vendredi 17 mars 2023

Pour un Nuremberg du communisme, enfin ?

 

Ce titre, « Pour un Nuremberg du communisme, enfin ! », est celui d'un édito de Jean-Louis Thériot dans Le Figaro du 15 mars dernier. Nous le reprenons à un détail près : nous avons substitué au point d’exclamation figaresque de Thériot un point d'interrogation dubitatif. Parce que sur le sujet, à savoir le jugement nécessaire des crimes contre l'humanité des régimes communistes, nous avons déjà beaucoup donné (comme on dit familièrement) à Chrétienté-Solidarité.

Ainsi, le 9 novembre 1997, à l'appel et à l'initiative de Bernard Antony, étions-nous des milliers à la Mutualité à Paris. Pour un événement-témoignage qui, à l'époque, fut dénoncé par l'extrême gauche, la gauche, l'extrême centre, la « droite » (celle des amis de Thériot), comme « un rassemblement d'anticommunistes primaires hystériques » ( Le Monde du 11 septembre 1997).

Dans un roman de 1919, Colette demandait malicieusement : Comment l'esprit vient aux jeunes filles ? On pourrait se demander, nous, comment l'esprit vient – et vient si tard – aux libéraux qui, naguère, à l'époque où nous étions au charbon contre le mal absolu, étaient aux abonnés absents. Quand ils ne nous dénonçaient pas comme des malfaisants, aboyant de conserve avec la meute des Rouges et de leurs idiots utiles.

Jean-Louis Thériot est vice-président de la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale. Député LR de Seine-et-Marne, il fait partie de ce groupe informel de députés LR qui prônent un rapprochement avec Macron. On voit le gus...

De retour des pays Baltes, de Roumanie, de Pologne, de Tchéquie, Thériot découvre l’eau froide et qu'il fait jour à midi... Et donc que le communisme a sur les mains le sang de 100 millions de morts (au bas mot). 100 ans de crimes communistes, c'est le titre du documentaire (toujours disponible) réalisé – en 1997 – par Bernard Antony pour rompre le silence assourdissant autour d'un funeste anniversaire (1917-1997).

Apparemment, de ce grand meeting à la Mutualité du 9 novembre 1997 et de ce documentaire, Thériot ne sait rien lui qui vient nous dire, la bouche en cœur, façon neuneu du village, son regret « qu'il n'y ait pas eu une condamnation morale unanime du communisme sur le modèle de Nuremberg ».

Que n'était-il en 1997 – il avait alors 26 ans – avec ces milliers de personnes rassemblées à la Mutualité et qui, aux cris mille fois repris de « Communistes assassins ! », ont écouté des personnalités de tout premier plan (comme Pierre Clostermann, aviateur de la France libre) et les témoignages poignants d'anciens détenus du Vietnam, du Laos, du Cambodge, de Cuba, d'URSS ?

« On ne sait pas trop bien pourquoi le Nuremberg du communisme en 1989 n'a jamais eu lieu », écrit-il. Il ne le sait pas ? Vraiment ? Ou prend-t-il les lecteurs du Figaro pour des cruches ? Une caste dirigeante n'a jamais rompu – et c'est encore le cas quand on voit les soutiens au stalinien Poutine – avec le marxisme-léninisme. Une caste dirigeante qui, en France, continue de faire des gâteries à l'extrême gauche et appelle, en toutes circonstances, à voter pour un candidat communiste quand il est face à un candidat de la droite nationale.

Tout le reste – à commencer par le tardif réveil d'un Thériot – n'est que (mauvaise) littérature.

Alain Sanders