé de procès très soviétiquement légaux. C’était d’ailleurs aussi la volonté de Staline que de maintenir de strictes apparences formelles de légalité comme dans les extraordinaires procès de Moscou voulus par lui et menés par le procureur Vychinski.
Cela s’harmonisait parfaitement avec les rituels de la Loubianka, les interrogatoires à l’infini, les tortures en quelque sorte codifiées et enfin la balle finale dans la nuque.
Certains avaient pu penser que Navalny pourrait être une sorte de Mandela russe.
Poutine ne voulait pas risquer cela. Il avait déjà eu trop peur avec Navalny, se souvenant de ce que ce dernier, soulevant de grandes foules, avait, malgré toutes les manipulations, récolté 27 % des voix (chiffre énorme étant donné le contexte) aux élections municipales à Moscou de 2011.
Poutine peut sans doute penser qu’il est aujourd’hui enfin débarrassé du plus dangereux de ses adversaires.
Bien sûr demeure encore en détention stalinoïde l’héroïque Vladimir Kara-Mourza, certes moins connu que Navalny mais ayant fait le même choix sacrificiel.
Aujourd’hui, c’est un ébranlement en profondeur dans la jeunesse russe que va entraîner la mort d’Alexeï Navalny. Poutine ne l’emportera pas en Paradis !
PS : le rappel à Dieu de Navalny intervient alors que se poursuit à Paris à la librairie des éditeurs réunis et du Centre Alexandre Soljenitsyne (11 rue de la Montagne Sainte Geneviève) l’exposition sur le cinquantième anniversaire de la parution de l’Archipel du Goulag, qui a entraîné la belle publication de morceaux choisis sous la direction de Georges Nivat (« L’Archipel du Goulag – cinquante ans après »).
· L’inquisition liberticide néo-communiste pas morte !
Lorsque, comme moi, on écoute le matin, par nécessité pour le devoir de répliquer les « informations » sur France-Inter, marquées par une constante de commentaires très gauchisants, on n’a pu qu’être stupéfait en apprenant l’ahurissante requête contre CNews de l’association Reporters sans frontières. Celle-ci, en effet, avait demandé à l’ARCOM (1) (ex CSA) de mettre en demeure cette chaîne de « respecter le pluralisme et l’indépendance de l’information ».
L’ARCOM, pourtant peu suspecte de favoritisme droitisant, fit part de son constat que l’association requérante n’avait pu pourtant établir la moindre ingérence éditoriale de M. Bolloré, principal propriétaire de CNews. Mécontente de cela l’association Reporters sans frontières a alors saisi le Conseil d’État.
Et celui-ci a annulé le 13 février la décision de l’ARCOM du 5 avril 2022, lui enjoignant de réexaminer dans les six mois la plainte de Reporters sans frontières. Ubuesque !
Dans la page « Débats et opinions » du Figaro de ce dernier jeudi, Jean-Éric Schoettl, ancien directeur général du CSA, a publié en réaction un article très percutant sous le titre : « CNews : après la décision du Conseil d’État, c’est à une véritable inquisition que l’ARCOM devra se livrer ».
Il écrit notamment : « Les exigences formulées par le Conseil d’État, par leur lourdeur et leur effet homogénéisant et démobilisateur, entraveront la liberté d’expression et la liberté d’entreprise dans le domaine audiovisuel ».
On extraira encore ces lignes de son commentaire de la décision liberticide du Conseil d’État :
« L’arrêt du 13 février porte en outre préjudice à un opérateur (CNews). Il fait peser une hypothèse sur sa pérennité. Il lèse son public. Il entrave sa gestion. Il compromet, ce faisant, la diversité de l’offre d’information audiovisuelle et nuit au pluralisme.
Singulier paradoxe pour un arrêt rendu au nom du pluralisme ! »
Évoquant enfin « la voix différente et parfois en effet dissonante que CNews a permis de faire entendre », Schoettl pose la question de savoir si le Conseil d’État entend la « bâillonner ».
Cela l’amène à ces trois lignes de pertinente conclusion : « Quant au Conseil d’État, son arrêt du 13 février, rapproché d’autres décisions récentes, conduit à s’interroger sur ses propres tropismes ».
Bien sûr. Et cette décision n’est-elle pas une nouvelle marque de la dérive de nos institutions vers la férule totalitaire d’une police de la pensée ?
Notons que l’archéo-léniniste Mélenchon s’est donc réjoui de l’arrêt d’un Conseil d’État agissant conformément à son idéologie.
· Badinter : contre la peine de mort et contre l’euthanasie, mais pas contre l’avortement !
Le 12 février dernier, trois jours après la mort de Robert Badinter, la psychothérapeute Marie de Hennezel, jadis longtemps proche de François Mitterrand, a évoqué pour le Figaro l’amitié et la convergence de ces deux hommes sur leur commune opposition à une loi d’autorisation de l’euthanasie.
Selon elle, Mitterrand « en mesurait les dangers, les dérives inévitables ». Il déclarait : « Je n’ai pas aboli la peine de mort pour la réintroduire sous une autre forme ». Il continuait : « Dans un pays démocratique, une loi ne peut sacraliser un tel droit ! … On ne va pas tout de même donner légalement à une profession le droit d’administrer la mort ! ».
Marie de Hennezel confiait que Robert Badinter était sur ce point en convergence avec Mitterrand.
L’ancien Garde des Sceaux ne lui avait-il pas dit avoir rappelé au président Macron « que la loi est faite pour le bien de tous, pas pour céder aux revendications d’un petit nombre d’intellectuels encore bien portants… » ?
Il lui avait exprimé sa certitude que « Macron ne légalisera pas l’euthanasie de mon vivant ».
Marie de Hennezel écrit : « Nous y voilà. Robert Badinter est mort. On le célèbre pour l’abolition de la peine de mort et on s’apprête à voter une aide active à mourir ».
On comprend son amertume.
Mais ce que nous ne comprenons pas, c’est que Mitterrand et Badinter n’aient apparemment rien trouvé à redire à la législation de l’avortement, pourtant cette très active façon de priver, en les tuant, de très nombreux bébés de leur droit de naître.
L’abolitionniste Badinter a sans doute épargné la triste guillotine à quelques criminels. Selon nous, la patrie aurait dû lui être bien plus reconnaissante si son abolitionnisme s’était manifesté en faveur de la vie des êtres les plus innocents qui soient : les enfants dans le sein de leur mère, supprimés par la culture de mort.
(1) Autorité de régulation de la communication