Bernadette de Lourdes a conquis Paris !
Une comédie musicale à gros budget et qui, depuis quatre ans, a rassemblé des dizaines de milliers de spectateurs dans la cité mariale : Bernadette de Lourdes, spectacle porté par une centaine de personnes et vingt-cinq artistes professionnels, était programmée à Paris pour cinq représentations exceptionnelles. Avant de partir en tournée dans les grandes villes de province. Et, dans deux ans, une programmation sur Broadway à New York.
Pour rien au monde, je n'aurais manqué ce « rendez-vous parisien » avec la petite sainte de Massabielle. Et d'abord parce que les gauchistes de Télérama ont dit du mal de cette comédie musicale ce qui est, a priori, un signe que l’œuvre est de qualité. Ensuite parce que notre Bernard Antony étant de la parentèle des Soubirous (« Soubirousses » comme on dit en Bigorre), on se devait cette visite de piété familiale. Enfin parce qu'une telle création, dans une France infidèle aux promesses de son baptême, mérite tout notre soutien.
Nous étions donc des milliers au Dôme de Paris, porte de Versailles, en ce samedi 23 septembre. Une majorité de gens venus en famille. Des garçons et des filles aux yeux clairs. Et de très nombreux compatriotes antillais. Tous portés par leur dévotion à la Sainte Vierge, à sainte Bernadette, à Lourdes.
L'une des forces de cette œuvre, c'est de s'appuyer sur les comptes rendus officiels des interrogatoires imposés à Bernadette. Ses confrontations avec le commissaire Jacornet, le procureur Dutour, l'abbé Peyremale. Et l'incrédulité de ce dernier avant de se rendre à l'évidence :
– Que t'a dit cette dame que tu appelles aquero (« cela » en gascon de Bigorre) ?
– Elle m'a dit : Que soy era Immaculada Conceptiou...
Calme et assurance de cette petite bergère de 14 ans face aux adultes qui la bousculent... Y compris ses parents, dépassés par les événements, son père menacé d'être jeté en prison par les autorités : il se tiendra aux côtés de sa fille sans faiblir (une des chansons du spectacle, N'être qu'un homme, dit bien, en ces temps de confusions « genrées » que sont les nôtres, l'importance du père dans une famille : « Sans un père, on n'est personne/On se perd, on abandonne »). Rappelons que l'accès à la grotte sera interdit – et le passage y menant gardé par l'armée – jusqu'en 1858 !
La mise en scène est de Serge Denoncourt. Les chansons, mises en musique par Grégoire, ont été écrites par Lionel Florence et Patrice Guirao. La chanson phare du spectacle, Madame, prend à chaque représentation le cœur des spectateurs : « Madame, vous qui m'avez choisie un jour/Pour répandre vos mots d'amour/Vous qui m'avez un jour élue/Je vous bénis et vous salue ».
Au final de la représentation, deux heures de civilisation et de communion, des applaudissements ininterrompus et, comme des lumières de vie, des centaines de portables allumés pour dire que Bernadette, qui n'a jamais plié devant les puissants et les méchants, doit nous servir d'exemple.
L'un des producteurs de cette belle entreprise, Roberto Ciurleo, indique : « Les liens qui nous unissent autour de cette œuvre sont très forts. Lourdes nous a tous retournés. Nous y avons découvert un monde à l'endroit, où les bien portants s'occupent des malades ». Un monde à l'endroit, en effet, dans un monde qui marche sur la tête... A signaler que, comme à Lourdes, l'accès des personnes handicapées – et elles sont très nombreuses à chaque représentation – est une priorité absolue.
Un dernier mot. Pour dire qu'on ne sort pas intact de ces deux heures d'intense émotion, de cette parenthèse presque inimaginable dans notre société déglinguée.
Alain Sanders
Les villes de la tournée entre le 25 novembre 2023 et le 16 juin 2024 :
Lille, Poitiers, Strasbourg, Rouen, Rennes, Nice, Genève, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Nantes, Reims, Amnéville, Amiens, Dijon, Orléans, Lyon, Marseille, Montpellier, Caen.