mardi 25 juillet 2023

Les libres propos d'Alain Sanders


Ukraine : une armée d'hommes libres face au stalino-poutinisme

Exceptionnellement, je ne puis que recommander le numéro du 25 juillet du Figaro. Avec sa remarquable double page : « Au cœur de l'armée citoyenne qui se bat pour libérer l'Ukraine du joug russe » ; et : « David Piguet, cet ancien officier français qui sert la cause de la résistance ».

Un mot d'abord de David Piguet. Ancien officier supérieur passé par l'Irak, l'Afghanistan et le Liban, ancien directeur de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), marié à une Ukrainienne (ils ont deux enfants), il a immédiatement rejoint l'Ukraine après l'invasion des Russes : « Le combat des Ukrainiens contre la Russie de Poutine est vraiment celui du Bien contre le Mal. J'ai choisi mon camp ».

C'est à Laure Mandeville, envoyée spéciale sur le front à Dnipro et reporter de guerre à l'ancienne, qu'on doit, aux côtés de David Piguet, une plongée au cœur de la 67e brigade mécanisée. Une brigade issue de l'ancien corps de volontaires ukrainiens (DUK-Parvyi Sektor) et aujourd'hui intégrée dans les forces armées régulières.

A l'origine, ces volontaires étaient membres de la branche paramilitaire du parti nationaliste Pravyi Sektor (1) engagés depuis 2014 au Donbass. Des « pros » de la chose armée ? Non : « La plupart de nos soldats sont des civils, qui reviendront à leurs métiers quand on aura chassé l'envahisseur. Des hommes d'affaires, des architectes... on a même eu un chanteur de l'Opéra de Paris, Wassyl Shipak, mort au combat ». A noter que ces soldats citoyens n'ont pas touché de soldes entre 2014 et 2022, ne dépendant que des dons de civils patriotes.

Les hommes de la 67e brigade mécanisée sont des idéalistes. Pas des rêveurs. Ils savent que l'un des principaux problèmes de l'armée ukrainienne sur le terrain (par delà les gesticulations géopolitiques internationales des uns et des autres), c'est le nombre. Comme à l'époque soviétique, les Russes peuvent déverser des centaines de milliers d'hommes arrachés aux peuples miséreux qu'ils tiennent sous leur joug. Un vivier inépuisable. De la chair à canon lancée dans la fournaise sans formation militaire, mais capable de faire masse. Pour les Ukrainiens, par ailleurs ménagers de la vie de leurs combattants, chaque perte compte.

 Laure Mandevile relève avec justesse que ces soldats citoyens incarnent « le phénomène de la nation cosaque qui prend les armes pour sauver le pays, à la manière des citoyens hoplites d'Athènes ». Elle ne manque pas de rappeler le rôle que jouent les femmes dans cette guerre face à l’envahisseur.

Comme naguère les femmes de l'armée insurrectionnelle (UPA) face aux Soviétiques, sous le commandement de Stepan Bandera. Rappelons que ces partisans ont été cachés dans les villages et les forêts jusqu'à la fin des années cinquante par les paysans ukrainiens. Descendant d'une famille de combattants de l'UPA, Iaroslav Koretchouk explique : « Comme à l'époque, c'est le tissu social ukrainien, dont Pravyi Sektor fait partie, qui est aux commandes de la résistance à la Russie ».

Nous avons connu ça en Croatie quand le pays s'est levé contre l'armée communiste yougoslave qui, au final, sera battue à plates coutures. Là, comme en Ukraine, c'est le tissu social, le petit peuple nationaliste et les volontaires du Parti du Droit de Dobroslav Paraga qui furent en première ligne à Osijek, Vukovar, Vinkovci, Bosanski Brod, Zadar, Mostar. Le temps que se constitue, face à l'armée yougo-communiste, une véritable armée croate. Za dom spremni et, plus que jamais, Slava Ukrayini !

Alain Sanders

(1) Des militants nationalistes et farouchement anticommunistes, acteurs (au prix de leur sang déjà : des dizaines de morts) de la révolution de Maïdan pour protéger le peuple des tueurs de l'homme-lige de Poutine, Ianoukovitch.