Je suis de ceux qui ont été très affligés, saisis par l’incompréhension, à l’annonce, il y a dix ans (le 11 février 2013) de l’abdication de Benoit XVI.
Car si au fil des années Joseph Ratzinger-Benoit XVI s’était de plus en plus avéré, auprès de Jean-Paul II, puis comme pape ensuite, un grand docteur de l’Eglise, on savait bien qu’il n’était pas tellement un homme de gouvernement et l’on pouvait supputer qu’il n’avait pas préparé sa succession comme le confirma la calamiteuse désignation au trône de Pierre du Cardinal argentin le jésuite Bergoglio devenant pape François.
La publication par ce dernier de son consternant Motu Proprio Traditionis Custodes, venant après l’expression de sa chaleureuse affection pour le sanguinaire dictateur cubain, Fidel Castro, après surtout « l’abandon-trahison » (expression du Cardinal Zen) de l’Eglise fidèle de Chine, me conduisit après moult réflexions à lui adresser une lettre ouverte largement distribuée et reproduite, et publiée dans la revue Reconquête (n°380 août-septembre 2021).
Avant d’abdiquer, non sans prendre le titre de « pape émérite », conservant ainsi la légitimité d’un magistère spirituel, intellectuel et moral, Benoît XVI qui eut à subir d’odieuses campagnes de dénigrement voire de diffamation, avait déjà marqué de toute son envergure spirituelle et philosophique la pensée catholique de notre temps.
Une œuvre considérable sur les rapports de la raison et de la foi et que viendront compléter ses écrits de pape émérite, notamment en mai 2017 pour soutenir le Cardinal Sarah sur les questions liturgiques ou en 2020 sur la défense du célibat sacerdotal. « Des profondeurs de nos cœurs. » (Fayard)
L’Eglise catholique a été diaboliquement entachée ces dernières années par les abominables affaires de mœurs que l’on sait ! Mais en revanche, comment ne pas observer non seulement que demeure un clergé fidèle mais surtout que, tant le clergé séculier que le régulier aspirent toute une élite de jeunes garçons et jeunes filles adeptes du catholicisme de conviction. Avec les obsèques de Benoit XVI, plusieurs conviés à s’exprimer ont pu témoigner de ce qu’il est pour eux à la fois un modèle de vocation et de vie et un maître spirituel et intellectuel pour l’acquisition des disciplines de la culture catholique.
Alors que les adeptes des déconstructionnismes théologiques et philosophiques ont chaque jour que Dieu fait, plus déconstruit, l’œuvre de Benoit XVI s’affirmera de plus en plus comme un magnifique outil de reconstruction et d’acquisition de la foi et de l’intelligence catholique pour notre temps.
